Si l’avènement du multipartisme démocratique au Mali a été suivi d’un foisonnement de partis politiques, plus de 200 répertoriés dans les registres de l’administration territoriale, ces formations politiques bien qu’émargeant au budget national peinent à s’imposer sur l’arène nationale, à travers le pays. Les listes de candidatures aux législatives de mars prochain montrent une grande disparité entre les partis politiques, dont la majorité est abonnée absente à l’intérieur du pays.
La Cour constitutionnelle a proclamé, cette semaine, la liste provisoire des candidatures validées pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale, scrutin du 29 mars 2020. Sur les listes présentées, un constat important se dégage : sur plus de 200 formations politiques, seulement une vingtaine prenne part à ces échéances électorales. Une situation aux antipodes de la raison d’être de ces partis politiques qui est de conquérir et exercer le pouvoir.
Au Mali, les partis politiques sont créés régulièrement, mais ont du mal à s’imposer sur l’arène politique, ce qui dénote leur faible présence lors des compétitions électorales. Ce constat confirme que la majorité des partis politiques n’existent que sur le papier. Présentement, moins d’une vingtaine de partis politiques siègent à l’Assemblée nationale.
Ce nombre pléthorique de partis politiques s’explique par le fait que souvent ces formations politiques n’incarnent aucune idéologie, aucune valeur, mais des hommes en quête d’ambitions personnelles. Le plus souvent, ces partis politiques fonctionnent comme des Groupements d’intérêts économiques ou des clubs électoraux sans aucune ambition réelle de conquérir le pouvoir et avoir droit au chapitre au sommet de l’État.
Dans toute démocratie, il existe un lien étroit entre la création de partis politiques et la participation aux élections en vue de conquérir et d’exercer le pouvoir. Cette participation aux élections a comme préalable l’implantation du parti, à travers le territoire national pour faire adhérer le maximum de militants.
Mais malheureusement, cet objectif qui consiste à servir l’intérêt général permettant aux partis politiques de s’implanter dans plusieurs localités du pays et avoir beaucoup de militants est presque nul au niveau des états-majors politiques de notre pays.
Aujourd’hui, la réalité sur le terrain prouve que beaucoup de partis n’ont pas de fiefs ni de militants qui partagent leurs idéologies. C’est pourquoi d’ailleurs au sortir de chaque élection, les taux de participations restent lamentablement faibles. Cela explique aussi le fait que les partis politiques, pour la plupart, ont démissionné de leur rôle d’éducation et de mobilisation des citoyens pendant les complétions politiques. De la mobilisation aux différents scrutins, à l’éducation citoyenne, les partis politiques maliens peinent à apporter une plus-value au jeu démocratique.
Il y a une perte de confiance dans le processus de démocratisation et une méfiance entre politiques et populations. En retour, c’est la disproportion entre les formations politiques présentes à l’Assemblée nationale et le nombre total des partis.
Beaucoup de partis font le tapage, à travers des communiqués et déclarations, mais au moment des élections ils deviennent invisibles.
Pour les élections législatives qui pointent à l’horizon, moins d’une dizaine de partis politique est présente sur l’ensemble du territoire, certains sont seulement dans quelques circonscriptions alors que plusieurs autres partis sont non partants.
Cette résignation des partis politiques à prendre part aux élections est un gâchis quand on sait que le pays compte plus de 200 formations politiques. En tout cas, il ne sert à rien d’avoir autant de partis politiques et qu’au moment des élections seulement quelques-uns présentent des candidats. Cette situation interpelle autant les autorités nationales que les responsables politiques qui doivent revoir les copies après trois décennies de parcours démocratique au Mali.
PAR MODIBO KONE
Info-Matin