« Quand la pluie vous bat, il faut arrêter de vous arroser ». Voilà une sagesse africaine que les Maliens ont royalement ignorée ces temps-ci.
Des commerces et des maisons de Peulhs, Dogons sont saccagés dans plusieurs localités par des Maliens furieux qui ont vite franchi le Rubicon d’une chasse aux sorcières dirigée contre des ethnies.
C’est pour prôner l’apaisement et éviter les amalgames que le président IBK s’est adressé à ses compatriotes par la voix des ondes. Le danger est perceptible et c’est heureux que le chef de l’Etat malien ait pris les devants.
Les ennemis de la Nation sont bien connus et l’armée a reçu mission de les mettre hors d’état de nuire. D’où vient alors cette mauvaise idée de faire subir l’enfer sur terre à des frères (avec qui ils vivaient en bonne intelligence avant ces évènements) parce qu’ils sont Dogons ou Peuhls ?
À l’évidence, la violence des combats et leur issue incertaine pour l’heure, trouble le bon sens de nombreux citoyens maliens et les font tomber dans des considérations dangereusement ethnicistes. On peut également penser que les évènements viennent relancer des conflits latents entre les ethnies qui forment la population malienne.
De fait, cela repose sur la problématique de la construction des nations en Afrique. Des Etats ont été créés mais pas des nations. Visiblement, les populations ont vécu ensemble pendant des décennies mais elles ne partageaient pas une communauté de destin et les mêmes valeurs.
Il ne faut donc pas s’étonner de cette fracture sociale douloureuse parce que le Mali court de graves dangers à cause de la crise sécuritaires au centre. L’Etat malien a, en tous les cas, du souci à se faire.
Quand on analyse les derniers évènements, on peut penser que dans la guerre contre les djihadistes dans le centre, il ne semble pas bénéficier du soutien des populations. Quand elles ne marchent pas pour demander des nouvelles de leurs proches envoyés au front, elles veulent casser du Peuhl ou du Dogon pour crier leur mécontentement. Il faut espérer que l’appel au calme du président IBK sera entendu par nos compatriotes.
En effet, il faut certainement faire baisser la fièvre pour que les réformes constitutionnelles puissent se tenir à bonne date. Le risque, c’est de se rendre à l’évidence de la nécessité de la prorogation du mandat des députés à cause de la crise sécuritaire et de son lot de violences.
De toute façon, si le mandat d’IBK se termine dans l’adversité, c’est à son remplaçant que la tâche la plus ardue reviendra. Et là, le combat n’est pas gagné d’avance avec ces djihadistes plus forts que jamais…
Jean Pierre James
Nouveau Réveil