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Sans Tabou: affaire TBM: le mauvais karma

Un journaliste en prison ! Cela doit provoquer une levée de bouclier non ? Mais voilà, depuis jeudi, suite à un tweet malencontreux, notre confrère Tiégoum Boubèye Maïga est emprisonné sans qu’on ne voie les confrères dégainer autrement que sur lui.

 

Notre confrère, le Doyen Tiégoum Boubeye Maïga (TBM), fondateur de La Nouvelle République, non moins ancien Dirpub de Les Échos et ancien conseiller à la Communication du président IBK a été placé sous mandat de dépôt et déféré, ce jeudi 9 janvier 2020, à la Maison centrale d’arrêt de Bamako après avoir passé une nuit à la BIJ.

Que reproche-t-on à TBM ?

Le lundi dernier 6 février 2020, après plusieurs commentaires sur les réseaux sociaux, Koulouba alerte l’opinion publique nationale et internationale sur un piratage momentané de son compte Twitter. Un Tweet « malencontreux » « malheureux », visait Donald Trump, le Président américain, et parlait de « État voyou » des USA et de « connerie » de sa décision de cibler deux personnalités iraniennes, dont le général iranien Qassem Soleimani, chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran. La présidence malienne, qui dit avoir informé Twitter, a promis l’ouverture d’une enquête pour démasquer.

Le mardi 7 janvier, Tiegoume Boubeye Maiga, l’ancien conseiller à la communication chargé des relations publiques à la présidence a reconnu être l’auteur du tweet controversé, et a expliqué les circonstances de ce tweet controversé et annoncé qu’il ne s’agissait ni de pirates ni de hackers, mais d’une « regrettable manipulation » et assure qu’il n’avait aucune volonté nuire. Il a fait plusieurs publications sur son compte tweeter personnel afin de dire qu’il s’est trompé suite à une erreur de manipulation. Une faute avouée est-elle à moitié pardonnée ?

Pas si elle touche les relations d’État, disent certaines sources proches du pouvoir qui disent que le Tweet de l’ancien conseiller à la Communication d’IBK sur le compte officiel de la présidence a failli envenimer les relations entre le Mali et les USA. Malgré plusieurs intercessions notamment des autorités religieuses, mis en mission, auprès des hautes autorités, révèlent certaines sources rapportées par des confrères, le dossier n’a pas été classé.

Convoqué mercredi à la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ), l’ancien Dircom à la présidence de la République est interrogé durant 24 heures avant d’être et mis sous mandat de dépôt sous les chefs d’inculpation de : « accès frauduleux à un système informatique » et « introduction frauduleuse de données dans un système d’information ». En clair, des infractions, qui relèvent, selon certains confrères, de la loi sur la cybercriminalité. Son procès est prévu pour le 4 février prochain.

Ni condamnation ni dénonciation

Côté réactions, c’est presque la jachère. En tout cas, les partis politiques ainsi que les associations de droits de l’homme si prompts à dénoncer les arrestations des journalistes n’ont pas donné de la voix. Quant aux associations professionnelles de la presse ont choisi de faire le service minimum. Qualifiant de « regrettable » le tweet « à l’origine de cet emprisonnement, suite à une plainte de la présidence de la république », elles se sont juste contentes simplement de regretter « l’inculpation de notre confrère, Tiégoum Maiga, le jeudi dernier ». Sur la base de la « faute avouée », si la profession plaide pour « la clémence », globalement, c’est le silence accusateur au sein de la profession. Certains confrères ont même choisi d’enfoncer partageant largement sur les réseaux un réquisitoire avant la lettre contre TBM (En taule, Tiégoum Maïga, en voulait donc à sa patrie) ou carrément de régler les comptes avec l’ancien Dircom de la présidence.

Comme s’il était désormais banni du cercle des journalistes, beaucoup estiment que l’affaire n’a rien de professionnel. Il s’agirait plutôt d’une activité politique dans lequel beaucoup de journalistes ne veulent pas se mouiller. Comme le rappelle souvent l’autre « chacun derrière son chacun ». Jugé sur cette loi des réseaux sociaux Tiégoum Boubèye Maïga, pour avoir été de ceux qu’ils l’accusent, est comme victime d’un mauvais Karma. Coupable de n’avoir pas été un confrère gentil et suffisamment chargé pour n’avoir pas été vigilant en tweettant. Aurait-il pu éviter la « bavure » ? Pour beaucoup, il aurait dû éviter de ce qui le dépasse.

Pour avoir bénéficié de la solidarité de la profession, dans plusieurs affaires judiciaires, plus que tout autre, info-matin est à même de comprendre ce que vit actuellement notre confrère Tiégoum Boubèye Maïga auquel il exprime toute sa compassion. Envers les confrères en maille à partie avec la justice, notre solidarité n’a jamais et ne sera jamais à géométrie variable. Un journaliste étant et restant journaliste, et au regard de tous les précédents dans la presse malienne, sans prôner une justice à deux vitesses, au-delà de « clémence » demandée par nos faitières, nous demandons la mise en liberté au moins provisoire de notre confrère en attendant son jugement.

Source : Info-Matin

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