C’est désormais officiel. Un groupe de religieux, avec à sa tête l’imam Mahmoud Dicko, lance un mouvement politico-religieux. Ce, en violation flagrante de la constitution malienne et des injonctions de la Cour constitutionnelle.
L’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga avait prévenu que des religieux maliens jouent un rôle qui n’est pas le leur. La Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) a tenu ce samedi un meeting grandeur nature pour le lancement de ses activités.
L’immoralité de ce nouveau mouvement aux allures politiques réside dans le fait que non seulement il viole la Constitution qui interdit la création d’un tel regroupement politique à caractère religieux, car la République du Mali est laïque. Mais, il faut reconnaître aussi la duplicité de l’Etat central qui cautionne l’organisation et la création d’un tel mouvement. Il est impensable que l’Etat puisse envoyer des représentants, notamment les ministres Amadou Thiam et Thierno Hass Diallo, au lancement d’un mouvement pareil. Ce jeu trouble de l’Etat met en danger la forme laïque de la République et aura certainement des conséquences fâcheuses pour l’avenir. Autant décréter la République islamique. Tous les pays du monde qui ont fait l’expérience avec ces acteurs mi-figue mi-raisin ont fini par le regretter. Le cas des frères musulmans en Egypte est un exemple palpable.
Récemment, Soumeylou Boubèye prévenait que le dessein de ces acteurs qu’il qualifie d’hybrides est de s’immiscer dans la gestion des affaires publiques qui ne relèvent nullement de leur domaine de compétences. Aussi, l’ancien Premier ministre informait que les agissements de ces individus constituent une réelle menace pour la démocratie malienne et ses acquis. Il se souvenait aussi que les propos et les discours que ces hybrides tenaient au Mali en 2008 lors de l’adoption du projet de Loi portant code de la famille. Selon lui, ces discours n’avaient rien de religieux. L’histoire lui donne raison aujourd’hui.
Le danger pour le pays est la menace de sa forme laïque. Surtout quand Mahmoud Dicko affirme : « Ce sont les acteurs du 26 mars qui ont détourné les idéaux de la démocratie au Mali. »
Cependant, il oublie que la place d’un imam c’est à la mosquée. Quand il glisse dans la politique, il s’expose. Ils sont nombreux les observateurs de la scène qui se demandent comment un imam qui a une audience peut être écouté et suivi au delà de la mosquée et perçu comme homme d’État.
Maintenant, il ne reste plus qu’à lui souhaiter la bienvenue dans la jungle politique ! Aussi, le prévenir qu’ici, ce n’est pas une mosquée où on décide de qui doit croiser les bras et qui doit avoir la barbe la plus longue. Ici, on est dans un marigot souillé, où parfois les coups peuvent se perdre même vers le bas ventre.
Mariétou DOUCOURE
Source: Azalaï-Express