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Relation Afrique-France : « L’Afrique n’attend pas la France » (Institut Montaigne)

« L’Afrique n’attend pas la France ». C’est l’un des messages forts de la dernière étude de l’Institut Montaigne, rendue publique ce mercredi 20 septembre. Le document adresse 9 propositions chocs aux entreprises et autorités françaises pour refonder et rééquilibrer leurs relations avec l’Afrique.

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Le  nouveau paradigme africain matérialisé par l’affermissement des institutions et de la démocratie,  la formation et l’emploi des jeunes, l’aménagement urbain, la diversification des économies ou encore le risque d’un retour du surendettement, appelle l’appareil politico-économique français à une lecture afro-réaliste du continent. Une réalité qui s’impose à la puissance occidentale.

Pour le rapport intitulé « Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui ? », « le quinquennat qui s’ouvre doit être celui de l’afro-réalisme ».

L’étude codirigée par Dominique Lafont (ancien directeur général de Bolloré Africa Logistics) et Jean-Michel Huet (du cabinet BearingPoint), fruit d’une cinquantaine d’auditions menées auprès d’institutionnels et d’entreprises de divers secteurs et de différentes tailles, plaide pour la mise en œuvre d’une stratégie  de développement économique à long terme en faveur du continent.

Avec sa proximité culturelle, politique et juridique avec une grande partie du continent, notamment une langue officielle en commun dans 22 pays, la France dispose d’importants atouts en Afrique. Des leviers sur lesquels l’Hexagone devrait s’appuyer afin de s’inscrire dans une nouvelle dynamique de coopération avec l’Afrique.

La France perd du terrain en Afrique

Bien que les parts de marché françaises restent à 13,7 % en 2016 dans la zone franc, elles ont perdu dix points, notamment au profit de la Chine, depuis le début des années 2000. Les parts en Afrique subsaharienne (environ 4 % en 2016), ont été divisées par 2,5 depuis le début de ce siècle.

Les 163 écoles françaises présentes sur le continent perdent de leur influence au profit du système anglo-saxon de plus en plus plébiscité par les étudiants africains.

« En France, il s’agit d’investir davantage et autrement, de multiplier les opportunités pour nos entreprises en nouant des partenariats locaux et de renforcer nos liens dans l’éducation et le capital humain. En Europe, il s’agit de refonder la logique qui a longtemps prévalu : d’une relation “pays-continent” il est temps de muter vers une relation “continent-continent”, bâtie sur des accords renouvelés et des ambitions partagées », préconise le rapport qui s’adresse aussi bien aux dirigeants français qu’européens.

La France doit porter une politique et une stratégie de développement économique franche en Afrique

Le rapport du think thank appelle les autorités françaises à changer de discours sur l’Afrique. Un discours afro-réaliste, pragmatique, loin des débats passionnés alimentés par les camps afro-optimistes et afro-pessimistes, est aujourd’hui plus opportun.

« Il est impératif de laisser nos inhibitions derrière nous en faisant collectivement le choix d’un nouveau discours : un discours de restart. Il suppose de lever les tabous. La corruption, les alternances démocratiques, les pratiques financières de certains pays émergents, le Franc CFA, ne doivent pas être abordés qu’à mots couverts », a-t-on pu lire.

Des propositions chocs pour redresser la barre

Au nombre des recommandations phares, l’institut Montaigne propose d’orienter davantage l’aide publique au développement française vers les start-up, les très petites entreprises (TPE), les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI), tout en augmentant les montants dédiés au capital-risque et au capital amorçage, via Proparco et le nouveau fonds entre l’Agence française de développement (AFD) et la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

Un autre point important des propositions chocs est la nécessité de favoriser la création de Partenariats public-privé (PPP) dans le secteur de l’éducation, en faisant appel aux entreprises investissant en Afrique, les écoles et universités étrangères et africaines, et les pouvoirs publics africains.

La facilitation de la délivrance de visas économiques et de visas étudiants dans le but de multiplier les opportunités pour les Africains, tout en facilitant leur accès à l’emploi en France, est un autre point focal des recommandations de l’institution.

Aussi, la France devrait-elle envisager de créer un guichet unique d’accès aux différents outils de financement, d’assurance et d’aide technique à l’export, à destination des entreprises françaises.

Si le rapport semble optimiste vis-à-vis de la politique « macronienne » à l’égard de l’Afrique, en témoignent la création d’un Conseil présidentiel africain (CPA) et son discours de politique internationale où le continent y tient une place de choix, l’enjeu sera de transformer les intentions et recommandations en actes pour donner un nouvel élan aux relations franco-africaines.

Fiacre E. Kakpo

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