Comme pour régulariser une pratique détestable en matière de transparence, le gouvernement du Mali a choisi lors du Conseil des ministres du mercredi 27 mai d’assouplir les règles régissant les matières publiques relatives d’une part aux mesures de prévention et de riposte contre la maladie à Coronavirus et d’autre part dans le cadre de la mise en œuvre des actions humanitaires et le relèvement au profit des régions affectées par la crise sécuritaire. Cette décision ne permettra-t-elle pas l’ouverture d’un nouveau boulevard pour favoriser davantage la corruption, le favoritisme et le clientélisme dans notre pays ?
Le premier décret fixe le régime des marchés publics relatifs aux mesures de prévention et de riposte contre la maladie à Coronavirus et le second décret allège les conditions de recours à la procédure d’entente directe pour la passation des marchés publics, dans le cadre de la mise en œuvre des actions humanitaires et le relèvement au profit des régions affectées par la crise sécuritaire.
Pour enlever tout argument aux séparatistes, le gouvernement du Mali a initié depuis la signature de l’accord plusieurs programmes et projets. L’ensemble des initiatives gouvernementales ont été fusionnées sous SBM dans une approche unique (Stratégie de Stabilisation des régions du Centre et du Nord) et dans un moule unique appelé (Programme d’urgence pour les régions du Centre et du Nord).
Pour le gouvernement, il est vitalement urgent « de tout mettre en œuvre pour mettre en œuvre ce programme d’urgence pour les régions du Centre et du Nord ». Au moment où les séparatistes multiplient les provocations en prenant prétexte du retard dans la mise en œuvre de l’Accord, le gouvernement aurait judicieusement opté pour l’accélération des choses. Comment ? Il s’agit pour l’État de trouver des opérateurs capables de mener des projets identifiés dans les délais les plus courts possible. Toutes choses que l’application des règles strictes du le Décret n° 2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, modifié, portant code des marchés publics et des délégations de service public ne peut permettre. C’est pourquoi le gouvernement a choisi l’option SBM : passer par des ententes directes avec des opérateurs sur place en vue d’accélérer ces projets.
Selon des sources biens informées, il s’agit pour le gouvernement non seulement de s’affranchir des règles de bonne gouvernance pour se livrer à la magouille à ciel ouvert, mais pour prendre en charge la commande publique de manière rationnelle, efficace et efficiente. En français facile, pour faciliter et accélérer les commandes de matériels et équipements anti-coronavirus (respirateurs, tests, masques, solutions hydroalcooliques…), il faut, conseillent les spécialistes de l’ingénierie financière et des marchés publics du gouvernement, assouplir et réduire les longues et fastidieuses procédures pour permettre la conclusion rapide des marchés. Toutes choses qui ne sont pas prises en compte par le décret portant code des marchés publics et des délégations de service public. Comment exiger aux tailleurs qui fabriquent les masques à travers leurs faitières de passer par des appels d’offres ?
Donc, le nouveau décret permettra au gouvernement de passer par la procédure de l’entente directe pour faire face à l’urgence sanitaire et sécuritaire, mais aussi à la prise en compte du programme d’urgence du gouvernement pour les régions du centre et du Nord.
Les vannes sont-elles donc ouvertes pour boire et manger à satiété ? Que nenni ! explique-t-on ! En effet, non seulement les deux décrets seraient pris pour une durée limitée (celle de la crise sanitaire et sécuritaire), mais le gouvernement aurait toute de même assorti ces assouplissements de plusieurs conditions préalables qui garantissent un minimum de rigueur et de transparence. Pourvu que ce qui a prévalu à l’ouverture des vannes soit.
Affaire à suivre
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin