Le congé de Noël a pris fin avec un mouvement de grève de la part des enseignants demandant l’application, par l’État, d’un engagement signé. Cette reprise de la série de grèves, qui a entaché l’année scolaire 2018-2019, commence à faire peur.
La reprise de la grève du syndicat signataire du 15 octobre 2016 commence à faire des bruits. Professeurs, administrateurs scolaires, élèves (du public comme du privé) invitent à l’accalmie tout en jetant la responsabilité à la figure des autorités de l’État.
Au groupe scolaire Sirakoro Méguétana, Soungalo Koné, directeur du second cycle, estime que l’État devrait honorer ses engagements en traitant tous ses fonctionnaires au même pied d’égalité. Il rappelle à ce titre l’article 39, objet de la grève, du Statut du personnel enseignant, de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale du 16 janvier 2018 qui indique que les enseignants bénéficieront de toutes les augmentations accordées aux autres fonctionnaires. La non-application de ce texte est le motif de la nouvelle grève entamée par les enseignants depuis au mois de décembre 2019.
Abondant dans le même sens que le proviseur du lycée Massa Makkan, le censeur du lycée privé Biasson Dembélé, M. Lamine Dembélé rappelle l’importance d’honorer ses engagements. « Quand on signe des engagements, on doit être en mesure de les honorer », a-t-il fait comprendre. Il met en garde les autorités contre toute perturbation de cette année scolaire à la manière de l’année dernière. C’est pourquoi Mahamane Kamissoko, professeur de lettres au lycée privé ‘’Le Sacerdoce’’ trouve cette grève comme une provocation des enseignants de la part des autorités de l’État.
La crainte n’est pas uniquement du camp des administrateurs des écoles publiques, ceux des établissements privés s’y prononcent également. M. Sidibé, censeur du lycée privé Sétou Camara de Baco Djicoroni, trouve que les grèves constituent un coup dur pour l’éducation. Selon lui, si l’État agit tardivement sur cette nouvelle grève, comme il l’a fait l’année dernière, il sera évident que les enfants subissent le même sort que leurs prédécesseurs.
Du côté des élèves, les réactions ne manquent pas. Selon Mahamar Touré élève en classe de terminale, Langue et Littératures (LL) au lycée privé Biasson Dembélé de Baco Djicoroni, les acteurs de l’éducation malienne doivent trouver une solution à ces grèves récurrentes, qui impactent notamment les élèves en classe d’examen. Quant à Mohamed Kassogué et Boucary Bolly, candidats au DEF au groupe scolaire Kalanban Coura B, ceux-ci soutiennent la cause des enseignants puisqu’ils luttent pour une cause noble. Selon eux, les enseignants, en plus d’être leurs encadreurs, sont aussi des chefs de famille et des parents d’élèves, d’où la nécessité de revoir leurs conditions de vie.
S’exprimant sur cette nouvelle perturbation des cours depuis, le lundi 6 janvier 2020, suite au mot d’ordre de grève des syndicats signataires du 15 octobre 2016, Amadou Guindo, proviseur du lycée Massa Makan Diabaté, a affiché son étonnement. Tout semblait bien finir l’année dernière, suite à l’entente entre l’État et le syndicat des enseignants, s’interroge-t-il. La résolution prise suite à la grève de l’UNTM a-t-elle alors piégé l’État ? Le proviseur du lycée Massa Makan répond par l’affirmatif.
Toutefois, la situation n’est plus à un procès visant à chercher le coupable dans cette perturbation. Vu la situation sécuritaire actuelle du pays et toutes les charges qui pèsent sur l’Etat, on n’a pas besoin de ces genres de grèves, d’où qu’elle vienne, que ça soit dans le secteur de l’éducation ou dans un autre secteur, a souligné M. Guindo en faisant comprendre que cette grève « n’est pas une bonne chose pour le pays ».
Pourtant, dans cette situation qui risque de mettre tout l’avenir de la nation malienne en péril, est-il possible de s’empêcher de faire un procès ? Il serait difficile. C’est ainsi que le proviseur Guindo tient l’État pour responsable de ces séries de grèves. D’où son appel aux autorités de l’État à consentir un minimum de sacrifice pour le bien de l’éducation malienne. Chose qui permettra de mettre à l’épreuve, les enseignants, qui se disaient très engagés pour une année scolaire normale, a-t-il souligné.
L’espoir est toutefois permis selon Broulaye Sangaré, professeur de mathématiques au lycée Massa Makan Diabaté de Bacodjicoroni. Ce professeur espère sur une réaction rapide de la part des autorités maliennes pour une sortie de crise rapide.
Selon le censeur du lycée privé Sétou Camara de Baco Djicoroni, il est urgent que l’État songe à sauver l’école malienne, au lieu de chercher perpétuellement à sauver les années scolaires.
ISSA DJIGUIBA & Ibrahim Djitteye, stagiaire
Source : LE PAYS