Sachant que le plan exhaustif de redéploiement des forces nationales de défense et de sécurité reconstituées n’est pas achevé, les Nations unies mettent la pression sur l’Etat Mali pour le déploiement de l’administration dans les régions du nord et centre. Et pourtant, le déploiement de l’armée doit précéder celui du corps de l’administration.
Les Nations unies ont rendu public leur dernier rapport sur la situation du Mali. Dans ce document, l’ONU interpelle l’État malien sur la présence et le fonctionnement de l’administration publique dans les régions du nord et du centre du pays. Ces zones sont en proie à l’insécurité depuis des années avec des attaques terroristes contre des cibles militaires et civiles. Les différents rapports et l’organisation onusienne font eux-mêmes état de plus d’une hausse du nombre de victimes civiles cette année.
Ainsi, pendant le dernier trimestre, de juillet à octobre, 331 attentats ont eu lieu, au cours desquels 367 civils ont été tués, 221 blessés, et 63 enlevés, ce qui traduit une légère augmentation du niveau de la violence par rapport à la période précédente (245 attaques au cours desquelles 333 ont civils tués, 175 blessés et 145 enlevés).
En dépit de cette situation, les Nations unies estiment que la progression du déploiement de l’administration est faible. Ainsi, l’ONU rappelle dans son rapport que le pourcentage d’administrateurs civils présents dans leur lieu d’affectation au nord et au centre du Mali est passé de 31 % à 27 % (67 % pour les gouverneurs, 53 % pour les préfets et 17 % pour les sous-préfets), essentiellement du fait de l’insécurité. Alors, tout plaidoyer des Nations unies doit porter sur la couverture militaire du territoire national avant toute autre pression. Ainsi, toute autre approche contraire serait de mettre la charrue avant les bœufs ou de minimiser le risque de ce déploiement sans la présence de l’armée.
Certes, l’administration doit être présente sur l’ensemble du territoire, mais son déploiement dans les zones d’insécurité comme au Nord et au Centre doit respecter des préalables. Il s’agit notamment de la création de conditions sécuritaires acceptables afin de permettre aux agents de travailler. Malheureusement, le plan exhaustif de redéploiement des forces nationales de défense et de sécurité reconstituées, qui doit prendre en compte ce souci, n’est pas encore achevé. C’est d’ailleurs sur ce point que l’ONU doit taper le poing sur la table afin que les lignes bougent. L’administration ne fonctionnera pas à hauteur de souhait avec des agents qui travaillent sous le ‘’qui-vive’’.
La faible présence de l’administration dans le Nord et au Centre est beaucoup liée à l’insécurité comme il a été plusieurs fois rappelé par les responsables des différents syndicats des administrateurs civils. En reléguant cette préoccupation au second plan, l’on se soucie peu de la vie de ces travailleurs qui continuent d’être la cible des attaques, à l’image du cas dernier cas en date, celui du préfet d’Anderaboukane, Moussa DIALLO. Ce dernier a été attaqué par des groupes armés et a reçu une balle au thorax, il y a seulement deux jours. Son cas n’est pas inédit. Il témoigne le danger auquel des agents de l’État et autres travailleurs sont exposés dans ces zones, dans leur mission.
Par Sikou BAH
Source: Info Matin