Le Centre de formation et d’appui conseil pour le développement local (DELTA-C) en collaboration avec le Centre international d’études pour le développement local (CIEDEL) a organisé jeudi au Centre Djoliba une conférence débats sur le thème : « Le Mali, de la crise à la refondation : stratégie de sortie de crise et proposition de refondation ». En présence du directeur général du centre DELTA-C, le Dr Mamadou Kéita, les conférenciers, l’ancien ministre Ousmane Sy, et Pierre Calame du CIEDEL, se sont référés à un document produit à l’effet de la refondation du Mali pour expliquer les mécanismes et les stratégies sur lesquels reposerait la reconstruction d’un Mali nouveau. Il s’agira notamment, selon eux, de la refondation de la gouvernance, celle de la nation, du système de délivrance des services à la population. Cet Etat nouveau devra aussi procéder à la refondation de sa politique régionale de paix et de sécurité ; la refondation des forces de sécurité, de l’économie, de l’aide internationale mais aussi la refondation du débat public.
Les discussions de jeudi ont justement été suscitées dans le but d’approfondir le document, de le corriger et d’améliorer ses propositions. La conférence a été également l’occasion pour les commanditaires, auteurs et animateurs des débats d’expliciter leurs attentes et de prendre en compte les propositions et suggestions formulées au cours des échanges.
Pour refonder la gouvernance, le document fait, par exemple, des propositions de réforme structurelles profondes. Il préconise ainsi de s’appuyer sur les principes généraux de gouvernance pour inventer une gouvernance adaptée à chaque contexte.
En fait, explique Pierre Calame l’un des conférenciers, le document fournit des conseils pour améliorer la gouvernance dans notre pays. Il explique l’impérieuse nécessité d’associer réellement la population à cet effort de refondation. Ce qui de son avis est la seule garantie de sa continuité, car « il vaut mieux partir de politiques particulières, comme l’éducation, la santé, la justice, les services de base, la sécurité, élaborer des propositions de réforme propres à chacune d’elles », a préconisé Ousmane Sy, le second conférencier. Cette stratégie permettra de découvrir chemin faisant les défis communs, comme la corruption, la coupure entre la population et les services publics, la nécessité du pluralisme juridique.
Cette approche du particulier au général implique l’utilisation d’une grille de lecture commune des principes généraux de gouvernance pour orienter les propositions et une autre grille de lecture commune des principes fondamentaux d’une stratégie de changement pour définir le processus de transformation. L’usage de ces grilles communes assurera progressivement la cohérence de l’ensemble. On peut aussi penser que la conduite publique de ces processus stimulera les désirs de changement dans d’autres domaines que ceux qui feront l’objet des priorités dans les démarches collectives. Pour la refondation de la gouvernance dans notre pays le document propose d’appliquer à toutes les politiques le « principe de subsidiarité active ».
Pour la refondation de la nation, la mise en œuvre du processus doit suivre des principes qui tiennent compte de la complexité de l’initiative, de son étendue, de la diversité des défis, de l’unité dans la diversité. Il faut aussi tenir compte des principes fondateurs de notre société, des origines de la crise, et des perspectives d’avenir.
La refondation de la décentralisation nécessite une réorientation de l’aide publique au développement, au service d’une nouvelle étape de la décentralisation, selon les conférenciers. Un nouvel élan doit ainsi être donné à la décentralisation passant du contrôle a priori au contrôle a posteriori, de la planification à la stratégie.
Le document propose également deux ruptures d’égale importance : allouer une partie de l’aide à une réflexion malienne sur la gouvernance et le développement ; créer un fonds multi-bailleurs d’aide au niveau local. Aussi, un fonds doit être dédié aux collectivités territoriales pour une délivrance plus efficace des services à la population et un autre fonds dédié au développement local.
Dans le domaine de la sécurité et de la paix il faut construire une capacité régionale de réponse commune aux menaces à la paix et à la sécurité humaine.
L’éducation à la paix et à la sécurité humaine doit aussi être privilégiée. Il faut renforcer la paix et la sécurité par le développement économique et construire la paix après les crises. Il s’agit aussi et surtout de trouver des réponses internationales aux menaces globales. Pour les quatre volets – refondation des forces de sécurité ; de l’économie ; de l’aide internationale ; du débat public – le document propose un plan de relance dont l’objectif final est le développement du Mali unifié et en paix.
Abdourhamane TOURE