Ce sont les articles 21 et 22 de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui traitent du redéploiement des Forces armées et de sécurité : ‘’les forces armées et de sécurité reconstituées se redéployeront, de manière progressive à compter de la signature de l’Accord, sur l’ensemble des régions du nord. Ce redéploiement s’effectue sous la conduite du Mécanisme Opérationnel de coordination (MOC), avec l’appui de la MINUSMA’’ ; ‘’les forces redéployées devront inclure un nombre significatif de personnes originaires des régions du nord, y compris dans le commandement, de façon à conforter le retour de la confiance et faciliter la sécurisation progressive de ces régions’’.
Alors que ce redéploiement était prévu à compter de la signature de l’Accord, à savoir mai-juin 2015, selon des modalités bien définies, c’est seulement en 2020 que l’on aura le bonheur d’assister à l’application de ces dispositions. L’information a été donnée par Samba TALL, Directeur de la division Désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR) et Réforme du secteur de la sécurité (SSR), au cours du point de presse hebdomadaire de la MINUSMA du 16 janvier dernier : ‘’il est prévu de redéployer initialement une unité à Gao, une à Tombouctou et une à Kidal. La priorité étant Kidal. Donc, la première unité de l’armée reconstituée qui sera redéployée le sera à Kidal. L’état-major des armées et les mouvements ont beaucoup travaillé avec nous sur ce plan de redéploiement de ces premières unités. Nous soutenons l’état-major général. Une partie de ces éléments sont déjà à Gao. L’état-major doit finaliser toutes ces étapes et les redéployer’’.
Équipement et redéploiement des FAMa
Il faut souligner que cette annonce intervient à la suite du Sommet de Pau du 13 janvier où des engagements communs ont été pris par les chefs d’État du G5 Sahel devant leur homologue français. Et le redéploiement des Forces de défense et de sécurité reconstituées figure en bonne place de ces engagements où on peut lire : ‘’assurer le redéploiement à Kidal, avec le soutien de la MINUSMA, des premiers éléments des Forces de défense et de sécurité reconstituées, correctement équipés et encadrés : d’ici à la fin février 2020. Outre prioritairement à Kidal, assurer et clôturer le redéploiement des premiers éléments des Forces de défense et de sécurité reconstituées, avec le soutien de la MINUSMA, à Gao, Ménaka et Tombouctou : d’ici à la fin du premier trimestre 2020. Poursuivre, avec le soutien de la MINUSMA et dans le cadre du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), le processus de DDR et intégration accélérée pour atteindre 3000 combattants réintégrés supplémentaires et redéployer les Forces de défense et de sécurité ainsi reconstituées et l’administration sur l’ensemble du territoire : fin du deuxième semestre 2020’’.
Le retour de l’Armée (‘’reconstituée’’) à Kidal contribuera à n’en pas douter à une décrue de ce qui a été qualifié de sentiment ‘’antifrançais’’ ; d’autant plus que l’opinion nationale, dans sa plus large expression, est restée le bec dans l’eau, face à la transformation de Kidal en Condominium, où les FAMa quand sont présentes, sont cantonnées, brocardées au quotidien par des femmes et femmes et d’enfants en mission commandée de hiérarques qui ont leur agenda. Ce statut hybride de Kidal, qui reste sur l’estomac, ne peut que provoquer objurgations chez un grand nombre de nos compatriotes.
Le PM à Kidal
Autre dividende du Sommet de Pau, c’est un renforcement de la présence de l’Etat à Kidal. Il est indéniable qu’un pas important a été franchi avec la nomination d’un Gouverneur à Kidal (même s’il n’y réside pour le moment que de façon erratique) et sa sécurisation très prochaine par des éléments des Forces armées et de sécurité reconstituées.
Un pas supplémentaire sera bientôt franchi avec la visite à Kidal du Chef de l’Exécutif, le Dr Boubou CISSE. En effet, dans les engagements communs du Sommet de Pau, les chefs d’État sont convenus d’une ‘’visite du Premier ministre malien à Kidal, accompagnée des symboles de l’État et des services publics et sociaux de base, dans le cadre de l’Accord d’Alger : d’ici à la fin février 2020’’, en lien avec le redéploiement à Kidal, avec le soutien de la MINUSMA, des premiers éléments des Forces de défense et de sécurité reconstituées, correctement équipés et encadrés : d’ici à la fin février 2020.
Pour les chefs d’État, cette visite s’inscrira en droite ligne des conclausions du Dialogue National Inclusif malien qui recommande ‘’le retour de l’administration sur l’ensemble du territoire national’’ et la résolution 2480 du Conseil de Sécurité.
Il faut rappeler que dans le sillage de la visite de travail que le Premier ministre Boubou CISSE a effectuée en France, du 9 au 12 septembre 2019, des informations persistantes faisaient état de son déplacement sur Kidal avec plein cavillation. Si cette visite à Kidal n’a finalement jamais eu lieu, cette fois-ci semble la bonne, grâce à la bénédiction d’un engagement commun.
La contrepartie
Le clearing de tant de sollicitude de nos partenaires, c’est l’application par le Gouvernement des articles 14 (‘’l’État s’engage à mettre en place, d’ici l’année 2018, un mécanisme de transfert de 30% des recettes budgétaires de l’État aux collectivités territoriales, sur la base d’un système de péréquation, avec une attention particulière pour les régions du Nord, selon des critères à déterminer’’) et 37 (‘’une Conférence d’appel de fonds sera convoquée dans les deux mois suivant l’élaboration de la Stratégie spécifique de Développement. La Conférence instituera un Fonds pour le Développement Durable qui servira d’outil de financement de la stratégie spécifique de Développement’’) de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Ainsi, les chefs d’État sont convenus de : ‘’poursuivre le transfert de 30 pour cent des ressources de l’État malien aux collectivités territoriales, sur la base d’un système de péréquation, avec une attention particulière pour les régions du Nord selon des critères à déterminer. Adopter une loi portant création d’une police territoriale à l’échelle régionale [OP4 de la R2480] : premier semestre 2020. Rendre opérationnel le fonds de développement du Nord en mettant en œuvre un projet pilote qui devra être conçu conjointement par les parties maliennes et la société civile afin de faire en sorte que les populations du nord du Mali puissent bénéficier rapidement des dividendes de la paix [OP4 de la R2480] : premier trimestre 2020’’.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin