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Sahel : Le Mali renoue avec l’Etat hébreu

A l’inverse de l’Afrique du Sud qui envisage de réduire ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu, le Mali est dans une dynamique de réchauffement.

Le Mali serait-il sur le point d’emboîter le pas au Tchad et de normaliser ses relations diplomatiques avec Israël ? Tout semble l’indiquer. Mais même sans cela, l’Etat malien ne semble plus voir d’inconvénient à faire affaire avec l’Etat hébreu.

La presse malienne rapporte, à ce propos, que le 28 juin dernier, la ministre de l’Economie numérique et de la Prospective, Kamissa Camara, a reçu longuement en audience Albert Khayat, directeur commercial d’Amos Spacecom, une société israélienne basée à Tel-Aviv, spécialisée dans les VSAT. Le ministère malien de l’Economie numérique et de la Prospective ne s’en cache même pas puisqu’il explique, sur sa page Facebook, que l’objectif de la rencontre était d’avoir des détails sur Amos 17, le nouveau satellite d’Amos Spacecom qui sera lancé ce 27 juillet de Cap Canaveral, en Floride.

Les autorités maliennes disent avoir demandé également «l’accompagnement du ministre dans la concrétisation d’une future convention entre Amos Spacecom, l’Agetic et éventuellement avec les autres structures dudit département». Le directeur commercial d’Amos Spacecom, indique la presse malienne, «a saisi l’opportunité pour inviter le ministre ainsi qu’Agetic à la cérémonie de lancement du satellite Amos 17». Kamissa Camara a rassuré, à son tour, «le partenaire de son entière disponibilité et de l’engagement du gouvernement à soutenir toute initiative visant à désenclaver notre pays et à connecter tout le Mali et les zones rurales en particulier». En clair, le partenariat entre le Mali et Amos Spacecom s’inscrit dans la durée.

Interrogations

Une partie de la presse malienne s’est interrogée sur l’attitude de l’ancienne ministre des Affaires étrangères. Des observateurs locaux estiment qu’il s’agit là d’«une normalisation qui ne dit pas son nom». Le site Bamada.net estime que Kamissa Camara «ne peut ignorer que le Mali n’a pas de relations diplomatiques et partenariales avec Israël». Aussi, poursuit-il, «en traitant directement et officiellement avec une société israélienne, dans les locaux de son département, l’ancienne ministre des Affaires étrangères n’officialise-t-elle pas les liaisons longtemps soupçonnées qui désormais relèvent du secret de polichinelle ?» Et de s’interroger : «Quel empressement ont nos autorités à se jeter dans les bras de l’Etat hébreu ? S’agit-il, comme le laisse croire le communique du ministère de l’Economie numérique et de la Prospective, seulement de ‘‘désenclaver notre pays et connecter tout le Mali et les zones rurales en particulier’’ ?»

Politique du fait accompli

La classe politique malienne s’est également montrée outrée par l’initiative de Kamissa Camara. L’ancien ambassadeur du Mali auprès des Nations unies, aujourd’hui président du Comité d’organisation du dialogue politique inclusif, Cheickh Sidi Diarra, a ainsi demandé à connaître les «motivations justifiant l’urgence» de rétablir les relations entre le Mali et Israël. «Des décisions de grande ampleur affectant la vie de la nation sont prises en catimini par ces temps de tumulte, où notre attention est plus portée sur notre survie quotidienne que sur toutes autres considérations, a fortiori des actions de politique extérieure, qui intéressent peu de gens.

La politique du fait accompli semble le choix de nos gouvernants, que ce soit en matière de politique intérieure ou de politique extérieure. Nous récusons cette façon de faire qui est loin d’être transparente», écrit-il dans une tribune publiée dans la presse. Pour la presse malienne, la rencontre entre Kamissa Camara et Albert Khayat n’est cependant pas vraiment une surprise. Elle rappelle qu’en juin 2017, en marge du sommet de la Cedeao tenu les 3 et 4 juin à Monrovia, le président Ibrahim Boubakar Keita avait reçu le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

A l’issue de la rencontre en tête-à-tête, précise-t-elle, «le bureau du Premier ministre israélien avait annoncé qu’Israël et le Mali avaient convenu de reconstruire leurs relations». Il était même question que le Premier ministre malien se rende à Tel-Aviv. Donc un projet de normalisation existait bel et bien. Il ne restait plus qu’à savoir quand allait débuter le rapprochement entre les deux parties.

Comme nombre de pays de la région, le Mali a, rappelle-t-on, rompu ses relations diplomatiques avec Israël au lendemain de la guerre israélo-arabe de 1973. De nombreuses capitales ont renoué depuis avec Israël. Le Mali, fidèle à la cause palestinienne, avait jusque-là écarté toute idée de normalisation de ses relations avec l’Etat hébreu, qui fait de la «conquête» de l’Afrique une priorité depuis quelques années déjà.

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