Le Barreau malien a fait sa rentrée solennelle hier jeudi 8 février à la Cour Suprême autour du thème : « crise sécuritaire et libertés publiques ». C’était sous la présidence du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta.
« La crise sécuritaire et les libertés publiques », c’est le thème choisi par le barreau malien pour sa rentrée solennelle au titre de l’année 2018. Les travaux ont débuté hier jeudi 8 février à la Cour suprême sous la présidence du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, président du Conseil supérieur de la magistrature. Plusieurs avocats issus d’autres pays de l’espace UEMOA, le président de la conférence internationale des barreaux (CIB), Gaston Stanley et le vice-bâtonnier du barreau de Paris, Bazil Ader étaient au rendez-vous.
Selon Gaston Stanley, président de la Conférence Internationale des Barreaux (CIB), venu d’Haïti, le thème choisi est pertinent et en phase avec l’actualité. Pour preuve explique-t-il, depuis près de deux décennies, le monde est en crise avec des attentats en série. Cette situation, selon lui, pousse les autorités à prendre certaines mesures entravant les libertés publiques. A titre d’exemple, le président du CIB Gaston Stanley a cité l’état d’urgence. Dans l’application de cette mesure d’exception, selon lui, l’autorité publique peut souvent outrepasser la légalité. Et le Mali,pays en crise depuis 2012 doit servir de bon exemple aux pays africains en matière de préservation des libertés publiques.
MeAbdoulaye Soma du Burkina Faso ajoutera que la protection des droits de l’Homme en période de crise sécuritaire préoccupe les Etats africains. D’où le choix du thème « crise sécuritaire et libertés publiques » par le barreau malien pour sa rentrée 2018. Selon lui, lorsque les Etats violent les libertés publiques, ils sont interpellés devant les juridictions nationales ou internationales. Et pour éviter de se faire condamner, les autorités publiques doivent recourir aux régimes de dérogation et garder en tête la nécessité de préserver les libertés.
« Lorsque le terroriste perd son humanisme, il ne perd pas son humanité. Il doit jouir de ses droits », a déclaré Me Abdoulaye Soma. Le vice-bâtonnier de Paris, MeBazil Ader, dira que les juristes sont dépositaires de l’Etat de droit. Et selon lui, sans droit et justice, il ne pourrait y avoir ni paix, ni réconciliation. Pour lui, il ne peut avoir de société sereine et prospère sans égalité entre homme et femme. En clair, selon lui, les femmes doivent jouir des mêmes droits et du même traitement que les hommes à tous les échelons de la société.
Me Alhassane Sangaré, bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali, a rappelé que le corps d’avocat est fondé sur les principes de la probité, de la dignité, de l’indépendance, de la loyauté, de la compétence entre autres. Selon lui, la crise sécuritaire est un phénomène mondial. Et au-delà des autorités publiques, sa gestion implique tous les citoyens à divers degré de responsabilité. Raison pour laquelle rappelle-t-il qu’en période de crise, il est souvent demandé aux citoyens de renoncer à une partie de leurs droits au profit de l’intérêt supérieur.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita quant à lui n’a pas tari d’éloges à l’égard des avocats. « Le métier d’avocat est particulièrement exigent et beau ». Et selon lui, « tout humain a droit à la défense ». Mais il a reconnu la délicatesse pour le pouvoir public de préserver les droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme.
La cérémonie d’ouverture de cette rentrée du barreau a été marquée par la plaidoirie de Maxime Poma, lauréat du concours international de l’art oratoire et de Rokiatou Makadji, lauréate du concours d’éloquence. L’assistance a été émerveillée par la brillante présentation des deux jeunes avocats.
Lassina NIANGALY
Source: Tjikan