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Renouvellement du Mandat de la Minusma: ce que plaide le Mali ce que propose l’ONU

La position de la France, des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de la Belgique et de l’Allemagne. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont examiné, ce mercredi 12 juin 2019, pendant 2h30 minutes d’horloge (de 15 h à 17 h 30 heure de New York, soit de 19 h à 21 h 30 GMT) au siège des Nations unies à New York, le rapport du Secrétaire général, Antonio Guterres, sur la situation socio-politique et sécuritaire de notre pays, exercice annuel et obligatoire depuis l’installation de la mission onusienne au Mali, en juillet 2013.

Le Mali était représenté à ce rendez-vous incontournable pour le renouvellement du Mandat de la MINUSMA par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiébilé Dramé.

Trois jours après l’attaque meurtrière de Sobane-Da qui a fait officiellement 35 morts dans le centre du Mali, le secrétaire général Antonio Guterres, à travers le Chef de la Minusma Mahamat Saleh Annadif, a présenté après-midi, au Conseil de sécurité, en présence du chef de la diplomatie malienne Tiébilé Dramé, les options prévues pour une possible « adaptation significative » de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Pour le Chef de la Minusma, malgré les retards qui persistent, la volonté toujours exprimée par les parties signataires de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation offre encore de réelles chances de faire avancer la cause de la paix dans les six à 12 prochains mois.

Mais, a-t-il averti, la lueur d’espoir qui pointe à l’horizon ne pourra se transformer en véritable opportunité sans une accélération dans la maîtrise de la situation sécuritaire, notamment dans le centre du pays.

Mahamat Saleh Annadif propose ainsi que la Misma se limite aux projets qui contribuent directement à la mise en œuvre de l’Accord dans le nord ou qui répondent à des besoins particuliers dans le centre.

L’appui apporté aux Forces de défense et de sécurité maliennes devra être maintenu. Mais selon lui, cet appui serait fourni désormais par l’équipe de pays plutôt que par la MINUSMA.

Afin d’ajuster la présence de la MINUSMA dans le centre du pays, Mahamat Saleh Annadif propose que le camp de la Mission à Diabali soit transféré aux Forces armées maliennes début 2020.

Dans le centre, la priorité de la Minusma restera la facilitation des efforts du gouvernement visant à faciliter le rétablissement de l’administration de l’État et le renforcement de son appui aux autorités pour lutter contre l’impunité.

Donc en clair, la Minusma n’est pas toujours disposée à aller à l’offensive frontale contre les groupes terroristes ni même à nous aider à la protection des populations civiles conformément à son mandat.

Réponse à ces promesses décevantes de la Minusma, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale Tiébilé Dramé a expliqué que la situation dans le centre est étroitement liée à celle du nord et constitue une conséquence directe de l’occupation d’une partie de cette région en 2012-2013 par les groupes terroristes.

Dans la perspective du renouvellement du mandat de la MINUSMA, Tiébilé Dramé a demandé au Conseil de sécurité de doter la Mission de moyens humains, financiers, technologiques et en équipements adaptés, lui permettant d’exécuter son mandat de protection des civils, mais aussi de mieux protéger son personnel et ses installations.

Tiébilé Dramé a aussi demandé une présence accrue de la MINUSMA dans les régions du centre, aux côtés des Forces de défense et de sécurité maliennes. Mais, a prévenu le ministre, cette présence ne doit pas se faire au détriment des régions du nord, car « nous ne voulons pas créer un vide sécuritaire dans cette partie de notre pays qui pourrait être occupée par les forces hostiles au processus de paix. »

Ce que plaide le Mali

M. TIÉBILÉ DRAMÉ, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a dit que la période sous examen a été marquée, sur le plan politique et institutionnel, par la nomination d’un nouveau Premier ministre, et la formation d’un gouvernement d’ouverture, le 5 mai 2019, l’objectif étant de créer les conditions d’un rassemblement national pour favoriser la recherche de solutions consensuelles à la crise multidimensionnelle dans le pays. Conformément à l’accord politique de gouvernance, les priorités majeures de l’action gouvernementale sont l’organisation d’un dialogue politique inclusif, la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la conduite consensuelle des réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales, la stabilisation du centre du pays et la lutte contre le terrorisme, et l’organisation de consultations référendaires et électorales.

Le Chef de l’État a nommé les personnalités chargées de conduire le processus de dialogue politique inclusif, à l’issue d’une large consultation de toutes les sensibilités. Pour faciliter leur travail, un comité d’organisation consensuel sera mis en place afin d’assurer la préparation matérielle et scientifique de ce dialogue.  Le 7 juin, le Conseil des ministres a prorogé le mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020 pour permettre l’adoption par l’Assemblée nationale des réformes politiques et institutionnelles qui seront décidées lors du dialogue national.

