Les ministres en charge des Finances et les gouverneurs de banques centrales des pays d’Afrique de l’Ouest se sont réunis, à Abidjan, les 17 et 18 juin, autour de la question de la monnaie unique. Si les conclusions de la rencontre n’ont pas été rendues publiques, car devant être soumises au sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de la zone en fin du mois à Abuja, il faut souligner que la feuille de route, qui doit conduire à la mise en circulation de ladite monnaie, en 2020, a été maintenue.
Le processus de création de la monnaie unique de la CEDEAO, en cours depuis plusieurs décennies, tend, peut être, vers son aboutissement. En effet, les ministres argentiers de l’Afrique de l’ouest se sont réunis en début de semaine dans la capitale ivoirienne où ils ont pris d’importantes décisions qui seront soumises au sommet des Chefs d’Etat. Cette réunion a permis au Comité ministériel d’examiner le rapport de la réunion technique, tenue les 13, 14 et 15 juin, notamment, ses propositions et recommandations en vue de son applicabilité.
Les conclusions proprement dites de la réunion ministérielle d’Abidjan n’ont pas été rendues publiques. Cependant, il ressort que l’objectif 2020 a été maintenu pour l’aboutissement de cet ambitieux projet qui marquera un tournant important dans le processus de l’intégration ouest-africaine.
Ainsi, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales auraient retenu comme nom provisoire de la monnaie » Eco » et le régime sera de type flexible comme souhaité par le Nigeria. En effet, si les pays francophones, utilisant le franc CFA, plaidaient pour maintenir le même principe d’une monnaie rattachée, comme il en est le cas entre le franc CFA et l’Euro, les anglophones, par contre, soutenaient le principe d’une monnaie indépendante non rattachée à aucune monnaie dite forte.
C’est le principe d’une monnaie flexible pour le » poids » dépendant de la vitalité des économies des pays qui a donc transigé. Un principe qui a pour le moment été adopté par les ministres en attendant le sommet des Chefs de l’Etat.
Outre le nom et le régime de change, la rencontre a formulé également des propositions et recommandations sur les symboles de la future monnaie et le modèle de banque centrale devant gérer cette nouvelle création. En tout cas, la concrétisation de ce projet sera l’aboutissement d’un long processus qui n’a que trop duré.
Cette monnaie unique, une fois effective, viendra mettre un terme à l’épineuse question du franc CFA, une monnaie commune à huit des quinze pays de la CEDEAO et à six pays de l’Afrique centrale.
Elle est considérée, par une partie de l’intelligentsia, comme une « monnaie coloniale« , en ce sens qu’elle continue d’être fabriquée en France et garantie par l’ancienne puissance coloniale. Ce qui contraint ces pays à déposer la moitié de leurs avoirs au Trésor public français.
C’est pourquoi, certains éminents économistes, des activistes et altermondialistes n’ont pas hésité à dénoncer cette forme de colonisation économique et réclamer une monnaie commune à nos Etats.
YC
Source: l’Indépendant