Luxures pour d’aucuns, extrême pauvreté pour d’autres ; il n’est pas rare de voir au Mali, des personnes démunies et sans abris au point de mendier la journée afin de nourrir leurs familles, errer sur les grands avenues et boulevards pour ne pas dire dormir en même le sol. Des milliers d’écoles fermées, privant ainsi une importante quantité d’enfants de leur droit à l’éducation au centre et dans le nord du pays. Chômage à grande échelle au sein de la couche jeune, insécurité physique, sans parler des gabegies à outrance et détournements des deniers publics, de la corruption et du népotisme décriés les opposants politiques et les cyber activistes. La crise multiforme qui récure au Mali depuis 2012 ne pas encore suffisamment résolue malgré le soutien de la communauté internationale au Mali que nous assistons à une (impasse) politique avec comme revendication phare la démission du Président de la République. Les maux du Mali ne finissent pas et la recherche d’une solution définitive et efficiente s’impose donc, pour redorer le blason de la démocratie et de l’Etat de droit.
Du Mali des empires, des royaumes à la République du Mali de la démocratie le pays s’est fait distinguer par la résilience et le pacifisme de sa population face aux crises les plus grandiloquentes de son exitance. La population malienne est d’une patience et résilience tellement notoires qu’il en faut assez pour qu’elle se rebelle. Rien que pour se focaliser que sur le Mali indépendant, l’on peut attirer l’attention sur le cas du 1er Président du pays Modibo KEITA destitué par coup d’Etat militaire en 1968. Ce dernier au lendemain de l’indépendance a opté pour le panafricanisme à travers l’idéal de la création des Etats de l’Afrique unis pour ne faire qu’un, où il a d’ailleurs réussi à faire la fédération Mali-Sénégal qui s’est finalement éclatée en 1961. Sans oublier qu’il avait réussi à créer des usines de transformation des produits locaux et autres grandes entreprises comme la compagnie aérienne Air Mali. Nonobstant il fut destitué par coup d’Etat et mourut en détention des années après sans une grande reconnaissance ni honneur par ses putschistes tenant d’alors des rênes du pouvoir. Et peu à peu pléthore des grandes entreprises et compagnies de l’Etat furent privatisées ou fermées. Encore il n’y pas eu un soulèvement notoire pour s’opposer à cet état de fait. Après plus de 20 ans passés aux affaires, ce régime aussi a été apostrophé de dictatorial et frein aux libertés publiques. Puis après un bain de sang un autre putsch mis fin au régime du Général Moussa TRAORE et à son parti unique, à la recherche de la démocratie prônée par le multipartisme et la promotion des droits et libertés publiques.
En effet avec l’accession à la démocratie et au multipartisme quelques partis ont été créé en vue de conquérir et animer le pouvoir politique notamment le Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID) et l’Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ). Après les élections de 1992 le Mali a vécu une création faramineuse des partis politiques l’ADEMA-PASJ par exemple a connu beaucoup de scissions desquelles sont nés les partis Rassemblement Pour le Mali (RPM parti majoritaire et parti du Président de la République) et Union pour la République et la Démocratie (URD parti principal d’opposition donc de Soumaila CISSE). Sans compter les partis comme SADI, MPR et autres qui sont créés il y a plus de 25 ans au moins. Il faut reconnaitre que la présidence de la plupart des partis politiques au Mali est vraie semblablement toujours tenue par leurs Présidents fondateurs qui sont par la même occasion les candidats prioritaires du parti à chaque élection (présidentielle ou législative) ou pour être ministre, même si ces partis regorgent de militants pleins de savoir-faire. Et ce sont ces mêmes politiques qui clament l’alternance au sommet de l’Etat oubliant que le bon exemple se montre d’abord par son propre comportement. Les débats et oppositions politiques ne s’animent souvent que quand les intérêts personnels sont menacés et en général la différence entre les partis ne réside que dans les hommes et non les statuts et règlements. Ce qui porte à se demande si les hommes politiques conquièrent le pouvoir pour le bien-être des populations ou pour leurs propres intérêts, même si quelques rares leaders d’entre eux s’efforcent à changer la donne en vain. La Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques, prévoit l’octroi aux partis politiques d’une aide financière d’un montant annuel correspondant à 0,25% des recettes fiscales du Budget d’Etat. C’est donc un montant de 3,374.442.789 FCFA que 66 partis politiques se sont partagés au titre de l’aide publique pour 2018, rapporte le communiqué du conseil des ministres du 14 août 2019. En plus de cela l’espoir sur la nomination aux postes politiques font que la plus part de jeunes font la politique.
