« Et pourtant toutes les bourses du monde se préoccupent de l’or, des diamants, de l’uranium, du platine, des minerais de cuivre et de fer qui existent en Afrique. Nos capitaux coulent en véritables torrents pour irriguer tout le système de l’économie de l’Occident. On considère que cinquante-deux pour cent des réserves d’or détenues actuellement à Fort Knox, où les Etats-Unis d’Amérique emmagasinent ces réserves, proviennent de nos côtes.
L’Amérique fournit plus de 60 pour 100 de l’or mondial. Une grande quantité de l’uranium employé pour l’énergie nucléaire, du cuivre employé pour l’électronique, du titanium utilisé pour les projectiles supersoniques, du fer et de l’acier utilisés par les industries lourdes, des autres minéraux et des autres matières premières employés par les industries les plus légères – en fait les bases mêmes du pouvoir économique des puissances étrangères – proviennent de notre continent.
Des experts ont estimé qu’à lui seul le bassin du Congo peut produire suffisamment de récoltes alimentaires pour satisfaire aux besoins de près de la moitié de la population du monde entier. Et nous sommes assis ici à parler de régionalisme, de progression graduelle, d’une étape après l’autre. Avez-vous peur de saisir le taureau par les cornes ? Pendant des siècles, l’Afrique a été la vache à lait du monde occidental. N’est-ce pas notre continent qui aida l’Occident à construire ces richesses accumulées ?
Il est vrai qu’en ce moment, nous rejetons aussi vite que nous le pouvons le joug du colonialisme, mais parallèlement à notre succès dans cette direction, l’impérialisme déploie un effort intensif pour continuer l’exploitation de nos ressources, en suscitant des dissensions entre nous. Lorsque les colonies du continent américain ont cherché, au cours du 18ème siècle, à se libérer de l’impérialisme, il n’existait aucune menace de néo-colonialisme, au sens où nous le connaissons aujourd’hui en Afrique.
Les Etats américains étaient donc libres de former et de modeler l’Unité qui était la mieux assortie à leurs besoins et de rédiger une constitution qui puisse maintenir leur Unité, en dehors de toute forme d’intervention extérieure, tandis que nous, nous avons à tenir compte de ces interventions étrangères. Dans ces conditions, combien avons-nous besoin plus encore de nous rassembler dans l’Unité africaine, qui peut seule nous libérer des griffes du néo-colonialisme et de l’impérialisme. Nous avons les ressources.
C’est en premier lieu le colonialisme qui nous a empêchés d’accumuler le capital effectif, mais par nous-mêmes, nous ne sommes pas parvenus à utiliser pleinement notre puissance dans l’indépendance, pour mobiliser nos ressources afin de démarrer de la façon la plus efficace dans une expansion économique et sociale aux profondes répercussions. Nous sommes trop exclusivement consacrés à guider les premiers pas de chacun de nos Etats… »
Youssouf Sissoko
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