Le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité (CNRSS) a tenu, le vendredi dernier à la Primature, sa toute première réunion, sous la présidence effective du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga. La rencontre a réuni autour du chef du gouvernement, des ministres, des membres des groupes armés (Plateforme et Coordination des mouvements de l’Azawad) ainsi que de nombreux hauts gradés de l’armée malienne. Ensemble, ils ont passé en revue les premières activités menées par le Commissariat à la réforme du secteur de la sécurité, qui est l’organe opérationnel du CNRSS.
«Il s’agit aujourd’hui d’apprendre à réfléchir ensemble, à faire appel à l’intelligence collective des Maliens pour réformer le secteur de la sécurité. La réforme ne se décrète pas, il faudrait bien qu’il y ait un dialogue entre les acteurs. Nous devons travailler à améliorer nos capacités, à répondre aux menaces et surtout garantir la sûreté nationale». C’est en ces termes que le président du CNRSS, Abdoulaye Idrissa Maïga, a introduit cette première rencontre qui s’est déroulée à huis clos.
D’une nécessité avérée, cette réforme du secteur de la sécurité est un processus idoine pour améliorer les capacités de l’Etat en vue de répondre aux menaces de toutes sortes et garantir plus efficacement la protection des citoyens et de leurs biens ainsi que celle des institutions.
Nul besoin de rappeler que notre pays est confronté à de multiples défis, aussi bien à l’échelle nationale que transnationale. La criminalité urbaine et péri urbaine, les conflits communautaires et intercommunautaires, la rébellion récurrente dans le nord, les crises scolaires et sociales, les aléas climatiques… sont autant de défis à relever. A ceux-ci, s’ajoutent les menaces transnationales se traduisant notamment, par le terrorisme, les trafics de drogue, d’armes légères…
Ces défis d’envergure appellent une réponse holistique et collective, qui passe par le renforcement de l’efficacité des institutions publiques et de la conscience collective.
Telle est en tout cas la conviction des autorités maliennes, avec en tête le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, qui, dans sa volonté d’aller vers un développement global, s’est résolument engagé dans le processus de réforme du secteur de la sécurité.
C’est d’ailleurs pour mettre en œuvre cette volonté du chef de l’Etat qu’a été mis en place un groupe de travail pluridisciplinaire dont les travaux ont abouti à la création du CNRR. Cette structure doit mener un processus de réforme conformément aux normes internationales, avec pour objectif de disposer de forces (défense, sécurité, économiques et environnementales) et d’un arsenal judiciaire capable d’assurer un système de sécurité global. «Il s’agit d’aller vers une compréhension plus large de la sécurité, permettant à tous les acteurs d’apporter leur contribution à la protection de la cité, tout en ayant des mécanismes de contrôle permettant de s’assurer que tout se passe dans le respect de l’Etat de droit et des droits humains», a indiqué Abdoulaye Idrissa Maïga.
Ainsi, notre pays entend mettre en harmonie le triptyque Paix-Sécurité-Développement pour le bonheur de chaque Malien. Selon le Premier ministre, le Conseil national, au-delà de sa mission régalienne, joue un rôle important dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, notamment en ce qui concerne entre autres la «réflexion sur une nouvelle vision nationale de la sécurité et de la défense», l’établissement des «critères, quotas et modalités de l’intégration des combattants dans les corps constitués de l’Etat, y compris au sein des forces armées».
Au terme de la rencontre, le commissaire à la réforme du secteur de la sécurité, l’inspecteur général Ibrahima Diallo, a expliqué que les participants ont échangé sur les premières activités menées par le Commissariat. «L’exercice a consisté à présenter le Conseil national, ses structures, sa composition et ses missions», a détaillé l’inspecteur général.
Ensuite, a-t-il poursuivi, le Commissariat a présenté un projet de rédaction de la stratégie nationale -qui a été adopté par le Conseil-, et il a proposé une réunion de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité. Cette réunion regroupera non seulement les hauts responsables du pays, mais également les partenaires pour qu’ensemble «nous puissions discuter sur la stratégie nationale et voir comment est-ce que les uns et les autres peuvent apporter leurs contributions».
À l’issue de cette première réunion, le Premier ministre a donné des instructions et convoqué une nouvelle session, prévue dans deux semaines.
Issa Dembélé