Le 17 février, à Bruxelles, le Président français a annoncé le retrait des Forces françaises du Mali à la suite d’escalade diplomatique entre les deux pays et de pression populaire dans les rues de Bamako. Ainsi, ce retrait sonne le glas de l’opération Barkhane au Mali. Cette annonce, bien accueillie par une large majorité de la population malienne et résultant d’une volonté manifeste des autorités de la Transition, pourrait donc faire l’affaire de l’Algérie.
En effet, la présence de l’armée française au Mali n’a jamais été perçue de bon œil par l’Algérie qui, faut-il le rappeler, a mené une lutte implacable contre la présence française en 1962 qui a abouti à son indépendance. Ainsi, la présence militaire de l’Hexagone au Mali, donc aux portes de l’Algérie, ne peut que susciter des inquiétudes et de la méfiance de la part des autorités algériennes. D’autant plus qu’il suffisait un brin d’étincelle dans ce pays pour que la France affiche sa volonté d’y intervenir sous le couvert de la lutte contre le terrorisme au Sahel.
En réalité, la présence militaire française au Mali a réduit la marge de manœuvre d’Algérie dans la crise malienne. Bien que l’Algérie ait joué sa partition dans la gestion de la crise en parrainant l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, mais la présence militaire française et l’influence politique de Paris sur le processus de paix au Mali ne lui ont toujours pas permis de faire prévaloir ses points de vue.
C’est pourquoi, Alger, qui était déjà en crise diplomatique avec la France, n’a pas hésité d’exprimer son soutien aux autorités transitoires de Bamako lorsque celles-ci se sont retrouvées, elles aussi, en pleine tension diplomatique avec l’Hexagone. Et ce, pour mettre davantage de pression sur la France et la contraindre à quitter le Mali. Ces dernières années, l’Algérie ne cache plus ses intentions d’hégémonie dans le Sahel et dans l’Afrique du Nord. La dernière révision constitutionnelle de 2020, qui a permis de constitutionnaliser le déploiement de l’armée algérienne à l’Etranger en est un exemple parfait.
Ainsi, le départ de l’armée française peut être considéré comme un ouf de soulagement pour l’Algérie, mais aussi une aubaine lui permettant d’affirmer davantage son hégémonie au Mali et dans le Sahel de façon générale.
Ouattara Bouakary, Doctorant
Source: Le Pélican