a conférence des bailleurs sur le Sahel initialement prévue ce jeudi a été reportée alors que le besoin financier existe pour apporter de l’aide à des millions de personnes. Ce qui représente un risque pour les actions humanitaires dans la zone. Face à la situation, 5 organisations internationales dans un communiqué conjoint s’indignent et alertent sur les conséquences de cette décision.
La rencontre des bailleurs annoncée pour se tenir ce jeudi 18 juin a été reportée. La décision constitue une sérieuse menace pour les actions humanitaires au profit des individus très vulnérables qui sont déjà sous le coup de la souffrance alimentaire. Ce report est désapprouvé par 5 organisations internationales à savoir : Action contre la Faim (ACF), CARE International, Norwegian Refugee Council (NRC), OXFAM et Save the Children.
Dans un communiqué, elles alertent sur les conséquences de cette situation alors que le contexte dans le Sahel n’a jamais été aussi inquiétant. Avec l’impact de covid-19 et le début de la période de soudure, une « pandémie de la faim » vient désormais menacer une région déjà fortement éprouvée par de multiples crises, où 24 millions de personnes (y compris des enfants), un nombre sans précédent, ont déjà besoin d’une aide humanitaire urgente, indiquent les organisations.
Dans le même contexte, les violences et massacres se poursuivent et contraignent toujours plus de personnes à fuir leurs foyers, les besoins humanitaires explosent et les financements eux tardent à arriver. À la moitié de l’année 2020, les plans de réponse humanitaire au Sahel restent financés seulement à hauteur de 26 % ou moins, s’indignent-elles. Déjà, en 2019, seule la moitié des financements nécessaires avaient pu être mobilisés, affirme le communiqué conjoint.
« Face à l’urgence de la situation au Sahel et alors que la soudure de juillet à août va aggraver encore la situation pour des millions de personnes, le report de la conférence des bailleurs est un coup de plus qui risque d’être fatal pour des millions de Sahéliens. La faim, elle, n’attend pas. La communauté internationale ne peut pas abandonner le Sahel au moment où les populations ont le plus besoin d’aide, nous sommes à un point de rupture », interpellent les organisations.
Également, la pandémie du coronavirus, qui est en train de secouer le monde, a aggravé la vulnérabilité des populations des pays à faibles revenus, à l’image de ceux du Sahel. Dans cette zone, la crise humanitaire et alimentaire a atteint le seuil alarmant. En effet, au Sahel Central, 5,5 millions devraient souffrir d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure, soit 2,5 fois plus que la moyenne des cinq dernières années. Les mesures prises par les pays pour ralentir la pandémie ont permis d’éviter, pour l’heure, les scénarios catastrophes annoncés au début de la pandémie COVID 19. Cependant, elles ont aussi fragilisé les ménages, et en premier lieu, les plus précaires.
De nombreux parents des pays du Sahel sont désœuvrés à cause de la pandémie. Conséquence, ils peinent à trouver le moyen à assurer la prise en charge alimentaire de leurs enfants. À Kaya, au Burkina Faso, des personnes déplacées internes ont manifesté en avril dernier devant la mairie pour appeler à l’aide. La situation est d’autant plus dramatique pour les femmes, qui se privent de manger pour sauver leurs enfants, dont l’état nutritionnel pourrait rapidement se dégrader.
Pour les organisations signataires dudit communiqué conjoint, les bailleurs ne doivent pas être indifférents à ces cris de détresse, d’impuissance de la part de la population. C’est pourquoi la communauté internationale doit soutenir les efforts déjà engagés par les pays du Sahel en réponse aux multiples défis auxquels ils font face. En 2020, selon OCHA, 2,8 milliards de dollars sont nécessaires au Sahel pour apporter une aide vitale à 24 millions de personnes. À cela s’ajoutent les 638 millions demandés pour la réponse à la pandémie de covid-19.
Par Sikou BAH
INFO-MATIN