Né en marge du Colloque International sur le thème “Droit et esclavage en Afrique de l’Ouest“, tenu à Bamako du 16 au 18 octobre 2017, au Campus Universitaire de Badalabougou-nouveau bloc de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako, le Réseau G5 Sahel anti-esclavage est un mouvement anti-esclavagiste actif dans les 5 pays du Sahel et composé des associations engagées dans la lutte contre l’esclavage dans l’espace sahélien qui abrite malheureusement les derniers bastions d’une pratique abjecte d’un autre âge. De sa création à aujourd’hui, le réseau G5 Sahel anti-esclavage a tissé des relations avec des activistes et mouvement abolitionnistes, des chercheurs et organisations progressistes à travers le monde notamment au Sénégal, en Ile Maurice, en France, en Grande Bretagne.
Le raffermissement de ces relations a été concrétisé par l’appel lancé à Niamey, à la communauté internationale en marge du colloque international tenu du 18 au 20 décembre 2018. A travers une déclaration dit Appel de Niamey, les associations Timidria du Niger, IRA-Mauritanie, Temedt du Mali, Festichams du Burkina Faso, Enfant Ared du Tchad et Gran Lekol Filozofi de l’Ile Maurice après une analyse peu reluisante de la problématique de l’esclavage dans les pays du Sahel ont exigé plus de rigueur de la communauté internationales en prenant des mesures contre ceux de ces pays qui sont inertes dans la lutte contre ce phénomène parmi lesquels la Mauritanie.
Au moment où la communauté internationale semble adopter une telle stratégie comme moyen de pression contre des pays récalcitrants comme la Mauritanie, nous sommes surpris et outrés, qu’en notre nom, un président d’une organisation mauritanienne (Fondation Sahel) s’exprime et sur la base d’une appréciation étriquée de la situation en Mauritanie demande la levée d’une mesure que les autorités américaines avaient prises contre l’Etat mauritanien qui perpétue l’esclavage et la discrimination, protège les esclavagistes et tortionnaires, réprime les abolitionnistes et militants des droits humains.
Nous sommes donc indignés que les efforts que nous avons consentis des décennies durant, avec l’aide des défenseurs de droits humains, dont beaucoup d’ONGs, d’organismes et de gouvernements, soient réduits à un bradage par des personnes prétendant appartenir à nos réseaux.
Aussi tenons-nous à rappeler que la déclaration faite par le responsable de cette association, après une visite au département d’Etat américain le 2 octobre 2019, affirmant l’inefficacité des sanctions par la suppression des privilèges de l’Agoa et sur l’urgence de soutenir le nouveau chef de l’Etat mauritanien par la levée de cette mesure, n’engagent pas les abolitionnistes mauritaniens et leurs collègues des ONGs anti-esclavagistes et des droits humains, au Sahel, en Afrique et de par le monde.
En tout état de cause, cette approche n’ayant pas l’adhésion du réseau G5 Sahel et des défenseurs des droits humains, nous, structures membres du réseau G5 Sahel anti-esclavage :
-Plaidons pour le maintien de ces sanctions , car c’est grâce à la pression internationale que des avancées significatives ont été notées dans la lutte contre les pratiques d’esclavage et ses séquelles en Mauritanie : la promulgation des lois criminalisant l’esclavage, la mise en place des tribunaux spécialisés dans la poursuite des esclavagistes ainsi que l’institutionnalisation de la journée du 6 mars de chaque année comme journée nationale de lutte contre l’esclavage sur tout le territoire mauritanien ;
-Constatons et fustigeons ces dernières années une recrudescence d’un régime féodalo-esclavagiste soninké qui sévit impunément contre les abolitionnistes issus de cette communauté notamment dans une région du Sud Mauritanien, le Guidimagha ;
-Dénonçons la création et le financement des structures parallèles, favorables au système esclavagiste construit et entretenu par certains gouvernements dans le seul but d’infiltrer certains milieux associatifs et réseau des partenaires en vue de déstabiliser le combat mené par les vrais militants de lutte contre l’esclavage ;
-Estimons que c’est au nouveau président mauritanien, Mohamed Cheikh Ould Ghazouani de mériter la levée des sanctions liées à l’Agoa par une application totale et effective des lois en vigueur en Mauritanie portant sur la lutte contre les pratiques de l’esclavage et ses séquelles ainsi que par la déconstruction et la destruction du racisme domestique et d’Etat dont souffre des franges importantes du peuple Mauritanien ;
-Tenons à réaffirmer notre disponibilité à tout dialogue et échanges avec les autorités de nos pays respectifs, visant à améliorer notre lutte contre les pratiques de l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie, et dans toute la sous-région.
Les signataires :
Timidria du Niger, -Temedt du Mali, -Ared du Tchad, -Festihams du Burkina, -IRA Mauritanie, -Gran Lekol Filozofi de l’Ile Maurice, -L’association des Haratine de Mauritanie en Europe (AHME) ; -Armepes France, -Collectif des associations de lutter contre l’esclavage en milieu Soninké
Source: Mali Tribune