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Rentrée littéraire : LA LUCIDITE PROPHETIQUE DE FRANTZ FANON

C’est l’amphithéâtre Kari Dembélé de l’ENSUP qui a accueilli mercredi, une conférence débat sur le thème « Frantz Fanon, l’Algérie et l’Afrique ». Cette conférence qui entrait dans le cadre de la 5è édition de la Rentrée littéraire, était animée par Mme Alice Sherki qui fait partie de ceux qui ont eu le privilège de côtoyer le célèbre écrivain, disparu le 6 décembre 1961 à l’âge de 36 ans. Elle avait à ces cotés Firoze Manji, homme de lettres kenyan qui a écrit beaucoup de récits sur Frantz Fanon et Sami Zennadi, éditrice, qui dirigeait les débats. L’assistance était principalement composée d’étudiants et hommes de lettres.
Particulièrement qualifiée pour dresser le portrait biographique et intellectuel de l’écrivain, pour avoir travaillé à ses côtés en Algérie et en Tunisie, dans son service psychiatrique, et partagé son engagement politique durant la guerre d’Algérie, Alice Sherki a expliqué que Frantz Fanon est « né antillais, mort algérien ».

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Psychiatre de son état, elle a délivré un témoignage riche sur celui qui fut à la fois psychiatre, écrivain et penseur politiquement engagé et dont les écrits continuent encore d’éclairer les événements d’aujourd’hui. Ses mises en garde à l’endroit des pays colonisés en voie d’indépendance se sont révélées prophétiques. Après leur indépendance, ces pays ont eu du mal à se défaire de l’étau des puissances coloniales, rappellera-t-elle.
L’auteur des « Damnés de la terre » a produit une œuvre « irrecevable », soulignera Alice Sherki. « Son propre parcours ne l’était pas moins et la manière dont il s’interrogeait sur « la culture dite d’origine », sur le regard de l’autre et sur la honte n’a pas toujours été reconnue », ajoutera-t-elle.
Alice Sherki a surtout dépeint un « Fanon éveilleur de consciences, généreux sans concessions, habité par le sentiment tragique de la vie et par un espoir obstiné en l’homme ».
« Nous parlons beaucoup de l’Afrique, mais il ne faut pas oublier qu’avant d’être Africains nous sommes des hommes, des êtres humains, qui appartiennent au monde entier. » C’est par ces mots de Cabral que Firoze Manji a ouvert son intervention afin de souligner les liens inextricables qui lient ces deux grandes figures de l’émancipation des peuples indigènes. En relisant Fanon récemment, dira-t-il, il a été frappé par le fait que, bien que nous n’ayons plus affaire à la domination coloniale, les façons dont les élites dirigeantes de nos jours se comportent avec leurs propres citoyens, rappellent les conditions décrites par l’écrivain.
Dans sa présentation, Firoze Manji a abordé cinq aspects de ces conditions semblables aux mises en garde de Fanon. Il s’agit de la répression et de la violence, des pertes de la culture et de la mémoire, de la croissance d’une bourgeoisie nationale parasitaire ou même, de la nature du prolétariat d’aujourd’hui.
Pour Sami Zennadi, Frantz Fanon fait partie de ceux qui ont analysé l’aliénation, le néocolonialisme, l’impérialisme. Il s’est intéressé à l’être pour le débarrasser des chaînes qui font qu’il se sent inférieur.
La Rentrée littéraire du Mali qui fait appel un grand nombre de personnalités, se veut un rendez-vous continental. Les étudiants venus nombreux ont apprécié un événement qui leur permet d’écouter les échanges de haute volée et de grande richesse entre de grands intellectuels.
Lougaye ALMOULOUD

source : L Essor

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