Cette fois il semblerait bien que ce soit la forêt qui cache l’arbre à la plus mauvaise racine du Mali. De cette métaphore à l’augure frileux découle ce qui se passe au pays de Modibo Keita où on se délecte, depuis la reprise triomphale de la région septentrionale mythique de Kidal, de ce qui s’apparente au recouvrement d’une plénitude territoriale. En effet, aucun Malien n’oubliera cette mémorable date du 14 Novembre 2023 lorsque la ville de Kidal, au cœur des débats et intérêts à l’échelle internationale, s’est retrouvé dans la besace de l’Etat Malien au détriment de la rébellion Touareg separato-terroriste après plus de 11 ans d’absence.
En dépit de l’excitation et de l’extase que pourrait susciter cette libération tant attendue, tout porte à croire qu’on est dans un décor de communication muette d’intentions de part et d’autre. Des évènements tragiques de début 2012 à ce mi-novembre 2023, voulons-nous réellement faire de l’histoire de Kidal un écran de fumée ou une suite de mensonges sur laquelle on peut se mettre d’accord ? En tout cas, les cicatrices d’humiliations et de bassesses sont trop profondes pour ne pas s’ulcérer à nouveau, surtout avec la mort subite de l’accord pour la paix et la réconciliation conclu en 2015, qui manquerait peut-être pas de s’exhumer à son temps.
Sur un tout autre plan, si cette reprise de Kidal intervient dans un contexte où l’Etat malien en n’ayant cure d’aucun regard extérieur, y compris des partenaires bilatéraux historiques, le mutisme de la communauté internationale et de ses affidés en dit long sur le malaise qui couve dans une contrée que bon nombre de ses autochtones ont choisi de désertée.
Somme toute, aussi grande soit la fierté du Malien lambda à l’annonce de sa reprise triomphale, il n’en demeure pas moins qu’on ressent à bien d’égards de contestations muettes et des non-dits. Ils peuvent certes présentement résonner comme une tempête dans un verre d’eau, mais rugir comme un cyclone ravageur dans le futur.
Seydou Diakité
Le Témoin