Inciter les décideurs à s’intéresser davantage à la problématique de l’intégration sous régionale, de la réinsertion et de la réintégration des migrants de retour au Mali était le thème d’une rencontre, ce samedi, dans un hôtel de la place, entre organisations de la société civile, structures en charge de la création d’emplois et décideurs. Les mouvements migratoires qui jouent, depuis quelques années, un apport important dans le développement au Mali, font face à beaucoup de difficultés liées à sa perception et sa gestion par les États.
La cérémonie d’ouverture des travaux des échanges était présidée par Mme Tangara Nema Guindo, secrétaire général, du ministère des Maliens de l’extérieur, en présence du président de l’AME, Ousmane Diarra. On y notait également la présence des structures de création d’emploi, notamment l’ANPE.
Selon Ousmane Diarra, la diaspora malienne contribue largement au développement socio-économique et culturel du pays, à travers des transferts de fonds importants. La Banque mondiale a estimé à cinq cent trente-huit milliards (538 milliards) de FCFA le montant transféré par la diaspora malienne en 2017. Cependant, ces dernières années, a-t-il fait constater, la migration internationale fait face à beaucoup de difficultés liées à sa perception et sa gestion par les États, dont les nombreuses pertes en vies humaines lors des tentatives de traversée du désert et de la méditerranée. À cela s’ajoutent, poursuit-il, la chasse aux immigrés dits clandestins dans les pays d’accueil ou de transit et les différentes formes de reconduites aux frontières qui sont les contraintes des législations des pays d’accueil où on assiste à l’émergence de partis politiques et de mouvements d’extrêmes droites hostiles aux migrants et manifestent à leurs égards des sentiments xénophobes et racistes.
Les conséquences de ces politiques hostiles à la mobilité humaine se font sentir jusqu’au niveau de l’espace de libre circulation CEDEAO qui prône également l’intégration entre les populations de cette zone.
Selon des statistiques de la Direction générale des Maliens de l’extérieur (DGME), citée par Ousmane Diarra, 89 000 Maliens ont été expulsés entre 2002-2013, dont 90,7 % des pays d’Afrique. En 2017, plus de 3000 ressortissants ont également été rapatriés depuis la Libye. Ce défi constitue un sujet de préoccupation majeure, notamment pour les OSC qui interviennent auprès des personnes expulsées au Mali, parce qu’elles sont constamment interpellées par les migrants pour servir d’intermédiaires avec les décideurs, selon le patron de l’AME.
La représentante du ministre des Maliens de l’extérieur a salué cette initiative de l’AME qui œuvre beaucoup déjà dans l’accueil, la protection et même la réinsertion des migrants de retour au pays.Elle a rassuré que le gouvernement de son côté est à l’œuvre pour créer des opportunités d’emploi en vue de retenir les jeunes tentés par la migration faute de perspective.
Selon Mme Tangara, pour protéger ses ressortissants et assurer leur réinsertion, le Mali a entrepris plusieurs actions visant à se doter d’instruments juridiques, institutionnels et politiques en matière de la gestion de la migration. C’est ainsi qu’une Politique nationale de Migration (PONAM) a vu le jour qui se fixe comme objectif une meilleure gestion de la migration afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement durable du pays. Il a été adopté en 2014 avec un plan d’action quinquennal de 120 milliards de francs CFA. C’est dans ce cadre que près de 4000 migrants ont déjà été insérés pour un montant de 495 millions de francs CFA.
Par Sidi DAO