Citée dans la loi électorale, la révision annuelle de la liste électorale se fait le dernier trimestre de chaque année, précisément du 1er octobre au 31 décembre au Mali. Pour ce faire, il est créé au niveau de chaque commune du Mali une commission administrative chargée des activités de révision de la liste électorale. A moins d’une semaine de la fin de la phase cruciale des opérations d’inscription, de transferts, de radiation, nous avons fait un tour dans quelques communes du district de Bamako pour constater de visu le déroulement de ces opérations. Un tour d’horizon qui nous a permis de constater une atmosphère morose. Lisez notre enquête…
Selon l’Article 52 : «Les listes électorales font l’objet d’une révision annuelle du 1er octobre au 31 décembre de chaque année. Durant toute l’année qui suit la clôture de la liste électorale, les élections sont faites suivant la liste révisée et arrêtée au 31 décembre».
Considérée comme le soubassement d’une élection, la révision annuelle de listes électorales tourne essentiellement autour des opérations suivantes, à savoir : l’inscription pour les nouveaux majeurs, le transfert, la validation, et la radiation.
En commune IV du district de Bamako, notamment dans la mairie de Lafiabougou ‘’ Lafia1’’, nous nous sommes entretenu avec M. Sounkalo DIARRA, agent de révision et chef de table pour le quartier de Lassa et Sibiribougou.
M.DIARRA a expliqué que ces trois opérations permettent d’inspecter la liste électorale, afin de donner le bon chiffre au ministre de l’administration territoriale pour qu’il actualise les fichiers électoraux.
« Notre tâche est d’inclure les nouveaux majeurs ; de radier les cas de décès de la liste électorale ; et ceux dont l’État refuse le droit de voter pour condamnation en justice» a-t-il expliqué.
De ses explications, il ressort que l’opération du transfert concerne ceux qui ont déménagé d’une commune à une autre comme le cas nouveaux mariés, les cas mutation de fonctionnaires, etc.
« On a le devoir de les transférer dans un lieu de vote qui est proche de leur résidence » a indiqué M. Sounkalo; en ajoutant que le transfert arrive en tête des cas en commune en 2022.
Aussi, l’agent de révision a expliqué que la validation prend en compte le cas des nouveaux majeurs (l’âge de 18 ans), et les omis.
Par ailleurs, M. Sounkalo soutient que l’affluence n’est pas au rendez-vous malgré les nombreux messages de sensibilisation et les enjeux des scrutins à venir.
En moyenne, a-t-il fait savoir, la commission reçoit 30 à 45 personnes par jour contre 100 personnes par jour en 2021 pour les mêmes opérations.
Pour lui, cette situation s’explique par le fait que beaucoup de citoyens ne suivent pas l’information, ou simplement ne s’intéressent pas à la chose politique.
Il a ainsi rappelé que l’information sur cette révision annuelle de la liste électorale a été passée à la radio, télé, et autres moyens de communications.
L’agent de révision estime que l’une des raisons de ce désintérêt est liée à la mentalité actuelle de la majorité de la population.
« Actuellement quand on parle de révision de la liste électorale, ne faisant plus confiance aux hommes politiques ; ils pensent directement aux mouvements politiques pour la préparation des élections » a-t-il témoigné !
Pour la commune III du district de Bamako, la réalité n’est pas loin de celle de la commune précédente, car, le mouvement est calme dans la commission de révision.
Selon Sory SIDIBE, président de la commission de révision de la commune III du district de Bamako ; le mouvement est plutôt timide, car les gens ne viennent pas comme prévu.
Il a indiqué qu’ils reçoivent 3 ou 4 personnes par jour, contrairement à l’année dernière, dont ils recevaient 10 à 15 personnes par jour.
Au niveau de cette commune, le président de la commission de révision de a signalé que les cas de radiation sont les plus traités.
Par ailleurs, M. SIDIBE a avoué que les membres de sa commission se plaignent fréquemment de leur mauvaise condition de leur travail.
Il s’agit du manque de frais de transport, de restauration, et de thé, a précisé une agente sous l’anonymat.
M. SIDIBE a ajouté qu’aucun membre d’un parti politique, n’a fait une visite pour voir le déroulement du travail.
Pour lui, les partis politiques doivent accorder plus d’attention à leurs représentants qui siègent au niveau des commissions de révision et qui travaillent dans des conditions souvent très pénibles.
Par ailleurs, en commune II, la situation est presque pareille à celle de la commune III où l’on a constaté la même tendance.
M. Sinaly DOUMBIA, président de commission de révision de la commune II, a ainsi affirmé qu’ils n’ont d’abord pas fait plus de 20 transferts depuis le début de cette révision le 1er octobre 2022.
Pourtant, c’est le cas plus traité au niveau de la commune.
« Si les gens ne viennent pas, qu’est-ce qu’on peut faire ? » s’est-il plaint ; tout en ajoutant que c’est sa 4ème année dans l’exercice de cette révision.
«Cette année est exceptionnelle», a-t-il reconnu.
Il a indiqué avoir envoyé solliciter les chefs de quartier pour qu’ils envoient les crieurs publics informer les gens et les inciter à s’impliquer sens succès.
Dans leur tâche de révision, M. DOUMBIA indique qu’ils ont des difficultés dans l’opération de radiation. Car, ils sont obligés d’attendre que les différentes mairies de la commune les délivrent, sur demande, les certificats de décès, afin de procéder à la radiation.
« En attendant on a pu faire qu’une seule radiation » a-t-il dit !
Notons que les maliens de l’extérieur, les commissions de révision sont installées dans les consulats existant dans chaque pays d’accueil.
Réalisée par AMINA SISSOKO
Source : Info-Matin