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Rokia Traoré, artiste : Plus que jamais attachée à ses racines !

 

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Depuis le 6 février 2016 «Né so» ou «Chez moi» de Rokia Traoré est disponible pour les mélomanes (sortie mondiale). Un 6ème disque qui traduit, plus que jamais, l’attachement de la jeune artiste à ses convictions, mais aussi à ses racines maliennes et africaines. Très engagée ! C’est l’opinion qu’ont de nombreux critiques de «Né so», le 6ème album de Rokia Traoré.

Dédié aux réfugiés de par le monde,  elle chante le «Chez moi» ou «ce lieu qui abrite notre quotidien, nos rêves». Sa façon à elle de sonner la révolte contre «une société dont l’hégémonie financière détruit ces refuges». Mais, cet opus n’est pas seulement révolte ou colère. Il est aussi auto-thérapeutique. «Par la musique, par son art et ses chansons, par ses regards portés sur l’autre, la diva malienne s’apaise, soigne ses plaies et renaît», écrit un confrère français en découvrant ce nouvel opus. Même s’il s’ouvre à des «horizons multicolores», «Né so» est accueilli comme un album aux racines maliennes dans lequel Rokia «ouvre plus encore son cœur».

«Né So», la chanson-titre de l’album a été écrite en 2014, après une visite à des camps de réfugiés maliens au Burkina Faso. Mais elle évoque plus que l’infortune des réfugiés ou le «Chez moi» classique, la traduction française de «Né so». Pour Rokia, ce n’est pas «seulement la maison», mais surtout cet «endroit où on se réalise, où on élève ses enfants, où on a un passé, un futur, où on reçoit la famille». Un privilège que n’a pas forcément le réfugié qui subit «une perturbation dans ce qu’il y a de plus basique dans une vie humaine. On a tous tendance à protéger notre chez-soi. Imaginez qu’eux n’en ont plus», déplore l’artiste engagée.

Elle poursuit : «Lorsque l’on doit partir du jour au lendemain, cette base même de notre humanité, de notre essence, s’anéantit. Lorsque nous n’avons plus de Chez Nous, lorsque nous ne savons plus où diriger nos pas, avec le strict nécessaire pour bagages, nos mondes s’effondrent». Et Rokia reconnaît avec beaucoup d’humilité : «Je n’ai pas perdu ma maison, j’étais une sorte de réfugiée de luxe. Évidemment, je m’estime beaucoup plus chanceuse qu’eux. Mais ce que j’ai vécu, me permet de pouvoir imaginer un tout petit peu ce qu’ils vivent».

Avec des chansons qui font voyager entre ballades, blues, et groove mandingue, la chanteuse aborde également dans cette œuvre des thèmes comme la cupidité, le respect ou le bonheur. Il est vrai que cet opus, préparé à Missabougou (Bamako) dans la quiétude des jardins de la Fondation Passerelle, diffère des précédents sur bien de points. «Le temps de travail, l’atmosphère de travail, n’ont pas été les mêmes que ceux des disques précédents», nous confie la Rossignol de Bélédougou. «Plus de temps, plus d’espace, plus de détente. C’est dans ces conditions là que l’album s’est fait», a déclaré Rokia Traoré à la presse à Paris (France), où elle a entamé le 25 février dernier une petite tournée française.

Les compositions dégagent une grande maturité dans les choix artistiques de la chanteuse avec plus d’ouverture sur le groove manding. «C’était voulu comme ça. Le défi, c’était de garder une couleur rock, tout en s’ouvrant à une identité africaine clairement plus marquée», souligne Rokia. Une identité forgée par la contribution de plusieurs nouveaux musiciens venus de divers pays d’Afrique de l’Ouest, dont le bassiste Matthieu Nguessan de la Côte d’Ivoire qui y «apporte une belle impulsion».

Plus mature à cause de la crise

L’autre défi relevé par Rokia Traoré, c’est de maintenir le lien avec le Mali traversé par une grave crise institutionnelle et sécuritaire depuis janvier 2012. Une crise qui a ébranlé beaucoup de convictions et amené la jeune star à se poser des questions, aussi bien sur l’avenir de son pays que sur sa propre carrière. Mais Rokia assure qu’il n’a jamais été question d’arrêter, car «partir comme ça aurait été une blessure à vie. Je ne m’en serais jamais remise». Loin de fuir sa patrie au bord du chaos, «je suis restée au Mali. Je viens toujours en Europe, mais tout est au Mali», rappelle celle qui a passé son enfance entre le Mali, l’Arabie Saoudite, la Belgique, l’Algérie, au gré de la carrière diplomatique de son père.

Pour mieux consolider ses racines dans sa terre natale, Rokia a créé la Fondation Passerelle en 2009, avec l’ambition d’aider des musiciens ou plasticiens à réaliser leurs projets. Elle y investit progressivement. C’est ainsi qu’une scène de plus de 1 000 places va bientôt s’ouvrir au siège de la Fondation, à Missabougou (Bamako). «J’ai grandi. J’ai grandi d’une manière que je ne pensais pas possible, parce que je croyais déjà que j’étais grande.

Et ça m’a révélé à quel point j’étais jeune et naïve», répète-t-elle souvent, en invoquant l’impact de la crise malienne sur sa carrière. Une «naïveté» qui ne l’a pas empêchée de comprendre et de dénoncer «l’hégémonie du système financier capitaliste, ses engrenages déréglés, à la source de tous les problèmes internationaux». La quête du profit est aujourd’hui «une machine à fabriquer des immigrés». Et cela, à l’image de ces «tas de bêtises compliquées et d’inepties» qui «conduisent l’humanité à sa perte».

Pour Rokia, «il nous faut retrouver la simplicité, stopper cette course au profit, ce culte du pétrole, réfléchir à utiliser l’argent (une création humaine) à bon escient, ne pas se laisser bouffer par le système». En un mot, il nous faut retrouver la lucidité et le courage de nous libérer de ce système qui, aujourd’hui, a fait de nous «des brebis égarées». Les bergers ? Des extrémistes religieux, politiques et économiques !

À l’échelle africaine, Rokia préconise «l’éducation et la culture» comme antidotes. «Ce sont des vecteurs de communication et d’intégration qui éviteraient de nombreux conflits. De meilleures connaissances mutuelles empêcheraient l’escalade de la violence», propose-t-elle dans une récente interview accordée à une radio internationale.

À rappeler que Rokia Traoré est née le 24 janvier 1974 à Bamako au Mali. Elle est chanteuse, auteur-compositeur-interprète et guitariste. Une grande patriote qui ne cesse de rehausser l’image du Mali sur la scène internationale !

Moussa BOLLY

Source: Le Reporter

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