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Réseaux sociaux : LA DÉVIANCE MONTE

Lieux d’exhibition ou champs de bataille, les réseaux constituent de plus en plus la vitrine de comportements regrettables. Et inquiétants

réseaux sociaux lieux rencontre internet tic informatique arnaque criminalite facebookEvoquer les réseaux sociaux, c’est inévitablement parler de Viber, Netlog, Skype, Imo, Tango, Badoo, Tweeter ou encore Facebook. Avec la popularisation de l’internet mobile, ces moyens de communication – très pratiques – sont définitivement entrés dans notre quotidien. Les Maliens se les sont d’autant plus rapidement appropriés que leur utilité n’est plus à démontrer. D’aucuns ne sont pas loin de considérer que ces réseaux sociaux sont devenus une véritable drogue pour de nombreuses utilisateurs, notamment les jeunes. Ceux-ci se voient mal passer une journée sans se connecter pour lire des messages, pour relever les notifications, pour prendre connaissance de commentaires, pour se lancer dans échanges.

De tous les réseaux, Facebook reste le plus prisé par les jeunes Maliens. Plutôt que de passer un coup de fil à son ami, on préfère lui y donner rendez-vous. Là, on peut tout se dire et rester ensemble des heures entières. Le réseau social est aussi utilisé pour donner ou rechercher des informations sur l’actualité, les tendances musicales, la mode, les lieux de distraction. Pour celui qui a raté un événement important, pas de souci à se faire, les vidéos et les photos disponibles lui permettent de s’offrir une séance de rattrapage express.
L’usage que les jeunes font de ce moyen de communication est divers. Tandis que certains utilisent ces applications comme outil de travail, d’autres s’en servent pour s’exhiber, pour parader ou même pour se défouler en postant leurs photos, leurs vidéos ou en commentant les publications d’autres utilisateurs. Le revers de la médaille se trouve dans cette deuxième attitude : on se sert de plus en plus de Facebook pour donner les détails les plus intimes de sa vie, pour souligner ses signes extérieurs de réussite. Certaines jeunes filles n’hésitent pas à exposer leurs corps afin d’attiser la convoitise des garçons, ou même pour trouver un mari. La multiplicité des motivations fait qu’aujourd’hui beaucoup n’imaginent plus la vie sans Facebook.
SE MONTRER POUR ÊTRE CONNUE. D’autant plus qu’intégrer le réseau est d’une simplicité enfantine. Il suffit de quelques minutes pour créer un compte Facebook et de quelques secondes pour y poster un message, une photo ou une vidéo. Mais les facilités d’utilisation de ce célèbre réseau social ne vont pas sans risque de dérapages. Facebook est devenu une sorte de théâtre à ciel ouvert où se jouent tous les actes de la comédie humaine, une arène dans laquelle se déroule le spectacle ahurissant de la guerre larvée et sans merci entre les prétendues stars maliennes que sont de nombreuses griottes et cantatrices.
Celles-ci postent de manière quotidienne des centaines de clichés d’elles, topless dans des salons feutrés, en train de faire des emplettes dans des boutiques branchées des États du Golfe, à bord des avions et des limousines, dans des hôtels cinq étoiles et souvent presque nues. Les photos s’inspirent ouvertement des images que rendent publiques des stars américaines du spectacle avec tout ce que cet exhibitionnisme peut comporter de déplorable. Mais ces dangers sont délibérément ignorés par une catégorie de jeunes filles. Dans leur esprit pour être connue, il faut absolument se montrer. Peu importe la manière utilisée, l’image que l’on donne et les commentaires que l’on s’attire.
Il faudrait tout de même se poser certaines questions. N’est ce pas aller trop loin que de s’exposer nues sur la toile, comme le font de plus en plus certaines de nos sœurs ? Est-ce là le meilleur moyen de se créer rapidement une notoriété ? Ces interrogations ne troublent guère celles qui ont choisi de s’afficher. Notre confrère Adama Diarra, blogueur et très actif sur les réseaux sociaux, en sait long sur le sujet. Facebook, selon lui, c’est d’abord le réseau le plus utilisé par les jeunes Maliens. Ici, l’on se crée une vie virtuelle qui le reflet inversé de la vraie vie. L’on se fait des amis, l’on discute du quotidien, l’on partage les joies et les peines de ses interlocuteurs, l’on choisit son bord politique, l’on cherche de l’argent (à travers la promotion et la vente de produits). Certains même y trouvent de l’amour tandis que d’autres en font un instrument de règlements de compte. « Facebook est donc un couteau à double tranchant », explique Adama Diarra.
