Initié par l’Ong Wassa karité, en partenariat avec le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille ainsi que la Galerie de la réalité africaine, la seconde édition du Salon international du karité s’est tenue vendredi dernier (30 août 2024) au Musée national du Mali. L’événement a été rehaussé par la présence des groupements féminins, de nombreux départements ministériels, d’anciennes femmes ministres et parlementaires, des membres du Conseil national de la Transition (CNT) ainsi que de nombreux autres partenaires stratégiques. Ce salon se veut un espace unique d’échanges et de promotion pour cette filière stratégique ; un tremplin pour les investissements dans les entreprises locales majoritairement dirigées par des femmes.
Faire le bilan des actions menées avec les groupements de femmes partenaires et réfléchir en termes de perspective en tenant compte du contexte géostratégique et géopolitique du moment ! Tel était l’objectif visé par l’Ong Wassa karité en organisant la seconde édition du Salon international dédié à ce «produit symbolique dont la nature a gratifié notre pays». Cette seconde édition a vécu sur le thème «Karité du Mali, force naturelle, richesses mondiale». Une manière de mettre en évidence l’importance de cette «filière stratégique car contribuant au développement humain durable et à la sécurité alimentaire».
«Notre pays et les autres Etats membres de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) figurent parmi les plus grands producteurs de karité de l’Afrique de l’ouest. Pour l’intérêt des groupements des femmes productrices de karité, nous devons être ensemble pour une meilleure coordination des actions d’exploitation, de transformation, d’exportation, et de vente», a souhaité la présidente de l’Ong, Mme Diakité Mariam Koné. Dans son intervention, elle n’a pas non plus caché sa conviction que «notre souveraineté économique passe nécessairement par la valorisation de nos produits locaux», dont l’amende de karité et les produits dérivés.
On comprend alors pourquoi l’Ong Wassa karité est résolument engagée dans «le plaidoyer pour le beurre de karité, aujourd’hui très prisé dans l’industrie agro alimentaire, pharmaceutique et cosmétique». Un engagement qui a aussi besoin de soutien institutionnel, d’accords de coopération et non de la compétition entre les Etats membres de l’Alliance. «Le Mali possède presque la majorité des pieds de karité dans le monde, mais nous devons travailler ensemble dans la solidarité pour mieux avancer et surtout contribuer à l’économie, au développement durable de notre pays en créant des emplois pour le bénéfice de nos populations», a souligné Mme Diakité. Elle a remercié les départements ministériels présents ainsi que les associations dont l’expertise ont «permis de magnifier cette édition autour du beurre de karité».
«Les autorités maliennes ont lancé une vision de développement durable endogène axée sur la transformation et la valorisation des produits locaux. Cette approche vise à assurer la souveraineté du Mali en exploitant ses richesses, tout en favorisant l’émergence socio-économique du pays», a assuré M. Tidjane Diakité, représentant le ministre de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Il a ensuite mis en lumière l’alignement parfait entre cette vision et l’initiative du Salon qui «plaide pour le beurre de karité malien, un produit de plus en plus prisé dans les industries alimentaire, pharmaceutique, et cosmétique». De l’avis de M. Diakité, ce salon est «une opportunité de trouver des marchés durables et porteurs pour cette filière».
Bientôt de nouvelles applications du karité dans le domaine de la santé et du bien-être
Cette seconde édition a enregistré un panel animé par trois figures influentes dans le domaine du karité et de la recherche. Il s’agit de Mme Coumba Samboura, présidente de l’interprofession de la filière Karité ; Pr. Rokia Sanogo, directrice nationale de l’Institut national de recherches sur la médecine et la pharmacopée traditionnelle ; et Mohamed Dembélé, fondateur de l’entreprise «Karimode».
Dans son intervention, Mme Coumba Samboura a insisté sur la nécessité de structurer davantage la chaîne de valeur pour «maximiser les bénéfices» au bénéfice des producteurs locaux, les femmes en particulier. Pour sa part, Pr. Rokia Sanogo a inscrit sa communication dans une perspective scientifique en expliquant les vertus médicinales du karité. Elle a également mis en avant les recherches en cours pour explorer de nouvelles applications du karité dans le domaine de la santé et du bien-être.
Quant fondateur de l’entreprise «Karimode», Mohamed Dembélé, il a partagé son expérience en tant qu’entrepreneur en mettant en avant les innovations dans la transformation du karité et les défis rencontrés sur les marchés national et international. Il a également mis en exergue l’importance de l’entrepreneuriat dans le développement de cette filière en incitant les jeunes à s’investir dans ce secteur prometteur.
La cérémonie d’ouverture a été suivie d’une visite guidée des stands d’exposition composés d’une multitude de variétés de produits à base de karité. Le salon a également été l’occasion de découvrir une large gamme de produits dérivés du karité, exposés dans des stands tenus par divers producteurs et entreprises. Parmi les produits présentés figuraient des pommades, des gels de douche, des shampoings, des savons, et bien d’autres articles fabriqués à partir de cette précieuse ressource. Ces stands ont permis aux visiteurs d’apprécier la diversité et la qualité des produits maliens à base de karité, tout en découvrant les processus de production artisanale et industrielle.
Il faut rappeler que cette seconde édition du Salon international sur le karité a enregistré la présence de différents groupements des femmes du Mandé, de Dioïla, de Filamana, de Banamba, de Kita, de Safo… Selon des statistiques officielles, elles sont des milliers sinon des millions de femmes à vivre des revenus tirés de l’amande de karité et des produits dérivés comme le beurre. D’où l’urgence d’une décision politique interdisant l’exportation et la protection de cet arbre vu que le Mali ne possède que de 74 millions pieds.
C’est cela aussi le combat de l’Ong Wassa karité qui multiplie des initiatives de protection, de plaidoyer et de lobbying afin d’offrir aux femmes des opportunités pour booster leur autonomisation financière. Cela à travers des initiatives comme le Salon international du karité dont la seconde édition, comme la première, a connu un succès retentissant au Musée national. Ce qui est un pas décisif vers la valorisation des produits maliens dérivés du karité sur la scène mondiale.
- Bolly/S. Diakité
Source : Le Matin