La question de l’inexpérience des jeunes diplômés maliens à la recherche d’emplois, a toujours été l’une des explications mises en avant par les autorités pour justifier, tant soit peu, leur situation de chômage ; voire de sous-emploi.
A ce premier constat, force est de reconnaître qu’il y a de plus en plus d’autres catégories de jeunes diplômés, en plus de cette première problématique, qui souffrent d’une autre, non moins négligeable au demeurant, et qui entrave considérablement leur insertion sur le marché de l’emploi. Il s’agit notamment des jeunes, qu’il convient d’appeler«les arabisants». Il importe de noter qu’il ne faudrait pas avoir une vision assez réductrice de ce vocable, d’autant qu’il ne s’agit pas seulement des jeunes ayant étudié dans la langue arabe, qui ne constitue pas en soi un handicap majeur comme ceux qui ont étudié en russe ou en chinois, mais principalement de ceux-là qui ont acquis des diplômes dans les filières suivantes : théologie, imamat…
Pour rappel, ces jeunes diplômés arabisants sont confrontés à l’épineuse question de «l’inadéquation formation/emploi». Ceci a pour conséquence néfaste que ces derniers se retrouvent avec des diplômes souvent supérieurs, qui ne leur «servent pratiquement à rien». Mais, tant bien que mal, ils se débrouillent eux-mêmes en se faisant peu ou prou une place au soleil. Toute chose se traduisant par l’apprentissage à certaines personnes du Coran ou en devenant purement et simplement des prêcheurs, des Imams, voire des interprètes.
Face à cette situation, l’Etat n’a pas voulu rester sans rien faire, car il a déjà posé les premiers jalons pour prendre à bras le corps cette problématique assez cruciale. C’est pourquoi certaines de ses structures ont signé des conventions avec leur association faîtière pour mieux considérer leur situation.
La présente réflexion consiste à proposer des créneaux à l’Etat en vue de permettre une insertion massive de ces jeunes. A cet égard, force est de reconnaître que le salut de ces jeunes pourra venir essentiellement de l’entrepreneuriat. Dans cet ordre d’idées, les programmes de formation en entrepreneuriat disponibles pour éveiller l’esprit d’entreprise chez les jeunes, doivent s’adapter à leur profil. Autrement dit, il serait judicieux de former une cohorte de formateurs en entrepreneuriat en arabe pour leur permettre de former, à leur tour, certains jeunes désirant se lancer dans l’entrepreneuriat pour qu’ils comprennent au moins les B.A.ba de cette question. Mais, toujours est-il que les plans d’affaires qu’ils produiront doivent être écrits en Français, dans la mesure où l’administration malienne est purement francophone. Ceci leur permettra de se comprendre avec les institutions financières qui seront sollicitées pour leur accorder des prêts.
Ainsi, les spécialistes en entrepreneuriat doivent réfléchir à des créneaux en lien direct avec le profil de ces jeunes. A titre d’exemple, il peut être négocié, auprès des mosquées, des espaces libres qui pourront être aménagés en érigeant des kiosques dans lesquels seront installés certains de ces jeunes, qui pourront mener des activités génératrices de revenus consistant à la vente des livres et instruments religieux. Il pourra en être aussi de leur organisation en groupement dans les communes, en partenariat avec les collectivités, où des équipements leur seront achetés et une ligne téléphonique permanente mise à la disposition de la population utilisatrice de leurs services. Dès lors, ils pourront s’occuper de tout ce qui est organisation des oraisons funèbres, d’organisation de baptêmes, des cérémonies de sacrifices en cas de décès, de mariages religieux, de lecture coranique à l’occasion d’aménagements dans les nouveaux habitats, de l’entretien des tombes, voire des cimetières…..
Cette expérience, une fois réussie, pourra être dupliquée dans toutes les localités du Mali, surtout celles à forte concentration des arabisants. Ceci aura pour effet bénéfique, la réduction drastique du taux assez élevé de mendicité dans certaines grandes agglomérations, et donnera tout le sens, à l’enseignement franco-arabe, qui fait partie de nos mœurs.
Source: Le Flambeau