DES PROVOCATIONS BELLIQUEUSES. Selon notre confrère, il est indéniable que les réseaux sociaux permettent d’enjamber facilement les frontières, mais l’utilisation actuelle qu’en font certaines personnes est plutôt déplorable. « Facebook est devenu un canal d’une libre expression débridée. Les avis et les commentaires y sont très rarement censurés. Tout se dit donc sans détours. Même les aspects les plus confidentiels de la vie privée des gens y sont exposés. Vidéos, sons et images malsaines, tout y est posté. Pire, les rivalités de la vie quotidienne des artistes se sont transportées sur les réseaux sociaux pour le plus grand bonheur de leurs fans et de leurs admirateurs. Ces derniers n’hésitent pas à participer aux joutes livrées par leurs vedettes et donc à s’affronter eux-mêmes de façon souvent violente.
Pour promouvoir la bonne utilisation des réseaux sociaux, l’Association des bloggeurs du Mali a initié un programme de formation et de sensibilisation gratuite des jeunes, explique Adama Diarra. « Nous essayons de leur expliquer qu’une fois que quelqu’un a envoyé une photo, un message ou une vidéo sur les réseaux sociaux, elle ne lui appartient plus. Il ne peut donc maîtriser la façon dont les destinataires vont s’en servir, ni l’effet que cela pourrait avoir sur sa réputation, sur son intégrité. « Les facilités d’usage des réseaux sociaux ne sont pas sans risque pour les internautes », insiste le confrère.
Pour beaucoup de jeunes filles, les réseaux sociaux sont devenus un instrument d’exhibition, de moquerie, de drague, de recherche de mari, de provocations belliqueuses, voire de prostitution. Les photos prises au cours des réjouissances sociales sont abondamment exposées sur Facebook. Les jeunes dames rivalisent même d’ingéniosité pour paraître les plus belles. Pour y arriver, elles font un recours effréné aux applications de traitement d’images. Pour les coépouses, les rivales, les frères et sœurs devenus ennemis, les réseaux sociaux sont devenus des champs de bataille où les protagonistes se lancent des grossièretés, des injures, des allégations dégradantes, des insinuations calomnieuses et des menaces de tout genre.
Les témoignages sur l’usage vexatoire que font les jeunes filles des réseaux sociaux sont si nombreux qu’on a du mal à choisir les plus vraisemblables. Pour certains observateurs, l’évolution technologique a eu comme effet inattendu de dégrader encore davantage le travail d’éducation qui devrait se faire au sein de la famille. Aujourd’hui les techniques de l’information et de la communication se sont substituées aux parents pour aider les enfants à faire l’apprentissage de la vie. Malheureusement, elles proposent une formation accélérée et qui zappent des phases parmi les plus importantes dans la formation de l’enfant.
« ON PEUT SE RENDRE MALADE ». L’analyse de l’homme de culture qu’est Ben Cherif Diabaté est sans concessions. « L’éducation est en panne dans notre société.  Dans notre culture, la déviance, l’impolitesse, l’extravagance, les injures, bref la mauvaise éducation n’avaient jamais été auparavant des références à suivre», lance le communicateur traditionnel. Selon Ben Chérif, l’utilisation que font les jeunes Maliens des réseaux sociaux traduit un malaise général et renvoie une image peu flatteuse des nouvelles mœurs qui se sont instaurées.
Il déplore surtout que les griottes soient au cœur de ces pratiques dégradantes. « Le griot et la griotte doivent être les miroirs de notre culture. Ils doivent être dévoués à l’éducation, à la sensibilisation, mais aussi à la moralisation. Ils doivent utiliser ces réseaux sociaux pour promouvoir nos valeurs sociétales : l’honneur, la dignité, la bravoure, le travail. Leurs œuvres artistiques doivent participer à l’éducation, et dévier de celle-ci. C’est une honte, un déshonneur de voir les griottes s’injurier sur Facebook, se calomnier, se dénigrer et même dévoiler les vies personnelles des unes et des autres », s’est-il indigné.
Rappelant les chansons des anciennes comme les regrettées Siramori Diabaté, Fanta Demba, Koni Koumaré, Tara Bouaré, Bako Dagnon, Ben Chérif Diabaté indiquera que ces grandes dames ont œuvré toutes leurs vies pour la promotion de l’honneur, du travail et de la bravoure.
Les réseaux sociaux ont véritablement bouleversé nos habitudes. Les jeunes y sont les plus actifs. « Une journée sans se connecter à Facebook peut rendre malade. A chaque instant, tu te demandes si quelqu’un n’a pas fait de commentaire sur ton mur ou sur un autre sujet », confessent beaucoup de nos interlocuteurs. Malheureusement, ces jeunes ne bénéficient d’aucun encadrement pour une bonne utilisation de ces réseaux sociaux. Les parents ont démissionné. Ils ne jouent pas leur rôle, sont absents. Dans le pires des cas, ils encouragent ou participent à cette dégradation des moeurs. Facebook, Viber, Netlog, Skype, Imo, Tango, Badoo, Tweeter étendent continuellement leur empire. Mais leur expansion n’est pas toujours porteuse de progrès. Surtout dans les esprits.
D. DJIRÉ

source : L’ Essor

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