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Sans Tabou: rapport de BVG, la justice saisira-t-elle enfin la balle au rebond ?

Depuis plus d’une décennie, le Bureau de vérificateur général mène des missions de vérification dans les services publics et les collectivités dans lesquels il décèle, après chaque enquête, plusieurs milliards de FCFA d’irrégularités. Au-delà de la vérification, les autorités judiciaires doivent engager une procédure contre ces soupçons de détournement et de corruption.

 

Le rapport 2020 du Vérificateur général, Samba Alhamdou BABY, remis, le mardi 12 octobre, au président de la Transition témoigne en partie l’ampleur présumée de la corruption au Mali. Seulement en 12 missions de vérification, ce rapport constate de nombreuses irrégularités de gestion des deniers publics, dont le montant s’élève à plus de 17 milliards de FCFA.
Ce document est publié alors que les nouvelles autorités de la Transition sont engagées dans une croisade contre la corruption. Avec plus de 180 pages, ce rapport est le résultat de 22 missions de vérification et d’évaluation de politiques publiques qui ont concerné de nombreux services de l’État et des collectivités. Les périodes de vérification s’étalent de 10 avril au 30 décembre 2017 et du 2 janvier 2018 au 22 avril 2019 dans certains cas.
Les natures des irrégularités de vérifications financières évoquées dans le rapport sont entre autres : la non-tenue des documents de la comptabilité matières ; la mauvaise ou non tenue des pièces comptables ; le non-respect des règles régissant la gestion de la trésorerie ; l’inobservation de préalables à l’entrée en fonction des Régisseurs ; le non-respect des cadres organiques ; l’inexistence de manuels de procédures administratives, comptables et financières validés et/ou à jour.
Des faits souvent insolites de corruption sont rapportés par les différents rapports d’enquêtes.
Malgré les dénonciations, on constate que l’ampleur de la corruption ne s’affaiblit pas comme en témoigne encore ce dernier rapport du Bureau de vérificateur général. Les faibles ressources de l’État continuent d’être déviées pour d’autres fins.
Conséquence : les efforts de développement du pays prennent un sérieux coup.
En effet, la lutte contre la corruption doit aller au-delà des enquêtes, des intimidations. Après les missions de vérification, il faut un véritable et réel engagement politique, afin que les faits dénoncés soient déférés devant la justice pour la traque des délinquants financiers. Malheureusement, selon de nombreux constats, le travail du Végal pèche au niveau de la justice où peu de faits dénoncés ont connu une suite judiciaire. Or, un véritable combat contre le gaspillage, le détournement de fonds ne se gagnera pas que dans les rapports. Il faut que la volonté politique accompagne et encourage la justice pour que les initiatives aillent jusqu’au bout.
Les problèmes de notre pays en partie dû à la corruption ne disparaîtront pas comme par magie. L’État doit s’assumer et agir par conséquent. Plus de chèque en blanc pour les personnalités politiques, les opérateurs économiques qui tirent leur gloire, leur palmarès des détournements des fonds publics.
Sans cette rigueur dans la traque à la mauvaise gestion, on a l’impression que la lutte contre la corruption est plus un grand bluff qu’une lutte sincère contre cette pratique qui fait perdre déjà à l’État malien des milliards de FCFA par an.

Par Sikou BAH

Source : Info-Matin

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