C’est depuis le vendredi dernier que la traque a eu lieu : les éléments de l’Office central des stupéfiants ont réussi la prouesse de neutraliser des trafiquants de drogue en provenance du Ghana. Il s’agit d’une saisie record portant sur 2,7 tonnes de drogue. Mais l’information, pour des raisons d’enquêtes, n’a pu être révélée qu’hier, dans la matinée, avec en toile de fond des arrestations dans ce réseau de trafic international de drogue.

C’est une saisie record de drogue : 2,7 tonnes de chanvre indien dans le compteur des éléments de l’Office central des stupéfiants. C’est dans la nuit du vendredi dernier, plus exactement vers 1 heure du matin que les éléments de l’Office central des stupéfiants sont rentrés en action pour surprendre les trafiquants, lesquels pensaient avoir déjà fait le plus dur avec la marchandise prohibée. En effet, c’est dans un quartier périphérique de Bamako, notamment à Yirimadio Kadobougou, dans une concession en chantier, dans le noir total, que les agents de l’unité d’intervention de la brigade des stupéfiants ont surpris le chauffeur et ses apprentis, selon des sources proches du dossier, en train de décharger la cargaison. On rapporte que ce sont les hommes du capitaine Moussa H. TOURE de l’unité d’intervention rapide qui ont procédé à l’arrestation des suspects.
Les produits illicites, a-t-on appris des enquêteurs, étaient contenus dans de petits sacs de drogue, « dissimulés sous forme de balles de friperie et cachés dans un compartiment entre la cabine et le porteur aménagé pour la circonstance ». Le convoi est parti du Ghana, où la cargaison a été aménagée en direction de Bamako. Sur place, en vue de procéder à des investigations poussées, dans le feu de l’action, l’unité d’intervention de l’Office central des stupéfiants outre la fameuse cargaison saisie (près de 1 505 briques de chanvre indien pour un poids total de 2 tonnes 700 kg) et les personnes arrêtées), ont également révélé les moindres indices sur le véhicule concerné. Il s’agit d’un engin, de type remorque gros porteur contenant divers produits. Si l’information n’a pas été plus tôt révélée, c’est bien parce que les enquêteurs allaient pouvoir ordonner une série d’interpellations et de saisies dans ce domaine. A ce jour, rapporte-t-on, des suspects, impliqués dans ce réseau de trafic international de drogue, qui passe par le territoire malien, via la capitale, ont été interpellés. Les enquêteurs, pour l’instant, ont tenu à observer la stricte confidentialité sur l’identité des personnes arrêtées.
Cette saisie record est prise très au sérieux, à la fois dans les milieux des enquêteurs qu’au niveau des autorités nationales concernées, en ce sens qu’elle prouve à suffisance que de plus en plus notre pays se transforme comme une véritable plaque tournante du trafic international de drogue, en raison justement du contexte sécuritaire préoccupant dans lequel il se trouve.
Selon les médias, il est évident que la recrudescence de la violence dans de nombreuses localités des régions nord du pays est due aux querelles de rivalité et de positionnement entre divers groupes criminels pour le contrôle des voies d’accès y menant. L’année dernière le conflit avait atteint son paroxysme avec la bataille de Tanbankort, au point d’embraser toute la zone, quand l’accès à ces voies de trafic de drogue et autres armes de guerre avait été rendu difficile avec l’hivernage qui a considérablement détruit les quelques pistes fréquentables.
Aujourd’hui, c’est Bamako qui est visé par ces trafiquants de drogue qui réussissent, tapis dans l’ombre, à embarquer de véritables cargaisons, jusqu’en direction du Mali, qui sont enfouies dans des véhicules de transport communs. Pour le cas d’espèce, le chauffeur et ses apprentis, très souvent les dindons de la farce, quoiqu’interpellés, cachent mal les grosses ramifications et connexions criminelles qui s’y cachent, en termes de complicités avérées. Il est donc important et même stratégique que les enquêtes se poursuivent minutieusement, en impliquant toutes les compétences en la matière ; les experts de la direction de la pharmacie et du médicament, structure habilitée à procéder au stockage et à la destruction des produits prohibés (on rapporte que les tonnes de drogue saisies ont été envoyées à ce service par l’Office central de stupéfiants) ; les experts des investigations criminelles judiciaires, chez qui les suspects seront acheminés pour les besoins d’auditions judiciaires ; et les spécialistes des forces de sécurité, en l’occurrence les gendarmes et les policiers spécialisés. En la matière, compte tenu de la complexité des opérations d’enquêtes criminelles sur ce terrain du trafic international de drogue, les autorités maliennes, pour mieux rentabiliser des résultats probants, devraient multiplier des actions de coopération avec d’autres pays, plus équipés et mieux enclins à leur apporter des mesures concrètes et opérationnelles dans cette lutte contre la grande criminalité. Il y va de la stabilité du pays.

Sékouba Samaké

Source: info-matin