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Sans la date des élections : Le temps joue contre la transition

Deux (02) mois après la fin des Assises nationales de la refondation (ANR), les autorités maliennes n’arrivent toujours pas à se décider pour annoncer le délai de la transition. Alors qu’elles étaient censées fixer le peuple malien sur son sort. Sans ce délai, la déception est en passe de gagner la population.

 

Renvoyée aux Assises nationales de refondation (ANR) dont les travaux ont pris fin en décembre 2021 avec une batterie de recommandations pour poser les fondements d’un autre Mal, la date des élections marquant la fin de la transition demeure un mystère. Pourtant, les autorités de la transition, issues des évènements du 24 mai 2021, avaient informé le peuple malien et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) que la durée de la transition sera connue à l’issue des ANR. Certes, elles ont accouché  d’un délai de six mois à cinq ans. Mais deux (02) mois  après la tenue des ANR, les autorités de la transition traînent encore les pieds pour fixer les Maliens sur leur sort quant à la date des élections qui mettront fin à la transition, instaurée au lendemain du coup d’État du 18 août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Comparaison n’est pas raison. La junte militaire, qui a pris le pouvoir par les armes au Burkina Faso, le 24 janvier, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Elle a fixé le délai de la transition à trente (30) mois au cours desquels les reformes nécessaires seront faites pour doter le pays d’institutions crédibles et stables. Même si elle ne subit pas la même pression que les militaires maliens au pouvoir, la junte burkinabé a montré qu’elle n’est pas venue au pouvoir pour s’éterniser, mais pour redresser une situation. Mais au Mali, ce n’est pas le même son de cloche. Le peuple est toujours dans l’attente de connaître la durée de la transition. Alors que la fourchette est connue depuis les ANR.

Deux (02) mois après la fin des travaux des Assises nationales de la refondation et la remise officielle du rapport final au colonel Assimi Goïta, président de la transition, rien ne saurait justifié ce grand retard dans l’annonce d’un délai à la transition. Les négociations, engagées autour de la durée de la transition avec la CEDEAO, vont difficilement aboutir à un accord tant les positions sont inconciliables. De cinq ans à quatre ans, les autorités maliennes ont fait un pas. Mais cela n’est pas de l’avis de la CEDEAO qui souhaite voir la fin de la transition malienne au bout de douze mois ou de seize (11) mois. L’organisation sous- région, représentée par son médiateur, l’ancien président Goodluck Jonathan a quitté Bamako, vendredi dernier, sans obtenir un accord avec le gouvernement malien.

 

La déception au sein de la population

Si on a décidé de prendre notre destin en main avec toutes ses conséquences en violant notre propre engagement de dix-huit (18) mois de transition qui devrait normalement prendre fin en mars 2022, le jeu de cache-cache n’était plus de mise entre les dirigeants de la transition et le peuple malien, mais un langage de vérité pour faire sortir notre pays de cette situation honteuse. Le peuple malien ignore encore qu’après l’organisation des ANR en décembre dernier, on n’arrive pas à fixer la date des élections. Cette lenteur est en train d’inquiéter les uns et les autres quant à une réelle volonté des militaires à céder le fauteuil doré de Koulouba à un président élu au terme d’élections crédibles et transparentes.

Les autorités de la transition doivent savoir que sans le délai de la transition, le temps joue contre elles. Si les Maliens sont unanimes que sur le plan de la sécurité, l’armée monte en puissance, ce n’est pas le cas dans les autres secteurs. Sur le plan de la vie chère, les produits de grande consommation ne cessent de prendre l’ascenseur. La grogne sociale n’est pas loin de s’exprimer dans la rue. Que Dieu nous en garde ! Les nominations à des postes à responsabilité au Conseil des ministres et à l’interne dans l’administration publique ne reflètent aucunement la refondation mais la restauration. Des gens honnis et d’autres sans compétence sont parachutés à la tête des structures juteuses. Elles souffrent de népotisme,  de favoritisme et de clientélisme politico- ethnique. N’en parlons pas de la justice. La déception est grande aussi à ce niveau. La lutte contre la corruption est au point mort depuis la rectification de la transition, déclenchée après le 24 mai 2021. Après les premières arrestations liées aux scandales politico- financiers de l’ère IBK, le flambeau de la lutte contre le détournement des deniers publics s’est éteint au grand désespoir des Maliens. Et avec l’affaire de l’attribution des logements sociaux, le gouvernement de la transition a montré toutes ses limites objectives de tourner la page de la mauvaise gouvernance contre laquelle les Maliens ont fait chuter le régime d’IBK.

Autre déception, ce sont les modifications intervenues au niveau de la Charte de la transition adoptée en sptembre 2020 au cours de la concertation nationale. Elles ont donné lieu à un vote (120 voix pour contre 0) au niveau du Conseil national de transition (CNT) la semaine dernière. Elles concernent la suppression du nombre de ministres fixé à vingt- cinq membres et l’augmentation du nombre des membres du CNT. Ces modifications ont laissé perplexes les soutiens de la transition qui crient déjà à la trahison. Ils considèrent que cela permettra aux ennemis de la nation de faire leur entrée dans ces deux organes de la transition. Que de déception !

Le temps est venu de fixer les Maliens sur leur sort si les autorités ne veulent pas dilapider le capital de confiance de leurs soutiens à travers le pays au regard de la non satisfaction de certaines attentes urgentes et nombreuses du peuple malien.

Yoro SOW

Source : L’Inter De Bamako

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