Concernant le redéploiement de l’Armée nationale reconstituée, a poursuivi M. Dramé, il faut noter la réintégration définitive en son sein des 529 anciens éléments des forces de défense et l’achèvement de l’enregistrement de 1 840 ex-combattants membres du Mécanisme opérationnel de coordination sur lesquels 1 309 ont été déclarés aptes et vont entamer une période de formation. Le Gouvernement et les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation continuent les consultations pour finaliser le projet de décret définissant les modalités d’attribution des rangs et des responsabilités des officiers de commandement des ex-combattants devant intégrer dans l’Armée reconstituée.

Pour ce qui est du développement des régions du nord du Mali, le Conseil des ministres a adopté les projets de lois fixant les principes fondamentaux de la création, de l’organisation et du contrôle des zones de développement au Mali. Ces projets créent également la zone de développement des régions du nord. Le Gouvernement travaille avec l’ensemble des parties signataires en vue d’arriver à la signature d’une nouvelle feuille de route révisée, assortie d’un chronogramme réaliste.

La situation dans les régions du centre du Mali, a reconnu le ministre, constitue un sujet de préoccupation pour le peuple malien. Il a rappelé les événements tragiques survenus dans la nuit du 9 au 10 juin 2019 qui ont fait 35 victimes et non 95 comme précédemment annoncé.  En réponse à ces actes barbares, le Gouvernement a pris une série de mesures dont l’ouverture d’une enquête préliminaire, la poursuite et l’interpellation de six personnes en lien avec ces événements dont deux par la MINUSMA, le déploiement de patrouilles sur le terrain, la fourniture d’une aide humanitaire et la prise en charge médicale des blessés.

M. Dramé a annoncé que dans la lutte contre l’impunité, 70 personnes sont détenues en lien avec les conflits intercommunautaires dans les cercles de Bankass et de Koro. Le Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée a ouvert une enquête dans le dossier d’Ogossogou. En conséquence, une information judiciaire a été ouverte et 10 personnes ont été placées sous mandat de dépôt pour actes terroristes, entre autres. Le Gouvernement a également créé un cadre politique de gestion de la crise au centre du Mali qui a pour objectif de combiner l’approche politique et l’approche militaire et sécuritaire, en vue d’apaiser la situation et de résoudre la crise sur une base durable. Le dialogue à l’intérieur des communautés en crise et entre les communautés sera un axe privilégié.

La crise du centre, a expliqué le ministre, est intimement liée à celle du nord et constitue une conséquence directe de l’occupation d’une partie de cette région en 2012-2013 par les groupes terroristes. Les premiers adhérents à l’idéologie extrémiste violente ont été recrutés par le Mouvement pour l’unification et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et les principaux leaders sont aujourd’hui les chefs de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).  La principale figure du jihadisme au centre du Mali est affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). La logistique utilisée contre les forces vient du nord, a affirmé le ministre. « La crise du centre est intimement liée à celle du nord », a-t-il martelé. L’objectif de l’institution militaire, a-t-il dit, est zéro cas de violation des droits de l’homme.

Le ministre a conclu en demandant au Conseil la prorogation du mandat de la MINUSMA pour une année supplémentaire et de la doter des moyens humains, financiers, technologiques et en équipements adaptés, lui permettant d’exécuter son mandat de protection des civils, mais aussi de mieux protéger son personnel et ses installations. Le Gouvernement, a-t-il dit, demande une présence accrue de la MINUSMA dans les régions du centre du Mali, aux côtés des Forces de défense et de sécurité maliennes afin de protéger les populations civiles et leurs biens, de mettre un terme au cycle de violence et de permettre le retour de l’administration et des services sociaux de base. Le ministre a souligné que la présence de la Mission au centre ne doit pas se faire au détriment des régions du nord, car « nous ne voulons pas créer un vide sécuritaire dans cette partie de notre pays qui pourrait être occupée par les forces hostiles au processus de paix ».

Ce que propose l’Onu, à travers la Minusma

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a estimé que le Mali s’engage en ce moment dans une période critique de son processus de paix. La volonté toujours exprimée par les parties signataires de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali offre encore de réelles chances de faire avancer la cause de la paix dans les six à 12 prochains mois, et ce, malgré les retards qui persistent. De ce fait, les efforts importants de bons offices tendant à favoriser l’appropriation de l’Accord par les Maliens et à renforcer la confiance entre les parties doivent être poursuivis. Le Représentant spécial a ajouté que ce sont ces bons offices qui ont permis la signature du Pacte pour la paix, dont l’une des réalisations est d’étendre la mise en œuvre de l’Accord à des mouvements qui y adhérent, bien qu’ayant fait dissidence de leur groupe d’appartenance d’origine. Les mêmes efforts ont permis la mise sur pied d’un groupe au sein du Parlement, chargé spécialement de suivre la mise en œuvre de l’Accord. Il a néanmoins déploré le peu de résultats quant à l’inclusion des femmes dans les structures de mise en œuvre de l’Accord, tout en saluant une plus grande implication des organisations de la société civile dans l’espace public. Celles-ci, sous l’impulsion de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ont en effet convenu d’établir des observatoires de l’action des institutions créées dans le cadre de l’Accord, notamment les assemblées régionales.