Depuis 1992 les Présidents ses succèdent démocratiquement au sommet de l’Etat mais à chaque fois les maliens en grande partie ne font que regretter les Présidents précédents et décrient la gestion des Présidents aux affaires de désastreuse. Ce qui sous-entend que malgré la démocratie et une législation de pointe pour la bonne tenue du pouvoir public, les personnes qui ont eu la charge de diriger le pays au même titre que le peuple malien ont du mal à trouver leur chemin depuis l’indépendance à nos jour.
En ce jour il n’est secret pour personne qu’un mouvement dit du M5-RFP est en plein essor pour la démission du Président de la République ou la diminution des ses pouvoirs. Ledit mouvement est composé d’opposants politique qui, en grande partie ont servi le même Président de la République décrié avec son entourage, soit en tant que conseiller et/ou en tant ministre, mais aussi de membres de la société civile et il est parrainé par le leader religieux l’Iman DICKO considéré comme autorité morale du mouvement.
En réalité pour tout bon analyste, il était prévisible que le Mali aboutisse à une telle crise, eu égard au fait que, depuis belle lurette la corruption et le népotisme longtemps décriées au sein de l’administration publique ou jusqu’au recrutement aux seins des forces de défense et de sécurités ce qui a contribué à faire chuter le pays. Et il est difficile que la solution vienne de la classe politique si les politiques ont accédé au pouvoir pour assouvir leurs intérêts individuels au détriment de l’intérêt collectif, des leurs débats il ne peut ressortir que des compromis stériles et des solutions opportunistes axées sur l’individu. Par ailleurs les beaux nombres de détournement des fonds publics à hauteur des centaines de millions voir des milliards (rapports 2018 Office Centrale de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite, Bureau du Vérificateur Général) ont fragilisés la confiance portée sur les hommes politiques et l’administration publique d’une manière générale.
Si nous essayons alors, d’aller au-delà des accusations et théories conspirationnistes à l’égard de l’occident, des discours partisanes et de porter un regard critique et analytique sur le contexte du pays de l’avènement de la démocratie à ce jour. Il importe de se demander pourquoi presque aucun secteur de protection et/ou de développement ne va bien, pourquoi tant d’inégalités et pourquoi la population est toujours résiliente ? Ou pourquoi quand les maliens ses rebellent c’est pour suivre un leader qui, une fois ‘’corrompu’’ avec une poste au sein de l’appareille de l’Etat ou les poches pleines, se tait ? sans doute parce que le peuple est toujours maintenu dans l’ignorance afin de pouvoir être manipuler à volonté par qui le veut.
En vue de faire un sursaut basé sur des alternatives civiques il serait pertinent alors, que les partis politiques vivent sur fond propres au lieu des aides de l’Etat, éduquent non seulement leurs militants au même titre que les autres jeunes et femmes afin que ces derniers ne soient pas instrumentalisés pour des causes d’intérêts personnels. Une éducation civique accrue et le retour aux valeurs culturelles de l’intégrité de chaque citoyen pour rehisser le pays, on ne peut parler de corrompus sans corrupteurs, si chaque malien s’engageait à ne pas corrompre, ni user du népotisme et ne pas assister à une corruption sans agir contre, il y aura donc moins de corruption. Que chaque citoyen s’engage à poser au moins un acte concret de développement dans sa communauté et il va y avoir des millions d’initiatives citoyennes de développement se coller comme des morceaux de puzzle. Les jeunes étant la base du futur il serait mieux de les inculquer les bases de l’entreprenariat, des valeurs de la responsabilité et la bonne citoyenneté au sein des familles et des quartiers. Il serait surtout mieux d’aller au-delà des discours partisans qui ne profitent qu’à quelques individus et se rassembler au tour de l’idéal commun. Cela pourrait empêcher au Mali de connaitre à nouveau des morts d’hommes d’une part et des saccages et/ou pillages des édifices et biens publics d’autre part.
Mahamadou A TRAORE