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SBM La foi en la démocratie, le sens de l’Etat

Certains l’ont admiré, beaucoup admiré. Beaucoup l’ont contesté, avec un entrain certain. Tous, zélateurs comme détracteurs, lui reconnaissent en chœur une double qualité : le courage de la conviction et la ténacité politique. Du courage, le Monsieur en eut. Qui ne se souvient pas de cette séquence (inimaginable à l’époque) montrant un homme de 36 ans, à la silhouette frêle et à la voix presque feutrée, se tenant intrépidement debout face au Raïs Moussa Traoré pour l’interpeller sur les excès du pouvoir dictatorial ? Du sens de l’Etat, l’homme en était pétri. Qui n’a pas entendu plus d’une fois, dans les conversations, le nom du patron de la Sécurité d’Etat prononcer avec un ton admiratif pour le culte du secret et du mystère que SBM avait su instaurer dans les années 90 pour préserver les soubassements encore fragiles de l’Etat né de la démocratie ? De la persévérance et de l’endurance politiques à toute épreuve, celui que l’on surnommait le Tigre en a donné l’exemple à maintes reprises. Qui n’a pas en mémoire le film des multiples évolutions institutionnelles, des nombreux rendez-vous politiques et des événements électoraux marquants que notre pays a connus et dont le natif de Gao a été un acteur de premier plan ?

Sur quatre décennies, Soumeylou Boubèye Maïga aura été une figure saillante de la vie publique malienne à laquelle il a consacré tout son temps, toute son énergie et tout l’éclat de son intelligence. En lui a vécu une part d’âme de l’instinct salvateur de liberté qui, en mars 1991, a poussé des millions de Maliens à se dresser contre l’ignominie de la tyrannie. Avec lui a rayonné l’esprit du multipartisme et du pluralisme des idées dont la Constitution de 92 tire son essence. Chez lui, l’exercice de la politique et la raison d’Etat ont formé la boussole de son engagement au service de sa patrie. Avec passion, SBM a servi son pays. Dans cette carrière presqu’exclusivement dédiée au Mali, a-t-il commis des erreurs ? Sans doute. Aurait-il pu mieux faire ? Certainement. Aurait-il dû éviter certains itinéraires dans la gouvernance et se distancier de certaines logiques dans la gestion de l’Etat ? Probablement. Mais, dans un univers politique semé d’embûches et de mines dévastatrices, “Boubèye” a eu le mérite de toujours affronter l’adversité avec panache et de défendre avec résolution sa philosophie de l’ « Etat fort mais équitable ». Une preuve supplémentaire de son grand courage politique a ainsi été sa détermination à faire primer le rôle des institutions étatiques sur le poids des influences individuelles ou corporatistes. Un positionnement qui, dans un Mali où l’Etat doit trop souvent composer avec de puissants corps religieux, lui a valu de redoutables feux de réprobation et d’inimitiés.

A 67 ans, SBM s’en est allé comme il a vécu : en guerrier politique redouté qui, même affaibli par la maladie, même en posture défavorable, a, jusqu’au bout, refusé de plier l’échine et est demeuré inébranlable sur le sens de la dignité.

MOHAMED MEBA TEMBELY   

Source: Les Échos- Mali

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