Le gouvernement de la transition, pour des raisons d’ordre public, a décidé d’interdire aux partis politiques toute activité. C’était lors du Conseil des Ministres du 10 avril 2024. Un coup dur pour les partis politiques qui avaient commencé à donner le ton pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel avec l’organisation au moins de la présidentielle.
S’ils ont eu le courage de dénoncer la prorogation de la transition, ils ont par ailleurs manqué de solidarité et de soutien alors que des actions en justice sont initiées contre des partis politiques par le Contentieux de l’État demandant leur dissolution. Il s’agit des procès contre le parti Sadi et le PSDA dont les présidents sont actuellement en exil.
Aujourd’hui, les formations politiques sont en train de payer les conséquences de leur laxisme de défendre les valeurs de liberté d’expression, de réunion et de pensée dans notre pays arrachées au prix de l’ultime sacrifice en mars 1991. Celles-ci sont aujourd’hui menacées.
En effet, face aux actions en justice contre les deux partis, aucune formation politique n’a officiellement protesté contre ces initiatives judiciaires jugées liberticides dans un pays où les autorités ont entamé des reformes importantes, disent-elles, pour le bien-être de la population. Dans ces affaires, les responsables politiques, au lieu de défendre les valeurs et les convictions, se sont plutôt préoccupés par leur intérêt. Rien à dire, les partis Sadi et PSDA ont été abandonnés en plein vol.
La preuve, la Ruche a davantage brillé dans son omerta en refusant de commenter, le mardi 30 janvier lors de la présentation des vœux à la presse, les actions en dissolution du parti Sadi et du PSDA au motif que les dossiers sont pendants devant la justice.
Ce jour-là, le président de l’Adema, alors chef de l’Office du Niger, a tenté de cacher son manque de courage, de donner son point de vue sur cette question en évoquant la raison fallacieuse selon laquelle l’affaire est en cours de traitement dans les juridictions. Une véritable fuite en avant de l’Adema-PASJ qui dénote visiblement son manque de courage à défendre les valeurs et les principes démocratiques malgré son statut de parti pionnier.
« Ces affaires sont devant la justice. Je me réserve de me prononcer sur les dossiers pendants devant la justice », a laconiquement répondu le président Abdel Karim KONATE, alors que son parti est une figure de la lutte pour l’avènement de la démocratie qui consacre la divergence d’opinions et de pensées. Cependant, pour une formation qui se veut sentinelle de la démocratie, il est aberrant qu’elle continue de garder l’omerta sur des manquements aux valeurs et principes de ce mode de gouvernance.
À l’image de l’Adema, ces deux partis politiques sont lâchés par les autres formations politiques. Aujourd’hui, c’est leur rôle d’être soumis aux mesures de restriction. Si les partis politiques s’étaient mobilisés pour apporter leur soutien aux deux partis menacés de dissolution, il est probable que les autorités n’allaient pas prendre cette mesure de suspension de leurs activités. Comme on le dit, c’est l’union qui fait la force. Tant que nos partis politiques évolueront en rang dispersé, ils seront victimes du diktat des autorités.
PAR SIKOU BAH