Qui l’aurait cru ? Les autorités du Mali, qui avaient prédit le pire, en cas d’une contamination à large échelle de la maladie à Coronavirus, à travers le pays, sont déjà dans l’incapacité de faire face aux besoins des seuls personnels de santé à Bamako et Kayes avec seulement quelques dizaines de malades. Faute d’équipements adéquats, ce personnel, qui ne dispose que de son seul serment d’Hippocrate, est à bout de souffle, et menace d’abandonner les malades. Désormais, le commun des Maliens s’interroge sur la destination des fonds octroyés par les bonnes volontés dans le cadre de la lutte contre le COVID-19.
Vu l’urgence de la situation de la riposte contre le COVID-19, le Président de la République a décidé la mise en place d’une enveloppe initiale de six milliards trois cents millions (6 300 000 000) F CFA pour lutter contre la pandémie. Cette enveloppe imputable au budget du ministère de la Santé et des Affaires Sociales est ainsi répartie : épidémie et catastrophes : 300 000 000 FCFA ; achat de médicaments : 1 468 000 000 FCFA ; appui mis en place pour hôpitaux : 700 000 000 FCFA ; autres dépenses matérielles : 412 000 000 FCFA ; besoins nouveaux de services : 450 000 000 FCFA ; travaux de construction et bâtiments : 900 000 000 FCFA.
À cette disponibilité s’ajoutent les nombreuses contributions des bonnes volontés, depuis le lancement d’un fonds spécial du gouvernement contre le COVID-19, ce 30 mars 2019. S’il n’y a pas pour le moment un décompte officiel des fonds collectés, à la date d’aujourd’hui, plusieurs milliards de francs CFA été mis dans la cagnotte. Malgré tout, c’est la volonté qui manque le plus pour protéger un personnel de la santé en première ligne dans la lutte contre la pandémie du COVID-19. Un personnel, qui d’ailleurs a eu les encouragements du Président de la République le 10 avril dernier lors de son adresse à la nation.
Les problèmes sont aujourd’hui nombreux et s’accumulent malheureusement. Le syndicat des médecins du Mali (SyMeMa), dans un communiqué en date du 30 mars 2020 déplore le manque de moyens dans les structures sanitaires du pays. Cela, suite à la contamination d’un agent de la santé par la maladie à Coronavirus (Covid-19).
À Kayes, après la contamination du médecin-chef du Centre de santé de référence, Albachar Hamidou Dicko, à l’hôpital Fousseyni DAOU de la même ville, le syndicat multiplie les appels aux autorités face au manque d’équipement et à l’abandon du personnel de santé à lui-même. La situation, selon les sources syndicales, est d’autant plus préoccupante, que les échantillons de sang prélevés sur les patients passent souvent 72 heures sans être acheminés dans les laboratoires centralisés à Bamako faute de moyen de transport.
À Bamako, malgré les beaux discours sur les antennes radio et télé, des difficultés sont réelles : du suivi des personnes-contacts à la prise en charge des malades en confinement. Aussi, semble-t-il que les médecins qui font office de serveur de plats apportés par les familles à l’intention des patients finit de convaincre. Histoire de donner raison à ceux qui n’ont de cesse de critiquer la qualité des aliments servit aux patients en confinement dans nos structures de santé.
Que se passe donc réellement ? Où sont passés tous ces sous alloués par les bonnes volontés et les partenaires techniques et financiers ? Le gouvernement a le droit de patauger et même de piloter à vue, mais il y a des priorités qui n’attendent pas. Face à cette pandémie, il est impératif de hiérarchiser les priorités pour minimiser les dégâts. Personne n’a intérêt à décourager ce personnel de santé en première ligne dans la riposte contre cette pandémie qui fait des ravages, à travers le monde.
En fin de semaine dernière déjà, un affrontement par média interposé entre le Premier ministre Boubou Cissé, non moins ministre de l’Économie et des finance et le N°2 du gouvernement, Michel Hamala Sidibé, a largement fait le tour des réseaux sociaux. A l’origine, dit-on, la gestion du fonds COVID. Si les sommes affectées au fonds COVID sont régulièrement annoncées par le biais des médias gouvernementaux, il n’en est pas ainsi pour la gestion de ces sous frappés du sceau de l’opacité totale.
Par SIDI DAO
INFO-MATIN