À la faveur d’une interview à RFI et France 24, le président IBK a confirmé, à Addis-Abeba, la possibilité de dialoguer avec les chefs djihadistes, en occurrence Iyad Ag GHALY et Amadou KOUFFA. Si la nouvelle position du président IBK est différemment appréciée dans le milieu des organisations des droits de l’homme, il n’en demeure pas moins que la solution de la lutte armée en cours, depuis six ans peine à produire ses effets.
L’ONG Human Rights Watch a appelé le lundi dernier le gouvernement malien à mettre fin à la quasi impunité des groupes armés islamistes et d’autodéfense communautaires, responsables l’an dernier d’un nombre record d’atrocités qui ont coûté la vie à plus de 450 civils dans le centre du Mali.
«À travers la région centrale du Mali, des groupes armés tuent, mutilent et terrorisent des communautés, apparemment sans craindre de devoir rendre des comptes», a déclaré Corinne Dufka, directrice de Human Rights Watch pour l’Afrique de l’Ouest, cité dans un communiqué. «Le bilan humain en vies détruites s’alourdit à mesure que se répètent les cycles mortels de violence et de vengeance», a-t-elle ajouté.
Depuis leur apparition dans le nord du Mali en 2012, les violences djihadistes se sont propagées vers le centre du pays et au Burkina et au Niger voisins, malgré la présence des forces françaises, régionales ou de l’Onu.
Alors que les organisations des droits de l’homme appellent les autorités à mettre fin à cette impunité des réseaux criminels, le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keita revisait sa position et celle de son pays vis-à-vis des responsables jihadistes.
Le chef de l’État a justifié sa position de négocier avec les chefs jihadistes par une volonté de restaurer la paix. Selon IBK cette position est une émanation des recommandations de la Conférence d’entente nationale et du récent Dialogue national inclusif tenu en décembre dernier. Sa déclaration intervient après que cette hypothèse de dialogue ait été défendue par d’autres Maliens, mais sans succès.
Dans une interview accordée à la chaine Qatari Al-Jazira, le journaliste avait évoqué la résolution de la Conférence d’entente nationale qui propose de négocier avec Iyad Ag GHALY et Amadou Kouffa. La réponse du président IBK a été catégorique : « Non ! La conférence n’a pas réclamé cela. C’est les propos d’un intervenant, cela n’a pas été suggéré par la conférence. On ne peut pas considérer cela comme un acte de la conférence ».
Aussi, dans une interview accordée au journal le Monde Afrique, en février 2018, en répondant à la question d’un éventuel dialogue avec les jihadistes en cas d’échec de la lutte armée, IBK allait tenter de négocier avec les mouvements djihadistes. Là encore, la réponse du président a été un non ferme. Cependant, a-t-il ajouté : « certains sont venus à nous. Un petit groupe du Front pour la libération du Macina s’est récemment rendu, avec armes et bagages. Ceux qui n’ont pas de sang sur les mains pourraient avoir la vie sauve ».
Au moment où la thèse du dialogue fait de plus en plus son chemin, le commun des Maliens s’interroge. Au cas où les terroristes acceptaient la main tendue du président de la république que sera le sort des victimes ?
La Directrice de Human rigth watch invite les autorités maliennes à s’assurer que les groupes armés soient tenus de rendre des comptes. Pour Human rigth watch, le gouvernement et ses partenaires occidentaux doivent déployer beaucoup d’efforts pour poursuivre les responsables des crimes en justice et démanteler les groupes armés auteurs d’exactions.
Mais pour les observateurs, l’essentiel est de parvenir à la paix qui préserve les vies humaines qui permet aux Maliens de retrouver le vivre ensemble d’antan. Le reste, on le gère entre Maliens.
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin