Patrouille de l’armée malienne dans les rues de Kidal en 2006.
AFP
Dans le nord du Mali, des combats ont eu lieu, le mercredi 5 juin 2013, entre l’armée malienne et le Mouvement national de libération de l’Azawad. L’armée a repris la ville d’Anéfis aux rebelles touaregs, une ville clef, située à une centaine de kilomètres de pistes de la ville de Kidal, toujours contrôlée, elle, par le MNLA. Les combats ont commencé avant 6 heures du matin, heure locale, et se sont arrêtés en fin de matinée. Les rebelles touaregs ont donc été contraints de reculer.
« Les militaires maliens ont pris Anéfis. Nous sécurisons la zone ». Ce sont les mots du capitaine Traoré, porte-parole de l’armée malienne, à l’issue des combats entre les soldats maliens et le MNLA pour la ville d’Anéfis, située à une centaine de kilomètres de Kidal. Le porte-parole poursuit, un brin provocateur : « Il n’y a pas eu beaucoup de résistance. »
Le MNLA a une explication : « Ils nous ont attaqués avec des blindés, justifie Moussa Ag Assarid, un représentant du groupe rebelle touareg. Alors nous avons quitté la ville pour qu’il n’y ait pas de victime chez les civils, assure-t-il, mais nos hommes sont toujours autour d’Anéfis et dans toute la région. »
L’armée malienne était menée par le colonel Didier Dacko, qui était jusque-là chef des opérations dans la ville de Gao, et par le colonel Elhadj Ag Gamou, le dernier chef militaire touareg resté fidèle à Bamako.
Un mort et plusieurs blessés
L’armée malienne revendique la mort d’un combattant du MNLA, de deux prisonniers, de quatre véhicules récupérés et d’un autre détruit. Elle ne déplore aucune perte, mais deux soldats blessés. De son côté, le MNLA confirme la mort d’un de ses combattants, de deux autres blessés, mais ne confirme pas les prisonniers.
Est-ce que cela va s’arrêter là, ou est-ce que les militaires maliens vont poursuivre leur route vers Kidal, qui est le véritable enjeu de ces combats ?
« Pour le moment, dit le capitaine Traoré, l’objectif est de rétablir le calme dans la ville, mais la progression va continuer pour rétablir l’intégrité territoriale du Mali, en vue de la tenue des élections. »
« Nous nous battrons » promet le MNLA
« Nous nous préparons à tout, répond le MNLA, et nous nous déployons sur tout le territoire de l’Azawad », c’est-à-dire le nord du Mali. « L’armée malienne nous attaque, mais de Douentza à Tinzawaten, nous nous battrons, » promet Moussa Ag Assarid.
Pour le mouvement rebelle touareg, ces attaques montrent que le gouvernement malien « accorde très peu d’importance aux efforts de la communauté internationale en faveur d’un règlement négocié du conflit ». Des discussions ont en effet été engagées à Ouagadougou, chez le médiateur burkinabè, depuis plus d’une semaine. Par ailleurs, des négociations officielles doivent débuter demain : négociations qui représentent une véritable chance pour les Maliens, selon Macky Sall, le président sénégalais.
« Je crois qu’une armée, quelle qu’elle soit, obéit à des ordres du pouvoir politique, estime-t-il. Aujourd’hui, il y a des concertations à Ouagadougou, et il y a une « dead line » qui attend d’être épuisée. Toutes les voies de dialogues doivent être épuisées avant d’engager une solution militaire ».
L’optimisme de Macky Sall
« Je pense qu’à moins d’un mois de l’élection présidentielle, il serait très dommageable d’engager une action militaire, souligne le chef d’Etat sénégalais. Nous avons des chances aux élections et nous poursuivrons avec les Maliens le débat sur la réconciliation nationale et sur l’unité ».
Interrogé sur le manque de transparence possible de ces élections, Macky Sall se veut résolument optimiste.
« Ces élections devront être tenues et elles pourront totalement être transparentes puisque le Mali, globalement, est quand même sous contrôle, à l’exception de Kidal, tempère le président sénégalais. Il y a un camp de forces françaises sur place et je pense que les autorités politiques et administratives maliennes pourront également être à Kidal si cet accord est obtenu. A partir de ce moment, les conditions minimales seront réunies pour que l’élection se tienne également sur l’ensemble du territoire malien et je crois qu’il n’y aura pas de problème ».
Laurent Fabius
Ministre français des Affaires étrangères Kidal n’est pas en dehors du Mali, il ne peut y avoir deux drapeaux pour un même pays. |
Par RFI