La Journée du 08 mars a été célébrée dans un contexte très particulier, à travers le monde et au Mali, marquée par la propagation de l’épidémie du Coronavirus. C’est d’ailleurs tout le sens de l’annulation de la cérémonie commémorative de l’événement initialement prévue au Palais de la culture de Bamako. Si la grande cérémoniale a été annulée pour des raisons d’épidémie, il faut dire que les Maliennes ont raté l’occasion de manifester leur solidarité à leurs enfants consignés à la maison, depuis des mois pour fait de grève des enseignants.
Après l’annonce de l’annulation de la cérémonie symbolique de la Journée du 8 mars, les femmes du Mali ont rangé uniformes et bagages, pour vaquer à d’autres occupations. Pourtant, la Journée internationale des droits des femmes, comme son nom l’indique, est une occasion pour les femmes du monde entier pour réclamer des droits, notamment l’accès au service socio de base, dont l’éducation. Et nul n’ignore que ce droit fondamental pour les enfants en particulier est bafoué au Mali. Et pour cause, depuis trois mois, le Collectif des syndicats enseignants signataires du 15 octobre 2016 déserte les classes pour la non-application par le gouvernement de l’article 39 de son statut. Ce qui fait que les élèves des établissements du secondaire, du fondamental et du préscolaire publics ne vont plus à l’école. Ils sont ainsi sevrés d’un droit que la loi fondamentale même de notre pays leur concède.
Nous pensions que même en l’absence de la grande cérémoniale, cette Journée du 8 mars offrait un créneau aux femmes du Mali de lancer un cri de cœur à l’endroit des autorités nationales et des enseignants pour que les enfants reprennent le plus tôt possible le chemin de l’école. Mais rien n’y fut : aucun communiqué, aucune émission radio ou télévision, à l’initiative des femmes, pour dénoncer la privation aux enfants de ce droit fondamental. Les femmes du Mali, qui se disent mères de l’humanité, épouses… viennent donc de rater encore l’occasion de s’affirmer, de jouer leur rôle d’actrice de justice, de paix.
En tout cas, la déception est grande chez les Maliens qui avaient porté leur espoir sur les femmes pour marquer un tournant dans la crise scolaire qui n’a que trop duré au Mali, à l’occasion de la Journée du 8 mars.
Pour rappel, même hier lundi, le collectif des syndicats enseignants et le gouvernement se sont séparés sans arriver à un compromis dans gestion de la crise. Pire, les enseignants très remontés contre le gouvernement ont appelé à une marche pour ce 11 mars 2020. Autant dire que malgré, le recrutement en cours d’enseignants volontaires pour éviter la catastrophe de l’année dernière, la crise scolaire a de beaux jours devant.
Nous pensons qu’il est temps nos femmes leaders de lorgner du côté des pays voisins pour s’imprégner des exemples de leurs congénères, afin de marquer l’histoire moderne du Mali.
PAR CHRISTELLE KONE
INFO-MATIN