Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Risque politique et investissements miniers au Mali. Quel lien ?

Les décisions d’investissement sont très souvent prises en fonction des espérances de gain et du niveau du risque que l’investisseur est capable de digérer.

femmes travaillent mine or

Il existe différentes possibilités de financer son investissement : par l’épargne, par l’endettement ou par les marchés financiers. Cela est vrai même pour les états les plus industrialisés, qui, en fonction des politiques économiques menées, peuvent être classées comme des économies d’endettements ou des économies de marchés.

 

 

Au-delà de tous ces critères et stratégies de financement d’investissements, il y a aussi et surtout pour les pays africains comme le Mali, le risque politique du pays qui est déterminant dans la décision d’investir.

 

Depuis la mise en production industrielle de la mine de Syama, nous pouvons identifier au Mali deux périodes différentes par la nature de leur risque politique. La première s’étalant de 1992 à 2012 et la deuxième après 2012.

 

La première période est considérée du point de vue des marchés financiers internationaux comme relativement stable, avec un faible risque politique de notre pays. Pendant cette période, le Mali a pu attirer beaucoup d’investisseurs étrangers dans le secteur minier, avec comme conséquence un accroissement sans précédent des flux de capitaux en faveur de notre pays, pour financer l’exploration, la découverte et la mise en production de grands gisements d’or comme Sadiola, Yatela et Morilla.

Un haut responsable de l’administration Clinton disait à l’époque que le Mali était l’un des pays les plus démocratiques du continent africain. Une grande majorité des permis d’exploration attribués dans cette période a pu obtenir le financement des dépenses d’exploration.

 

Nous étions presque dans un cercle vertueux de faible risque politique, afflux massif d’investissements miniers et mises en production des gisements d’or du pays. Cette période a duré jusqu’en janvier 2012, avec la crise d’Aguelhoc et l’exécution lâche et barbare de plusieurs dizaines de militaires maliens.

 

Il s’en est suivi un enchaînement diabolique d’évènements jusqu’à la chute de Konan en passant par le coup d’état, le contrecoup d’état, l’agression physique du Président Dioncounda TRAORE à Koulouba et la démission forcée du Premier Ministre Cheick Modibo DIARRA. Ces événements ont fait monter de manière vertigineuse le niveau du risque politique de notre cher Mali.

 

Sans aller en profondeur sur les raisons de ces successions d’incidents malheureux, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que c’est la faillite des gouvernances et l’échec des politiques qui ont mis le pays sur cale.

 

Depuis, les investisseurs internationaux privés, surtout dans l’exploration minière et pétrolière au stade primaire, ont commencé à fuir la destination Mali. Plusieurs sociétés minières et pétrolières en phase d’exploration ont fait prévaloir le cas de force majeure. Certaines ont tout simplement abandonné leurs permis et blocs. D’autres plus courageuses ont continué à faire quelques travaux sans avoir les financements nécessaires pour réaliser leurs programmes au total.

 

A part les sociétés minières déjà en production avec du cash-flow qui ont continué à investir, les juniors et les privés maliens ont tous subi, sans exception, le ralentissement de leurs programmes d’exploration. Cette situation ne leur est pas imputable, mais s’explique par l’instable environnement qui ne rassurait plus les financiers internationaux.

 

 

J’ai appris récemment, comme tout le monde, que plusieurs titres miniers ont été annulés. Les raisons évoquées pour ces annulations les mettent en plein dans le cœur de ma plume.

 

 

Pour les privés maliens qui ont obtenu leurs permis avant 2012 et qui ont commencé à exécuter leurs programmes de travaux avant les évènements de 2012, ils ne méritent pas l’annulation forcée de leurs permis, parce qu’ils ne sont pas comptables dela situation du pays.

 

Ils en sont plutôt des victimes, comme tous les paisibles citoyens maliens. Pour ces cas, c’est très important de leur accorder un délai supplémentaire, en fonction et en tenant compte de la diminution du niveau du risque politique, permettant un retour serein des investisseurs dans notre pays.

 

De ce qui précède, nous constatons que même les périodes considérées comme relativement stables par la communauté internationale, peuvent couver par l’échec des politiques la plus dangereuse des instabilités, pouvant même entrainer le risque de disparition de notre pays, comme ce fut le cas en 2012. Heureusement, Dieu nous en a préservés.

 

Nous devons être compréhensifs et solidaires envers les privés maliens et les juniors, qui ont fait le choix d’investir dans notre secteur minier au moment où ils subissent de plein fouet les effets de la crise sans précédent que notre pays a connue. Nous devons aussi rester vigilants même quand nous pensons que tout va bien, pour ne pas nicher de nouvelles sources d’instabilité majeure. Surtout, quand il y a encore dans certaines régions de notre pays, des drapeaux non maliens qui flottent.

 

Les objectifs aujourd’hui doivent être la paix, l’unité et l’intégrité territoriale, conditions préalables à toute stabilité durable, pour qu’enfin le risque politique de notre pays puisse rassurer et inspirer confiance aux investisseurs qui ont choisi la destination Mali.

 

Aliou Boubacar DIALLO, l’Opérateur minier

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance