Manifestation brutalement réprimée, presse muselée… Dans un climat politique tendu à l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, le 29 juillet, les violences du régime, lors de la manifestation de l’opposition du 2 juin, jettent une lumière crue sur le niveau où est tombé le Mali. Qu’on ne s’y trompe pas : malgré le contexte pacifié dans lequel s’est déroulée six jours plus tard la manifestation de la « Coalition pour l’alternance », rassemblant près de 300 000 personnes à l’appel de l’opposition pour réclamer une élection transparente et un accès équitable à l’ORTM, le malaise est bel et bien là.
C’est dans ce contexte qu’est née la Convention des Bâtisseurs, qui ambitionne de restituer au Mali ses valeurs républicaines et au peuple malien, sa dignité. Cette coalition d’opposants, qui vient de rencontrer le Premier ministre, a obtenu des garanties quant au déroulement du scrutin, mais elle en attend d’autres, telles que les moyens d’empêcher un électeur de voter plusieurs fois. Nous réclamons aussi des responsabilités accrues dans les bureaux de vote. Sur place, l’inquiétude des Maliens, légitime, vient renforcer leur défiance vis-à-vis de la classe politique traditionnelle bipolaire.
Qu’on ne s’y trompe pas : au-delà de la revendication d’élections transparentes, ce qui est dénoncé par mes compatriotes, c’est la corruption généralisée, l’absence de mesures contre la mauvaise gouvernance,la dégradation constante de la situation sécuritaire du Mali et le chômage des jeunes. C’est la dérive d’un pays livré à lui-même qui est pointée. Il est temps d’agir pour lui permettre de retrouver sa grandeur passée !
Agir pour mieux former les militaires et sortir d’une situation de dépendance vis-à-vis des forces des Nations Unies. Mieux armer, mieux former nos soldats et renforcer nos services sociaux pour que les familles de nos vaillants soldats se sentent vraiment soutenues.L’accord de paix d’Alger, censé isoler définitivement les djihadistes, est resté lettre morte et des pans entiers du pays échappent toujours au contrôle des militaires. Depuis sa signature, en mai-juin 2015, les attaques se sont étendues en centre et au sud du pays, débordant sur les pays voisins. Cet accord, bien que mal négocié, contient en substance quelques éléments pour restaurer la paix au Sahel. Ne manque plus que la volonté politique pour le mettre en œuvre !
En plus d’être un préalable indispensable à une paix durable, c’est LE prérequis au retour des investisseurs, à condition d’être couplé à une bonne gouvernance. Le Mali doit se mettre en ordre de marche pour conduire une stratégie sécuritaire constructive, corrélée aux problématiques socio-économiques du pays. Il faut combattre le mal à la racine, et sur tous les fronts : le sous-développement et la pauvreté, la corruption et la mauvaise gouvernance. Tout est à refaire, les institutions mêmes du pays sont à reconstruire et le dialogue inter-communautaire, à relancer à l’échelle nationale pour réconcilier la population afin de sortir de notre repli identitaire.
Face à l’ampleur des défis à relever, le développement du Mali requiert une impulsion économique couplée à une nécessaire décentralisation, avec des assemblées aux pouvoirs élargis, et à la redistribution des richesses aux régions. Autant d’orientations indissociables d’un leadership exemplaire et d’une tolérance zéro dans la lutte contre la corruption, l’argent détourné suffisant, s’il était correctement utilisé, à faire sortir le Mali d’une logique d’assistance et à lui rendre sa dignité. Nous devons gagner en autonomie et trouver nous-mêmes des solutions pour notre pays. Sinon, qui le fera pour nous ?
Il est temps de nous approprier nos problématiques, ce qui implique de mobiliser la société malienne à tous les niveaux – en incluant leaders religieux et chefferie traditionnelle -, de banaliser la consultation démocratique et le processus de prise de décision participatif. L’heure est venue de s’attaquer aux vrais problèmes que sont la justice sociale, l’éducation et l’emploi des jeunes, leviers de développement majeurs, mais aussi de valoriser le statut des femmes dans notre société. Cela doit se traduire aussi bien par la parité dans nos institutions que par la mise en œuvre d’un programme pour épauler les veuves de guerre.
L’ampleur de la tâche requiert l’élection d’un homme nouveau et fédérateur afin de s’attaquer aux problèmes qui gangrènent notre pays, à commencer par la corruption et la mauvaise gouvernance.Fort de quatre décennies au service de la diplomatie et des TIC, j’entends capitaliser sur ma somme d’expériences internationales et sur ma connaissance fine des leviers de développement IT pour sortir le Mali du marasme sécuritaire et économique dans lequel il est plongé. J’ai toujours été fier d’être malien, je veux rendre cette fierté à mes concitoyens. L’heure du changement est venue !
Source: africanews.com