Le Samôrô est une danse rituelle de Lofiné, village situé à 12 km au nord du cercle de Kadiolo, à 475 km de Bamako, dans la région de Sikasso. Il est dansé à l’approche de l’hivernage et sert d’invocation pour très une bonne saison agricole.
Il faut être un bon sportif pour danser le Samôrô. Le rythme est soutenu, les bras et les pieds sont en constants mouvements. À la limite, on dirait de la gymnastique mâtinée de bonne humeur. « C’est la danse des grands cultivateurs. Quand on n’est pas en bonne santé, on ne peut pas danser le Samôrô », lance fièrement Youssouf Sanogo, chef de village de Lofiné.
Cette danse est un rite séculaire. Elle sert de préparation du corps et d’entrainement pour affronter le nouvel hivernage. Le Samôrô tient lieu également d’invocation pour une bonne saison hivernale. À Lofiné, les premiers coups de daba précèdent chaque année le Samôrô.
La danse s’accompagne des sonorités de deux balafons et d’un bara, sorte de tambour sénoufo. Les danseurs forment, torses nus, jupes aux couleurs nationales autour de la taille et chasse-mouches à la main, une file indienne, dont la tête est occupée par le plus âgé du groupe et la queue par le plus jeune. « Quand on est en phase d’initiation, il faut rester derrière, pour apprendre du maître », explique le chef de village.
Le Samôrô ne s’accompagne pas de chansons. Il est composé de 12 pas de danse, venant originellement de chacune des 12 familles dont le village était composé. Pour connaître la signification de chaque pas il faut être un initié.
Le Samôrô se danse exceptionnellement quand le chef de village décède. Il en est de même lors de grandes cérémonies officielles, à la demande des organisateurs. C’est ainsi que le 15 février 2020, il a été dansé lors de la troisième édition du Grand Prix cycliste Nouhoum Danioko de Kadiolo, une initiative de Tiona Matthieu Koné, journaliste et fils de Lofiné.
Aujourd’hui, ce monument du patrimoine culturel de Lofiné se perd. À en croire le chef de village, la jeune génération éprouve du désintérêt face au Samôrô. « C’est une danse qui demande de l’énergie et de la vitalité. Et cela, les jeunes ne le supportent presque plus. Ils préfèrent danser de manière plus confortable ».
Malgré tout, Youssouf Sanogo garde espoir. Il aimerait voir un jour le Samôrô reconnu dans le monde entier. Après moult consultations des anciens, le prochain Samôrô aura lieu le 15 mai à Lofiné, date qui marquera aussi le début du prochain hivernage.
Boubacar Diallo
Journal du mali