Après 6 ans d’interruption suite à la crise multidimensionnelle qu’a connue notre pays, la Biennale artistique et culturelle fait son grand retour avec l’édition spéciale Bamako 2017. Un retour diversement apprécié par la population. Si les uns l’applaudissent, cependant d’autres pensent que le moment n’est pas propice pour un évènement de tel envergure.
La Biennale artistique et culturelle, une rencontre qui réunit l’ensemble des filles et fils du pays autour de la culture, est considéré comme un moment de partage, de communion et de cohésion. L’édition spéciale Bamako 2017 s’inscrit dans un cadre de paix et de réconciliation nationale répondant à l’exigence de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus de l’accord d’Alger. Malgré cette exigence, les avis restent partagés quant au moment choisi pour tenir cette rencontre nationale.
N’Tji Diakité, Maître orchestre : « Cette reprise a été formidable, le moment est bien choisi. La biennale est un facteur d’union, de cohésion, d’entente, de brassage. Le Mali a besoin de cela. Toutes les régions du pays sont présentes, les gens sont contents, il faut qu’on évite la guerre et à travers la biennale on peut trouver une issue à la présente crise que traverse notre pays».
Cheik Oumar Sangaré, journaliste culturel : « La biennale est une bonne chose, les européens n’ont jamais laissé leurs cultures, et on ne doit pas laisser la nôtre au détriment de la culture occidentale. On doit valoriser notre culture et les transmettre à la génération future. Le moment choisi pour cette biennale est très important, notre pays traverse une crise et à travers la biennale on peut apaiser la tension entre les communautés et trouver de manière rapide la réconciliation tant recherchée ».
Pour Amadou Sow, un autre journaliste culturel : « si c’est parce que nous sommes en crise qu’on ne doit pas organiser la biennale, c’est montrer aux terroristes qu’ils ont gagné. Il y a beaucoup de pays dans le monde qui continuent à faire leurs fêtes culturelles malgré les difficultés dont ils confrontent chaque jour ».
Amadou Nianankoro Diop, commerçant à Dabanani : « La biennale n’a pas d’importance, car nous sommes dans un Etat de guerre et cette biennale ne devrait pas avoir lieu. Chaque jour, il y’a des morts au nord du pays. Avant de trouver de solutions idoines à cela, on vient nous distraire dans la capitale avec une fête soi-disant biennale. Ceux-là qui pensent que cette biennale peut servir de moyen pour aller à la paix, qu’ils se détrompent», a-t-il regretté.
Baba Traoré, retraité : « Le moment choisi pour cette biennale n’est pas bon, le pays est confronté à plusieurs difficultés. L’insécurité règne dans plusieurs régions, la population souffre, l’argent déployé pour la préparation de cette biennale pouvait servir à d’autres fins pour le développement du pays ».
Moctar Dramane Koné, Stagiaire
Source: L’Indicateur du Renouveau