La régie publicitaire des Aéroports du Mali (ADM) est au centre d’un conflit opposant le Groupement professionnel des Agences de communication (GPAC) et la direction générale des ADM. Les agences de communication dénoncent le monopole de fait accordé à une autre agence de communication, la société « Matrix », sur la régie publicitaire des Aéroports du Mali.
Après le coup d’Etat de mars 2012, la bande à Sanogo a pu placer certains de ses éléments à la tête de quelques services publics pourvoyeurs de fonds. Parmi ceux-ci, il y a les Aéroports du Mali dont le PDG par intérim est le Colonel Daouda Dembélé. Qui est accusé de ne pas respecter les partenaires des ADM. Pis, les marché de gré à gré seraient monnaie courante. En tout état de cause, certaines agences de communication ne comprennent pas l’octroi d’un monopole sur les attributions d’un service public à une société privée. La régie publicitaire des Aéroports du Mali focalise toutes les attentions du fait d’une certaine opacité qui entoure sa gestion.
De quoi s’agit-il ?
Non content de la façon dont est gérée la régie publicitaire des Aéroports du Mali, le Groupement professionnel des agences de communication a saisi le Président directeur général des ADM pour exprimer son indignation.
Dans sa réponse, en date du 30 décembre 2013, adressée au président du Groupement professionnel des agences de communication (GPAC), le PDG par intérim des ADM tente de se disculper. « Un appel d’offre pour la gestion de la régie publicitaire de ’’ Aéroports du Mali’’ a été lancé le 26 novembre 2012 sous le N°0017/MEAT-ADM.
Le 20 décembre 2012 à 10h00, la commission de dépouillement a constaté qu’un (01) seul dossier d’appel d’offres a été acheté au compte de Matrix-Sarl-Publicité et Communication. Après des relances, la commission a conclu infructueux l’appel d’offres. « Aéroports du Mali », se référant au code des marchés publics en son article 49 de la passation des marchés, est entré en négociation avec les agences de communication selon leur besoin. Ainsi, « Aéroports du Mali » a eu à signer des conventions avec des Agences avant et après la signature de la convention de Matrix- Sarl-Publicité et Communication… En résumé, la convention de Matrix a été signée au même titre que toutes les conventions en vigueur dans le domaine aéroportuaire et ne constitue point un monopole… », indique le Colonel Dembélé. Mais ses écrits sont très loin de la pratique sur le terrain. D’autres lettres du même PDG viennent prendre le contre-pied de cette réponse à la correspondance du GPAC.
D’abord, selon certaines agences de communication, l’appel d’offres dont il est question serait passé en catimini. Aucune des agences de communication, partenaires des ADM, n’en a pris connaissance. La preuve, c’est que ces agences partenaires avaient, au moment des faits, leurs activités dans l’espace aéroportuaire. Elles n’expliquent pas comment la société « Matrix » est la seule agence à s’intéresser à la régie des ADM et la seule à postuler. Curieusement, les annonces sont passées sous le « nez » des anciens partenaires qui étaient d’ailleurs sous contrat avec les Aéroports du Mali.
Contrairement à ce que dit le PDG par intérim, Matrix-Sarl aurait bel et bien un monopole sur la régie publicitaire des Aéroports du Mali. Dans différentes correspondances adressée (intuitu personae) à des agences de communication, le PDG par intérim, à l’image de ses camarades de la junte, se dédit. « Je vous informe qu’une partie de la régie publicitaire de « Aéroports du Mali » est confiée à la société de communication ‘’Matrix’’. Aussi par la présente, je vous demande de prendre attache avec ‘’Matrix’’ pour toute activité publicitaire à ‘’ Aéroports du Mali’’ », souligne-t-il dans une de ces correspondances.
Amateurisme ou incompétence, le PDG intérimaire multiple les bourdes. A chaque agence, il faut imaginer un prétexte pour l’éloigner de la régie et renforcer le monopole de fait de sa protégé. Pour certaines agences, c’est une partie de la régie qui a été attribuée à « Matrix », mais pour d’autres, c’est la totalité. « Je tiens à vous informer que ‘’ Aéroports du Mali’’ ne s’occupe plus de cette activité [la régie publicitaire des ADM, ndlr]. Ladite activité incombe désormais à la société ‘’Matrix’’. De ce fait, ‘’Aéroports du Mali’’ vous prie de bien vouloir vous adresser à cette dernière… », Précise le PDG par intérim, dont les agissements commencent à faire baisser considérablement les recettes des ADM. « La trésorerie de ‘’ Aéroports du Mali’’ est mise à rude contribution », mentionne-t-il dans certaines correspondances. Au lieu de s’en prendre à sa gestion, il en fait les moyens d’écarter les autres agences de communication qui ont plusieurs années de partenariat avec les Aéroports du Mali, en décidant de résilier leur contrat et en les obligeant à passer par Matrix pour tous leurs besoins de publicité dans l’espace aéroportuaire.
Des rapports douteux…
Nos différentes tentatives de rapprocher la direction générale des ADM sont restées vaines. Le PDG est inaccessible. Et le flou entoure toujours ce marché de gré à gré attribué à une société privée.
On se demande alors, si le PDG par intérim défend les intérêts des Aéroports du Mali ou continue-t-il à entretenir la saga financière de la bande des putschistes. Ses rapports avec « Matrix-Sarl » sont plus que douteux, si l’on tient compte des conditions dans lesquelles la société « Matrix » a pu s’arroger tous les droits sur la régie publicitaire des ADM. Prenez la route de l’Aéroport de Bamako-Sénou, et vous vous rendrez compte de l’étendue de la mainmise de Matrix sur l’espace aéroportuaire au détriment de dizaines d’agences de communication de la place. Ça sent bien l’odeur… de la magouille !
Idrissa Maïga