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Sahel: la France veut de ses alliés de l’Otan «une plus grande implication»

Emmanuel Macron a reçu ce jeudi 28 novembre à l’Elysée le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, alors que l’organisation transatlantique fêtera son 70e anniversaire la semaine prochaine à Londres.

Pour Emmanuel Macron, l’ennemi commun des membres de l’Otan n’est ni la Russie, ni la Chine, mais le terrorisme. Un ennemi face auquel, juge-t-il, la France est en première ligne. Le président français entend donc profiter du prochain sommet de l’Alliance atlantique à Londres pour réclamer à ses alliés « une plus grande implication » contre « le terrorisme » au Sahel. La France, qui y déploie 4 500 hommes, y « agit pour le compte de tous », a-t-il affirmé, alors que 13 militaires français ont récemment péri dans la collision de deux hélicoptères au Mali.

Le président de la République a indiqué être prêt à revoir « toutes les options stratégiques » de la France au Sahel et que, dans ce cadre, « une plus grande implication des alliés serait tout à fait bénéfique ». « Proclamer son attachement à la sécurité collective ne suffit pas. Une véritable alliance, ce sont des actes, pas des mots », a-t-il ajouté. Pour Paris, cet appel s’adresse surtout aux autres pays européens, dont certains sont déjà impliqués, comme l’Allemagne et le Danemark, et ne passe pas par le lancement d’une opération de l’Otan.

Macron souhaite une «plus grande implication des alliés au Sahel»

L’Allemagne compte 150 militaires allemands au Mali pour former l’armée, et 900 au sein de la Minusma. Votés par le Bundestag, ces deux mandats prévoient un maximum de 350 hommes pour la formation et 1 500 pour la Minusma. Même si l’Allemagne pourrait donc faire davantage, ses capacités restent limitées. La législation allemande ne permet pas au gouvernement d’envoyer des hommes à l’étranger sans l’approbation du Bundestag, rappelle notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux. Et au Parlement, seules la CDU et les Libéraux sont favorables à un plus grand déploiement de soldats allemands à l’étranger. Privée sur ce point du soutien du SPD, la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer devra une fois de plus décevoir les attentes françaises

Aplanir les divergences

À une semaine du sommet de l’Alliance atlantique à Londres, Emmanuel Macron recevait ce jeudi le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg à l’Élysée. L’occasion d’aplanir les divergences après les remous provoqués par les récents propos du président français sur la « mort cérébrale » de l’organisation.

Interrogé sur ses propos, le chef de l’État a expliqué les avoir tenus après avoir constaté « une déconnexion criante et inacceptable » lors des deux derniers sommets de l’Otan, qui « ont été uniquement consacrés à savoir comment on pouvait alléger le coût financier pour les États-Unis », de loin le principal contributeur de l’Alliance.

Pendant ce temps, n’étaient pas « résolues » des questions stratégiques sur « la paix en Europe, la relation avec la Russie, le sujet de la Turquie » ou sur « qui est l’ennemi ? » de l’Otan, regrette Emmanuel Macron, en citant la lutte contre le terrorisme comme une nouvelle priorité pour les alliés. « Il fallait peut-être un “wake-up call” (une alarme, ndlr). Il a été donné et je me félicite que la priorité est plutôt de réfléchir à nos finalités et nos objectifs stratégiques », a-t-il ajouté devant la presse.

En réponse, Jens Stoltenberg a assuré que l’Otan avait modernisé sa doctrine et son mode de fonctionnement, tout en renforçant ses moyens d’action, notamment dans l’est de l’Europe. Le secrétaire général de l’Otan campe sur ses positions. « L’Union européenne ne peut pas défendre l’Europe. L’unité européenne ne peut pas remplacer l’unité transatlantique. Une Otan fort et une Union européenne forte sont les deux faces de la même pièce », a déclaré Jens Stoltenberg.

Si ces dernières années, la force Barkhane a évolué quantitativement, son mandat et son articulation n’ont en revanche subi aucune refonte en profondeur. Parallèlement les groupes terroristes armés, comme l’État islamique au Grand Sahara ou la katiba Macina n’ont cessé de prospérer. Les lignes doivent par conséquent bouger mais les options ne sont pas infinies. La France peut-elle envisager de faire grossir son dispositif ? Peu probable tant les armées opèrent déjà à l’extrême limite de leurs capacités.

Autre option déjà largement évoquée par la ministre des armées, Florence Parly, celle d’une européanisation du contingent, avec le déploiement prochain de forces spéciales européennes. Une option qui a aussi un intérêt politique pour la France, qui ne veut plus être seule au Sahel, et ne veut pas donner le sentiment d’y mener sa guerre. Cela permettrait aussi au président Macron de construire dans les faits la défense européenne qu’il appelle de ses vœux.

Il reste enfin l’option du mentoring via la formation des armées partenaires et l’amélioration de la gouvernance. Et c’est peut-être là le point faible de Barkhane: une incapacité à user de l’outil militaire comme d’un levier sur la politique locale. Une option longue et complexe alors que des résultats rapides et tangibles sont attendus.

RFI

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