M. Annadif a indiqué que le processus de paix au Mali est entré dans une nouvelle phase avec la nomination, le 22 avril 2019, d’un nouveau Premier ministre, M. Boubou Cissé, et la signature le 2 mai de l’accord politique de gouvernance entre la majorité et l’opposition démocratique. Le tout a été suivi de la formation, le 5 mai, d’un gouvernement d’ouverture dont le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Tiébélé Dramé, est la parfaite illustration. Ce développement qui fait de la mise en œuvre de l’Accord, une priorité, ouvre également la voie à la création d’un consensus politique plus large autour des réformes politiques et institutionnelles. Le consensus obtenu pour la prolongation du mandat de l’Assemblée nationale est une indication de cette volonté d’aller de l’avant. Dans la même veine, le projet de loi portant création de la zone de développement du nord a déjà été adopté par le Gouvernement et transmis à l’Assemblée nationale. De plus, l’accord politique de gouvernance du 2 mai assigne au Gouvernement la tâche d’organiser un dialogue politique inclusif, dont l’ambition est de permettre aux Maliens de se parler afin de dégager une vision partagée sur les grands défis auxquels fait face le pays.

Parallèlement à ces évolutions politiques importantes, le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées et réformées avance de façon encourageante, a estimé le Représentant spécial. Il a rappelé que le retour effectif de l’administration dans le nord est le gage du retour des services sociaux de base qui permettra aux populations de bénéficier des dividendes de la paix, une question qui était l’un des objectifs phares de l’Accord pour une paix durable au Mali.

Mais, a averti le Représentant spécial, la lueur d’espoir qui pointe à l’horizon ne pourra se transformer en véritable opportunité sans une accélération dans la maîtrise de la situation sécuritaire, notamment dans le centre du pays.

« Ce qui s’est passé dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin dans le village de Sobane Da dans la région de Mopti nous rappelle la gravité de la situation », a-t-il prévenu, ajoutant que cela fait suite aux massacres de Koulougon et de Ogossogou respectivement le 1er janvier et le 23 mars 2019, toujours dans la même région de Mopti. C’est justement après le drame d’Ogossogou que la MINUSMA, dans le cadre de son mandat de protection des civils, avait monté l’opération Oryx en coordination avec l’opération Kapigdou des Forces de défense et de sécurité maliennes. Cette opération d’urgence se fonde sur la protection des civils, grâce à la dissuasion et l’anticipation des menaces, ainsi que par le biais de la lutte contre l’impunité.

« Le cycle infernal de la violence qui se poursuit doit être arrêté au risque que chacun soit tenté de se faire justice lui-même », a martelé M. Annadif, avant de souligner l’importance de la lutte contre l’impunité. Il a salué l’affectation d’un procureur de la République à Mopti ainsi que les récentes arrestations opérées par l’État malien. Il s’est aussi félicité de la mise en place par le Gouvernement d’une cellule de coordination de toutes les initiatives en matière de sécurité au centre.

Par ailleurs, la MINUSMA a adopté une stratégie intégrée pour le centre, en ligne avec le cadre stratégique intégré (ISF) et dispose, depuis le 28 mai 2019, d’un secteur militaire spécifiquement dédié au centre du pays.  Il y a quelques années, la majorité des effectifs de la Mission était assignée à la protection des camps, a rappelé le Représentant spécial, notant qu’aujourd’hui, la situation s’est complètement inversée en ce sens qu’au moins 70% d’entre eux sont sur le terrain, notamment pour la protection des civils ou l’escorte des convois de ravitaillement, alors que près de 30% sont assignés à la sécurité des installations. Parallèlement à ce travail au centre, les efforts sont maintenus avec la présence de la MINUSMA dans le nord, notamment pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord. La reprise des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel en début d’année est également un élément important à prendre en compte, a noté le Représentant spécial.

Afin de poursuivre l’ajustement de la composition des composantes civiles et en uniforme de la MINUSMA en faveur d’une mobilité plus accrue, le Secrétaire général a soumis, dans son rapport, des propositions de réassignation de certaines unités spécialisées et la possibilité de transférer certains camps, à commencer par celui de Diabali, aux autorités maliennes. Le Représentant spécial a affirmé que le processus de paix au Mali connaît un tournant décisif grâce à cette impulsion de la MINUSMA, à l’engagement des parties signataires de l’Accord et à celui des autres partenaires.

 Info Matin

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