Le constat vaut tant pour le Mali que l’extérieur : la transition en cours est remarquable de par sa non-inclusivité. Elle est dénoncée avec régularité et vigueur par la classe politique et la société civile maliennes et déplorée par la communauté internationale, à l’unisson derrière la CEDEAO pour inviter les autorités en place à se conformer à la démarche consensuelle préconisée par la charte de la transition et vivement recommandée par tous les amis et partenaires du Mali en Afrique et dans le reste du monde.
De l’avis de tous ces acteurs locaux et étrangers, l’implication de toutes les forces vives de la nation dans la conception, l’élaboration et l’adoption des réformes politiques, institutionnelles, administratives, électorales, inscrites sur la feuille de route de la transition, est la condition sine qua non de la réussite de celle-là.
Pour sa part, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Anadif déclarait, avec un optimisme non feint devant le Conseil de sécurité, en janvier 2021, que « le succès de la transition dépendra de (ces) réformes » accompagnées par » des élections inclusives et crédibles et des résultats acceptés par la majorité des Maliennes et des Maliens « . Trois mois plus tôt, en octobre 2020, il prononçait dans le même cénacle ces mots : » La balle est dans le camp des Maliens et des Maliennes. La situation actuelle leur offre l’occasion de sortir le pays d’un cycle infernal ponctué d’une succession de coups d’Etat périodiques « .
A l’évidence ces propos empreints de réalisme n’ont pas bénéficié de l’écoute souhaitable de la part des tenants du pouvoir qui n’ont eu cesse de diriger la transition comme on le ferait d’un régiment (c’est le cas de l’écrire). Ce faisant, ils donnent le détestable sentiment de travailler pour leur propre compte et non celui du peuple malien comme ils le prétendent. Lorsque l’on préconise la suppression de l’aide financière publique aux partis politiques, à quelques encablures d’une kyrielle de consultations décisives pour le devenir du pays et que l’on s’obstine à vouloir maintenir un système électoral rejeté par les acteurs politiques et sociaux au motif qu’il est susceptible de manipulations eu égard au rôle prépondérant dévolu au gouvernement, il est évident que l’on cherche à affaiblir les partis politiques et que l’on poursuit un agenda caché. Lequel pourrait être la préparation d’un candidat proche de ceux qui contrôlent les leviers de commande de l’Etat et qui, une fois installé au palais de Koulouba par leurs soins, serait à leur ordre pour perpétuer leur mainmise sur le pays.
Une telle perspective, si elle se confirmait, ne serait pas sans danger pour la stabilité du pays. A douze mois de la fin du délai non révisable d’une année et démie consenti par nos partenaires et alliés de l’organisation sous-régionale pour ramener le Mali dans le giron démocratique, les autorités ont encore le temps de procéder à une nécessaire rectification. En s’attelant, de concert avec les forces vives du pays, à la mise en place de réformes consensuelles pour jeter les bases d’une démocratie forte, apaisée, porteuse d’espérance et reconciliée avec le monde.
Saouti HAIDARA
Source: l’Indépendant