Depuis 2013, la lutte contre le terrorisme mobilise toute la communauté internationale autour du Mali, pour la restauration de l’intégrité de son territoire, le retour de la paix et de la réconciliation nationale entre l’ensemble des fils du pays. Malgré les efforts déployés, les forces sur le terrain ont du mal à avoir raison des ennemis de la nation. C’est au milieu de ce tourbillon que le Mouvement national de libération de l’Azawad a tenu, du 30 novembre au 3 décembre, son 4e congrès, à Kidal.
Ce congrès a tenu toutes ses promesses, puisqu’ayant mobilisé les partenaires de la communauté internationale, à travers la MINUSMA, les organisations partenaires (HCU, CMA), des hommes politiques du Mali, des congressistes venus des pays voisins (Burkina, Niger, Mauritanie). Des invités se recrutaient également parmi des Européens, des Asiatiques… Aussi, des observateurs font-ils cas d’un remarquable ballet aérien, en ce sens que plusieurs avions auraient fait la navette entre Bamako et Kidal et d’autres destinations dans la sous-région et au-delà, pendant ces quatre jours de congrès.
Au titre des recommandations de ce congrès, qui a vu la réélection de Bilal Ag Acherif comme Secrétaire général du MNLA pour un mandat de trois ans, les congressistes ont dénoncé le ‘’silence et l’indifférence de la médiation internationale qui, en dépit de la signature en Octobre 2018 à Bamako, d’un Pacte pour la Paix entre les Nations Unies et le Gouvernement, censé diligenter la mise en œuvre de l’Accord, se limite à des déclarations sans effets ».
Dans le cadre de l’organisation interne du mouvement, ils ont recommandé la relecture et l’actualisation des textes statutaires et réglementaires du mouvement en harmonie avec les réalités actuelles du Mouvement; une réédification de la politique de défense et de sécurité du mouvement, en tenant compte des configurations des réalités des fléaux existants ; une réorganisation de l’outil de défense et de sécurité à la hauteur des défis existants et son adéquation aux contraintes liées à l’insécurité grandissante sur le territoire, sans oublier le renforcement et l’extension des zones militaires du Mouvement en moyens humains et équipements matériels afin de les rendre plus aptes à assurer la sécurité des personnes et des
biens.
Au titre de la mise en œuvre de l’Accord, les congressistes ont salué les efforts récents de la médiation et de la communauté internationale pour ramener les parties à la table des discussions en vue de dépasser les blocages liés à la mise en œuvre de l’accord et expriment toute la disponibilité du MNLA, au sein de la CMA, à accompagner les efforts déployés.
Ils ont toutefois déploré les prises répétées de décision unilatérales par la partie gouvernementale, notamment celle qui a occasionné la suspension par la CMA de sa participation aux sessions du Comité de Suivi, ainsi qu’aux travaux du Dialogue national inclusif, avant d’appeler toutes les parties signataires à se conformer à l’article 65 de l’Accord pour la paix pour toute discussion portant sur les dispositions dudit accord…
Malgré ces recommandations pertinentes, il n’a nulle part été fait mention du ‘’terrorisme’’ ou ‘’des jihadites’’ qui écument actuellement le Mali et qui coupent le sommeil à tous les Maliens épris de paix, de liberté et de justice.
La remarque est d’autant plus pertinente qu’elle soulève des questionnements au regard de plusieurs considérations : la position même de Kidal face au phénomène, la situation sécuritaire générale préoccupante du pays, le niveau de mobilisation actuel de la communauté internationale au chevet du Mali et, enfin, les engagements pris par ce mouvement séparatiste à combattre le terrorisme, depuis l’intervention française au Mali, à travers la force Serval.
Pourquoi les responsables du MNLA ont volontairement ignoré ce terme au cours de cet important rendez-vous ?
En tout cas, le constat renforce la conviction de ceux qui doutaient encore de l’existence de complicités entre certains mouvements signataires de l’accord pour la paix et les groupes terroristes au Nord.
En tout état de cause, dans un carnaval de filous, le principe est clair : ‘’On ne dénonce pas son complice’’.
Par Sidi DAO
Source : Info-Matin