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‘’Sans Détour’’/Polémique autour du CNT au Mali : quelle honte !

Bientôt deux mois, l’on traîne toujours pour la mise en place des membres du Comité national de la Transition (CNT). Pire, la clé de répartition soumise la semaine dernière aux acteurs concernés a provoqué de la polémique au sein de la classe politique, dont la majeure partie a décidé de boycotter le processus. Dans une déclaration, l’Alliance Ensemble pour le Mali «EPM» souligne : «L’EPM exprime son étonnement et ses inquiétudes en ce qui concerne la non implication des autres organes légaux de la transition, notamment le gouvernement dans la procédure de mise en place du CNT conformément à ses missions déterminées par la Charte de la Transition ; la large représentation des militaires au nombre de 22 au sein du CNT qui est l’organe législatif de ladite transition ; la faible représentation des partis politiques sachant bien que la période de la transition sera fondamentalement réservée aux reformes politiques et institutionnelles dans notre pays. »

«L’idéal aurait été que les acteurs du changement, dans le cadre des organes de la Transition, mettent en œuvre le changement. Oui, nous avons voulu être les principaux responsables de la Transition pour imprimer notre vision à la marche des affaires sans complexe et en toute légitimité. Dans cette optique et toujours en toute légitimité, le M5-RFP réclame, comme un dû, la présidence et le quart des membres du Conseil national de Transition… », a eu à réclamer Choguel Kokalla Maïga, président du Comité stratégique du M5-RFP et dont le mouvement se trouve également dans une position de boycott dudit conseil.

Quoi que l’on dise, une transition en Afrique provoquée par un coup d’État militaire reste, d’une manière ou d’une autre, une affaire de militaires quelque soit le compromis ou le consensus trouvé. Le cas du Mali peut-être encore plus spécial, dans ce sens que le pays a été bafoué et trahi par ces politiciens qui osent parler aujourd’hui de confiscation de pouvoir. Ils doivent se rappeler qu’en 1991, ce sont les militaires qui ont mis fin à un régime militaire dans notre pays et ont permis l’installation des civils au pouvoir, donc les politiciens.

Dix ans après, ces mêmes politiciens ont décidé de soutenir un militaire démissionnaire après avoir dirigé la transition de 1991-1992 (ATT), candidat indépendant à l’élection présidentielle et qui a été élu en 2002 sans parti politique, puis réélu en 2007 avant d’être chassé du pouvoir en 2012 par d’autres militaires encore. Ensemble, l’on n’a pu convaincre ces militaires à remettre encore le pouvoir aux mêmes politiciens pour retourner dans les casernes. Huit ans après, nous voilà dans la même situation.

Donc, ces politiciens devraient avoir honte de réclamer quoique ce soit pendant cette transition. Ils devraient aussi se ressaisir et assumer enfin leurs fautes. C’est à cause de leur manque de vision, d’initiatives pour le pays que nous parlons aujourd’hui encore de transition. Ils doivent être conscients de leur échec sur tous les plans. En 1991, après la chute de Moussa Traoré, peu de personnes souhaitaient revoir les militaires dans les affaires politiques de l’État.  Mais aujourd’hui, l’on assiste à une situation contraire. De plus en plus, le peuple devient favorable au pouvoir militaire. Cela veut bien dire que les politiciens ne convainquent plus et doivent forcément changer leur mode de gestion du pays.

Aujourd’hui, pour restaurer cette confiance auprès du peuple, ces politiciens doivent plutôt profiter de cette transition pour descendre sur le terrain à la rencontre de leurs bases, échanger avec les populations et élaborer par la suite des nouvelles visions inspirées des réalités de l’heure. C’est le seul moyen pour rompre avec les habitudes et mettre en place des nouvelles politiques de gestion. Malheureusement, c’est le CNT qui anime tous les débats comme si l’on est dans la logique de récompense. Tout bon politicien doit être plutôt un observateur pour la gestion de cette transition et non réclamer des postes.

Il serait bien plus sage de laisser aux autorités de la Transition l’occasion de s’assumer devant le peuple, jusqu’au terme des dix-huit mois consentis.  Et là, il ne sera question ni de M5-RFP, ni de EPM, mais plutôt de l’ensemble du peuple malien qui les jugera par leurs actes et sans complaisance.

Ousmane BALLO

Source: Ziré

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