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Sans Tabou: gouvernance, quelle alternative pour le Mali ?

Trois décennies de pratique démocratique, deux coups d’État militaires en moins de 10 ans. C’est l’image hideuse que livre désormais le Mali au monde entier et particulièrement à ses partenaires qui ont pourtant été nombreux à se bousculer aux portes du pays en vue de l’accompagner. À qui la faute ? Au moment où les forces vives de la nation se mobilisent pour tenter de tracer une nouvelle voie pour la mère patrie malade, il n’est pas superflu de jeter un regard rétrospectif sur quelques maux qui ont conduit à l’effritement du pays des démocrates convaincus et sincères.

 

Qu’est-ce qui arrive au Mali, berceau des grands empires en Afrique ? Ce Mali, pourtant qualifié par les maîtres de l’Occident modèle de démocratie sur le Continent dans la décennie 1990-2000, est devenu, depuis quelques années, la risée du monde entier. Il se fait remarquer, depuis peu, par ses faibles taux de vote lors des différentes élections (présidentielles, législatives et municipales) signe d’un manque terrible de confiance entre gouvernants et gouvernés, avec une moyenne nationale entre 18 et 35 %.
L’un des signes distinctifs de ce Mali malade est également la mauvaise gestion des biens de l’État et la corruption à ciel ouverte dans tous les domaines. Les affaires de l’avion présidentiel, des équipements militaires ou des hélicoptères cloués au sol sont passées par là.
Dans le Mali des démocrates convaincus et sincères, la transparence est devenue une denrée rare, malgré la mise en place de multiples structures de contrôle ayant fait leurs preuves, à travers le monde (le Bureau du vérificateur général). Qui ne se rappelle pas de l’affaire des 700 milliards détournés en 12 ans (2005-2017) au Mali dénoncée par les bailleurs du pays ? En effet, suite à un rapport d’audit en 2019, des partenaires reprochent aux autorités nationales la mauvaise gestion de plus 700 milliards sur 12 ans. En dépit des apaisements donnés par le Premier ministre Boubou Cissé, aucune réponse n’a pu étayer ces accusations, jusqu’à la chute de l’homme fort de Sébenikoro.
Qu’en est-il de l’autorité de l’État ? Elle va à vau-l’eau. En 2014, conscient de ces maux qui nécrosent le pays, le président IBK a fait voter la loi N° 2014-015 du 27 mai 2014 portant prévention et répression de l’enrichissement illicite. Cette loi est accompagnée par un décret d’application. Une autorité administrative indépendante : Office Central de Lutte contre l’Enrichissement illicite est créée.
« Cette loi dort tranquillement dans les tiroirs à cause de son application très timide, voire quasi inexistante. Tous les corps sociaux visés par cette loi et qui ont l’obligation de faire une déclaration de biens à la prise de service comme en fin de mandat ont pour une large part boudé cette loi et affiché un refus catégorique de s’y soumettre. L’impunité n’a fait que renforcer les autres tares de la mauvaise gouvernance », dénonce un magistrat à la retraite.
L’insécurité juridique, poursuit-il, soutenue par l’interférence des décideurs dans les affaires judiciaires et le refus de l’administration d’exécuter les décisions de justice ayant acquis l’autorité de chose jugée, le tout fondé sur une cupidité aveugle permettent de comprendre la méfiance des opérateurs étrangers à investir au Mali.
L’armée, symbole de l’intégrité territoriale a atteint un niveau de déconfiture jamais égalé dans l’histoire du pays. En 2012, une bonne partie du territoire national a été annexée par des narco-jihadistes. C’est une intervention de l’armée française qui a permis de stopper la progression de ces terroristes vers la capitale Bamako. Depuis, notre pays est une nation handicapée, dont plus de la moitié du territoire échappe au contrôle des autorités. C’est dans ce tohu-bohu qu’intervient le putsch du 18 août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keita qui finira par démissionner.
Au moment où les forces vives de la nation se mobilisent au chevet de la mère patrie malade, il sera aussi important de mettre sur la table certains de ces motifs de déconfiture du pays en vue de trouver les solutions idoines pour un nouveau départ. Sinon, selon des observateurs de la scène malienne, huit ans après la chute d’ATT en 2012, ce sont les mêmes causes qui ont poussé la population dans les rues dans un contexte sécuritaire très dégradé, entraînant également la fin du règne de son successeur IBK, le 18 août 2020.

Par Sidi DAO

Source : INFO-MATIN

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