Des enfants en file indienne entonnant l’hymne national avant de recevoir comme première leçon modèle:«La Culture de la citoyenneté», la scène semble ordinaire, mais dans la capitale de l’Adrar des Iforas, cela a un sens particulier. En effet, les écoles dans cette région septentrionale étaient fermées depuis 2012, privant ainsi des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation. C’est en 2017 que la Région de Kidal a connu une rentrée timide. Cette année, elle renoue véritablement avec la normalisation. Ils sont plus de 6500 élèves à reprendre ce 1er octobre le chemin des classes dans la région. Le top départ a été donné par le gouverneur, Sidi Mohamed Ichrach, accompagné des autorités scolaires de la région.
Cette réouverture des classes au même moment que le reste du pays est un signal fort dans le processus de paix et de réconciliation et surtout de normalisation dans cette région où l’éducation intègre les priorités du gouvernement. Ainsi sur la centaine d’écoles, tous cycles confondus, que compte Kidal seulement une vingtaine avait rouvert leurs portes en 2017. Cette année, la région ambitionne d’en rouvrir une soixantaine, soit 32 écoles au CAP de Kidal, 26 à Tessalit, 1 à Abeibara et 1 à Tinesako.
C’est le Complexe scolaire Baye Ag Mahaha qui a abrité la cérémonie d’ouverture officielle des classes à Kidal. Pour le directeur de l’Académie de Kidal, Ibrahim Ag Mohamed, cette rentrée marque non seulement le début de la normalisation mais elle constitue aussi l’aboutissement de plusieurs mois de travail pour d’abord convaincre les parents de ramener leurs rejetons à l’école mais aussi pour réhabiliter les établissements fortement dégradés et enfin pour poursuivre la reconstitution les dossiers scolaires et académiques détruits pendant la crise. «Cette année, nous sommes en phase avec le calendrier scolaire national puisque nous avons débuté en même temps que le reste du pays. Si nous arrivons à enrailler les difficultés structurelles, notamment l’insuffisance d’enseignants, je pense que nous allons faire une bonne année scolaire. Car, ici, la reprise est un espoir pour les enfants qui vont se mettre à l’abri des tumultes de la rue, de la violence et emprunter le chemin de l’avenir, donc de l’école», a-t-il indiqué.
Après avoir visité les différentes écoles de la capitale de l’Adrar des Iforas, le chef de l’exécutif régional s’est réjoui des dispositions prises par les autorités scolaires régionales pour une bonne reprise des classes. «L’année dernière, la région a connu une rentrée scolaire timide et des milliers d’enfants étaient restés à la maison, faute de non réhabilitation. Aujourd’hui, certaines écoles ont été réhabilitées. Les enfants de Kidal comme partout, à travers le pays, renouent avec l’école. Cette reprise concerne toute la Région. La reprise se fera progressivement pour certaines zones suivant l’évolution de la situation sécuritaire, a précisé le chef de l’exécutif régional», Sidi Mohamed Ichrach.
Ouvrant solennellement les classes, Sidi Mohamed Ichrach a transmis à la population le message de paix du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. «La place des enfants est à l’école, non sur les champs de bataille, ou dans la rue», a-t-il martelé. Cependant exergue-t-il, malgré l’enthousiasme de cette rentrée normale, les défis restent énormes. «Les besoins à couvrir dans le secteur de l’éducation dans la Région restent nombreux. Il y a des travaux de reconstruction et de réparation à faire dans les écoles, du mobilier à acquérir, du matériel didactique à reconstituer et un programme à adapter aux conséquences de la crise sur les enfants. Aujourd’hui, c’est une quarantaine d’écoles aptes à recevoir les enfants et les enseignants qui ont été ouvertes. Cependant, le processus est progressif et au fur et à mesure que les écoles seront rénovées et que la situation sécuritaire de la zone le permettra, les classes rouvriront, car nous prévoyons la réouverture de 60 écoles», a-t-il assuré.
Pour le chef de l’exécutif, c’est surtout le problème d’enseignants qui se posent avec acuité. «En effet, sur les 430 enseignants fonctionnaires affectés dans la région, seulement 35 sont aujourd’hui présents et le reste en abandon de service. Pour faire face à cette situation particulière, la région a sollicité les services de 170 volontaires. Là aussi, un problème criard de niveau se pose puisque plus de 100 volontaires ont un niveau inférieur au DEF. Ces volontaires sont payés par les parents élèves mais aussi les appuis financiers des bonnes volontés dans la région. Quant aux professeurs de Lycée, ils n’ont pas rejoint leurs postes et suivent le mot d’ordre de leur syndicat qui demande des primes spéciales pour venir à Kidal», a-t-il indiqué.
Pour le gouverneur, l’autre difficulté majeure est la problématique des cantines scolaires. «La réouverture des cantines scolaires s’avère fondamentale dans la région. Car les repas scolaires contribuent à l’amélioration de la fréquentation et de la performance scolaire. Ils constituent également une incitation pour les parents à envoyer et à garder leurs enfants en particulier les filles à l’école le plus longtemps possible d’où cet appel aux partenaires de l’Ecole mais aussi de la région pour la réouverture des cantines scolaires dans la région», a-t-il lancé.
Pour ce qui concerne la situation sécuritaire de sa région, notamment la sécurisation des écoles et des enseignants, le chef de l’exécutif régional saluera l’engagement constant des groupes armés à accompagner le processus et indiquera que des dispositions particulières seront prises.
La Rédaction
Source: Essor