Dans un récit aussi consternant que choquant, le Vérificateur Général a révélé les dessous sombres de la dernière édition de la
Biennale Artistique et Culturelle de Mopti en 2023. Un rapport accablant, récemment rendu public, lève un coin de voile sur une gestion financière chaotique ayant abouti à la disparition de plus de 163 millions de francs CFA.
Cette biennale, initialement célébrée comme une célébration de la richesse culturelle et artistique du Mali, s’est transformée en un cauchemar financier, où les fonds alloués ont été dilapidés dans une série d’irrégularités et de pratiques douteuses.
Parmi les infractions majeures rapportées, on note le non-respect des procédures d’organisation, des paiements pour des services non rendus ou partiellement exécutés, et même des factures falsifiées. Le Ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du
Tourisme ainsi que les entités régionales impliquées ont été pointés du doigt pour leur rôle dans ce désastre financier. Les régies d’avances ont été mal gérées, les plafonds de disponibilités non respectés, et des procédures cruciales ont été ignorées. Des marchés non entièrement exécutés, des factures non conformes, voire même des fausses factures, ont été relevés, témoignant d’une gestion calamiteuse des fonds publics.
Cependant, le Vérificateur Général a transmis les dossiers au président de la section des comptes de la Cour suprême et au Procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako chargé du pôle national économique et financier. Cette transmission concerne la réception de marchés non entièrement exécutés à hauteur de 36 790 031 FCFA. S’y ajoute la justification irrégulière de dépenses pour un montant total de 5 200 000 FCFA ; de la justification de dépenses par des factures non conformes ; de la justification de dépenses par de fausses factures pour un montant total de 11 184 720 FCFA ; à la non-justification de dépenses s’élevant à 6 645 605 FCFA. Face à cette catastrophe financière, le Vérificateur Général a décidé de transmettre les dossiers aux autorités compétentes pour enquête approfondie. Les responsables impliqués devront rendre des comptes devant la justice pour la disparition de ces fonds. Dans l’attente des résultats de l’enquête, le Vérificateur Général a recommandé une réorganisation complète du processus d’organisation des événements culturels, avec des mesures strictes pour garantir la transparence et la légalité des opérations. Il est impératif que les responsables impliqués fournissent les rapports d’activités requis et restituent les fonds indûment dépensés. Ce scandale soulève des questions sur la gestion des fonds publics et souligne la nécessité urgente d’une surveillance plus rigoureuse et
d’une responsabilisation accrue des acteurs impliqués dans l’organisation de tels événements. Les artistes et la culture malienne méritent mieux que cette trahison de confiance financière, et il est temps que justice soit rendue pour ces actes répréhensibles.
Par Adama Coulibaly
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