Apparemment, la situation sécuritaire au nord du Mali ne cesse de se détériorer. Rappelons qu’outre les multiples attaques terroristes subies par les casques bleus, des civils sont quasi-régulièrement liquidés ou dépouillés de leurs biens. A cela s’ajoutent les tirs de roquettes devenus également monnaie courante dans le septentrion de notre pays Ainsi, le lundi 27 octobre dernier, ce sont deux leaders de la communauté Sonraï qui ont été tués par balle près de la localité d’Abatine.
Le drame a coïncidé avec le marché hebdomadaire de la ville de Kasba, dans l’arrondissement de Bamba (cercle de Bourem), située à environ 130 km à l’est de la ville de Ber. C’est sur cet axe que les corps des deux victimes ont été retrouvés. De sources bien informées, il s’agit de deux frères dont l’un s’appelle Ghali Hafidhou.
Bien que leurs meurtriers n’aient pas été encore retrouvés et les circonstances de ce crime non encore élucidées, tout porte à croire qu’il s’agit d’un règlement de comptes. En effet, ces deux personnes étaient réputées farouches opposants au projet des séparatistes du MNLA et de leurs acolytes.
Selon leurs proches contactés après le drame, Ghali et son frère ont reçu plusieurs menaces pour mettre fin à leurs critiques acerbes à l’encontre des séparatistes. Des personnes de leur entourage ont même été enlevées et menacées de mort si elles n’usaient pas de leur influence pour faire épouser la cause sécessionniste aux deux frères.
D’autres sources privilégient cependant l’hypothèse du crime crapuleux en indiquant qu’il pourrait s’agir d’un braquage qui aurait mal tourné. Il est vrai qu’à chaque marché hebdomadaire, des hommes armés interceptent des commerçants et des forains pour les dépouiller de leurs marchandises et argent. Et au cas où ils n’obtempèrent pas, ils sont souvent froidement abattus.
Une situation qui résulte de l’insécurité généralisée qui prévaut dans cette partie de notre territoire échappant à tout contrôle. A noter que suite aux affrontements de mai dernier dans le nord du Mali, l’armée a abandonné plusieurs positions dont certaines sont contrôlées par les mouvements armés et d’autres sont livrées à elles-mêmes.
Des hommes armés non identifiés ne se réclamant d’aucun mouvement profitent de la situation pour commettre des braquages et d’autres activités crapuleuses. Seules les forces françaises de l’opération Barkhane et dans une moindre mesure celles de la MINUSMA osent s’y aventurer, mais pas sans risque.
Par ailleurs, l’on apprend que les proches des victimes ont promis de venger leurs morts. Ce qui laisse présager un pourrissement de la situation qui est déjà délétère. Il faut rappeler que ces violences interviennent alors que les différentes parties engagées dans les pourparlers de paix à Alger sont de retour au Mali en vue de discuter avec leurs bases les éléments du document de synthèse présenté par la médiation. D’ores et déjà, il semble désormais clair pour tous que les séparatistes n’approuvent pas du tout le contenu de ce document en ce sens qu’il remet en cause leur projet d’indépendance, d’autonomie ou de fédéralisme.
Massiré DIOP